Edvard Munch "La nuit étoilée" 1893
huile sur toile 108,5 x 120,5
Edvard Munch "La nuit étoilée" 1893
huile sur toile 108,5 x 120,5
Rédigé à 14:47 dans double je | Lien permanent | Commentaires (2)
Je me souviens de mon premier concert, j’avais 5ans ,
de
ce piano immense,
du pianiste qui me donnait l’impression de ne jouer que pour
moi .
Je me souviens de ses mains qui couraient sur les touches.
J’étais sur un nuage à l’écoute des notes qui s’envolaient,
c’était un
écrin de grâce,l’instant du monde.
Je sentais la vibration des étoiles, du
vent, de l’amour,
la pulsation de la vie qui nous entoure, nous nourrit.
Instant d’éternité .
La musique m’a donné des ailes.
Rédigé à 11:59 dans double je, Musique | Lien permanent | Commentaires (6)
Vous souvenez-vous d’Isadora Wing,
l’héroïne du «Complexe d’Icare» dont on
fête le quarantième anniversaire de sa parution en ce mois d'août.
"Ouvrir le cerveau d’une femme et montrer ce qu’il y a dedans": tel était le
but d’ Erica Jong, lorsqu’elle écrit en 1973 ce roman érotique féministe
traitant de la libération sexuelle. A sa sortie, le livre est loué par Henry
Miller, qui le qualifie de "Tropique du cancer au féminin"et qui prédit dans la préface que " ce livre fera date dans l’histoire de la littérature
et que grâce à lui, des voix vont s’élever parmi les femmes pour rompre le
silence des siècles et nous donner de grandes sagas débordantes de sexe et
d’amour, de vie et d’aventure "
Erica Jong écrit sans fausse pudeur , avec humour, simplicité ,sans exhibitionnisme. La crudité de sa prose et la franchise de ses pensées étaient encore
relativement inhabituelles de la part d’une jeune femme, au début des années
70.
J’ai le livre sous les yeux il débute ainsi :
1 Où il est question d’un congrès du rêve et de baiser sans effeuillage.
Ils étaient cent dix-sept psychanalystes sur ce vol Pan Am à destination de
Vienne. Cent dix-sept, dont au moins six m’avaient soignée, sans parler d’un
septième que j’avais épousé. Cela dit, Dieu sait si c’était à l’imbécillité de
ces jivaros rétrécisseurs de psyché ou à ma nature et à sa splendide
imperméabilité à la psychanalyse que je devais d’avoir encore plus peur
maintenant, si possible, de l’avion qu’au début de mes aventures
psychanalytiques, quelques treize années plus tôt.
Au moment du décollage, mon mari avait posé une main de thérapeute sur la
mienne en disant :
_ Ma parole, c’est un vrai glaçon !...
J’avais pris plaisir à
lire ce livre, j’ai continué avec " La planche de salut " et quelques
autres dont
" La peur de l’âge ", je me souviens des débats
passionnés que ces livres ont suscités, période d’introspection, de changement, d’émancipation.
J’ai été une de ces féministes qui rêvait d’un autre monde, qui n’acceptait pas
d’être objet, mais sujet, qui se voulait différente et ne se coulait pas dans
un moule formaté depuis tant de temps. Alors j’ai fait ma propre révolution, je
me suis mise en accord avant tout avec moi, j’ai appris que l’on pouvait être
objet tout en étant sujet… et qu’aimer la vie, les autres, était la chose la plus
importante et la plus difficile aussi.
Erica Jong a 71 ans et après trois divorces vit mariée depuis 25 ans avec le même homme.
Rédigé à 12:45 dans double je, Livres | Lien permanent | Commentaires (1)
Goûter le soleil qui transperce l’opacité au travers d’une façade
palladienne, se remplir de Schubertiades, caresser Maillol en s' illuminant de
Matisse, se regarder dans les Menines, tirer les rideaux avec Balthus, mettre
du persil avec le foie gras et laissez craquer le caviar rond et vert sur la
langue, laisser Rilke se répandre sur les murs blancs, courir dans les greniers
avec le Grand Meaulnes, reprendre la main d’Anna Karenine en lui fredonnant "la ci darem la mano" dans une chambre bleue et or de Bernard Faucon, reprendre
souffle dans les lavandes de Sénanque en rêvant des roses des îles Borromées , présumer
de la victoire du jour aux senteurs naissantes des sous-bois embrumés de
Chenonceau, laissez entrer doucement la lumière du Tintoret en écoutant la
Pastorale de JSB ,
reprendre du fromage, il reste du vin !
Ce texte n’est pas récent, il figure sur mon blog, mais en le relisant, et avec
l’association de quelques lignes de Jean Grenier extraites de « Les Iles Borromées » j’ai repris souffle.
" Puisqu’il m’est impossible de vivre le long des rocailles et des
balustres du lac Majeur,que je fasse
en sorte de leur trouver de glorieux
substituts !
Quoi donc ? Et bien, il me semble que, partout où ils se trouveront, le
soleil, la mer et les fleurs seront pour moi les îles Borromées ; qu’un
mur de pierres sèches, défense si fragile et si humaine suffira toujours pour m’isoler,
et deux cyprès au seuil d’un mas pour m’accueillir…
Une poignée de main, un signe d’intelligence, un regard… Voilà qu’elles seront __si
proches, si cruellement proches __ mes îles Borromées."
(Paysage gruissannais JP A. )
Rédigé à 00:12 dans double je, Jean Grenier | Lien permanent | Commentaires (7)
Aujourd’hui pas d’image, de poème, de souvenir de voyage.
J’écris peu, je lis peu, j’écoute peu de musique, je réfléchis beaucoup.
Top de chamboulement, la maladie qui est venue sournoisement s’infiltrer dans
la vie de tous
les jours ne m'en laisse
guère le temps.
Je dois m’adapter à toutes ces modifications, faire face au surcroît de tâches
qui m’incombent.
Mardi dernier, difficile entrevue avec le médecin, après tous les examens récents un diagnostic a pu enfin être
posé, mais aucun traitement n’existe à ce jour, cette machine extraordinaire qu’est
le cerveau ne remplira plus son rôle comme auparavant, une des conséquences
liées à l’âge.
Stimuler, insister, même si le cerveau dit non, partager au jour le jour ce qui
est encore possible de partager.
Je me sens vulnérable, difficile de décrire ce que je ressens, évacuer le trop
plein de larmes.
J’aimerais pouvoir vous dire le degré de mon désarroi, la tristesse intérieure
qui est mienne.
Mais je me dois d’être forte, je sais que tout deviendra de plus en plus
difficile, que l’on ne guérit pas de cette maladie, qu’il me faudra donner
beaucoup, qu’il y a un début et une fin pour toute chose, que nous devons
continuer notre route de la
manière la plus sereine et la plus aimante pour ce temps qui nous est donné à vivre encore ensemble.
*Etre privé d'espoir, ce n'est pas désespérer.
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe
Rédigé à 19:29 dans double je | Lien permanent | Commentaires (7)
J’aime ces journées d’été, ces moments qui s’étirent dans
une élasticité du relâchement .
Ces journées comme une grande parenthèse,un soupir, une page blanche.
Oublier les jours, les heures, les rendez-vous, quitter la course folle,
appuyer sur pause,
l’esprit vide, l’œil aux aguets.
Faire provision de soleil, de temps,place à la douceur de vivre, sortir du cadre, savourer.
Un brin de couleur dans le décor, les bleus du ciel et de la mer, du rouge et
du vert dans l’assiette,
la fraîcheur d’une fontaine, un plouf dans
la piscine.
L’été est là et avec lui son cortège de plaisirs simples.
Le regard
s’ouvre, s’enhardit, prend de l’ampleur et embrasse le monde
alentour,
entraînant l’ esprit à vagabonder vers des contrées oubliées, faisant
du hors piste,
enchaînant les pensées, des plus futiles aux plus profondes,
sans but, sans entrave, sans interdit.
L’esprit s’étire, s’aère, se régénère, viennent alors les idées, les envies,
l’arrivée tant attendue
dans le champs des possibles.
Et, si nous n’avons pas par blogs interposés les odeurs d’été, celle de la
crème à bronzer,
des embruns sur la peau, nous avons nos mots, nos sourires,
toute la générosité que l'on peut.
Rédigé à 10:26 dans double je | Lien permanent | Commentaires (4)
Rédigé à 00:07 dans double je | Lien permanent | Commentaires (6)
Le monde est un vaste pays inconnu que l’on contemple depuis
les terrasses.
On choisit les chambres avec vue, celles qui donnent sur la
mer, même si l’on sait que la mer ne se donne pas. On l’entend crier derrière
les volets : elle est la gorge de la nuit, la voix qui ne parle pas, la récitation
muette des lointains, la causerie assourdie du silence, une belle alliance de
mot posée comme un emplâtre sur le vide de la langue…
Elle ne dit rien, ne délivre pas de leçon. Et pourtant il convient d’y prêter l’oreille. Ecouter ce bruit vide n’est que vivre et se tenir en soi : habiter sa propre pâleur, avec ce curieux désirs de couleurs qui démange, qui agace, ce goût de sucre que laissent dans la bouche certains mots.
L’infini nous colle aux paupières et nous fait un visage enfariné de clown.
Jean-Michel Maulpoix, in "Une histoire de bleu"
Poésie/Gallimard
La mer est un livre d'images,me voilà en pleine rêverie, j'y
suis...
Et pourtant je ne la verrai pas cet été…
Ce blog durant la période estivale va prendre un peu le large pour ne pas s’essouffler.
La publication des billets sera très irrégulière.
Je vous souhaite à tous un bel été !
Rédigé à 12:38 dans double je | Lien permanent | Commentaires (7)
Il est des jours où écrire devient vital . Il est des peines
qui ont besoin d’être dites quand autour de soi la vie s’éparpille et n’est
plus et ne sera plus la même.
Il est des douleurs qui paraissent anodines mais quand la vie s’amuse à les
mutiplier il ne reste que les mots pour exprimer ce que je ressens.
Dommage, je me censure trop par pudeur, au fond de moi il n’y a que cris muets,
larmes refoulées, non-dits.
Hier une nouvelle étape a été franchie, un pas de plus vers cette issue sans
retour.
Aussi ce matin en recevant un message d’une lectrice que je remercie, que je ne connais pas, et qui m’écrit ceci :
Je voulais juste te laisser un petit mot, comme ces bouteilles jetées à la
mer.....on ne sait d'où elles viennent et qui prendra ses mots....
Après plusieurs années maintenant, ta page est encore une
grande source d'espoir intérieure et d'espoir tout court.
Avec toutes mes tempêtes personnelles, mes larmes, j'y
ai trouvé et y trouve encore tellement de réconfort et de questionnement
intérieur.
Même si moins assidue, chaque fois que je vais lire ta page,
j'y trouve une ancre....l'ancre de mon propre bateau attachée à un port qui
n'est pas le mien.Les vies de tout un chacun se rejoignent à quelque part,
dans toutes nos vies si lointaines et proches en même temps...
Je me dis que je n’ai pas le droit de flancher, qu’il me faut continuer à croire que tout est possible, que les mots continueront à me donner force et courage pour les temps à venir, que ce blog a lieu d'être, même si parfois des portes se ferment.
A mon tour je jette une bouteille à la mer !
Rédigé à 14:59 dans double je | Lien permanent | Commentaires (16)
Rédigé à 13:03 dans double je | Lien permanent | Commentaires (2)
Rédigé à 14:40 dans double je | Lien permanent | Commentaires (14)
Un petit pincement de bonheur en lisant ce bel hymne à la mer ici
qui me touche et dans lequel je me retrouve.
En écho ce billet ancien toujours d'actualité et que je ne saurais mieux écrire aujourd'hui.
Ne cherchez pas où se situera ma prochaine escapade...les vacances approchent !
Quand venait l’heure d’aller vers le Sud j’en avais des
pincements de bonheur. J’allais retrouver les criques, les poulpes, les
oursins, les étoiles de mer, les pinèdes au-dessus des rochers, les aloès, je
souhaitais que l’été ne finisse jamais.
Le
rituel se répétait chaque année, nécessaire et délicieux, le voyage commençait
à la tombée de la nuit dans ce train qui traversait la France pour aller droit
vers la mer, terminus Saint-Raphaël.
Je me rends compte que mon amour pour la mer n’a été qu’une suite de retours et
de voyages du bout des terres.
Cet espace rêvé, une géographie sentimentale dont la vraie puissance tient à ce
que je n’y sois pas toujours. Il y a un secret, nous nous faisons tous une
image, celle qui continue à être le secret d’un rêve qui confronte opulence et
sècheresse, mesure et démesure, bonheur et tragédie.
Scintillement de ses légendes, nostalgie d’un paradis d’enfance où j’ai été
heureuse sans savoir exactement pourquoi, ni comment, sauf à tenter de décrire
la chambre que j’occupais, la plage où je jouais, la vue de la terrasse,
l’heure la plus favorable, les parfums, le passage des ombres sur les murs, la
mer toute proche et la chaleur des journées conservée dans la pierre, la nuit
venue.
De cette mer Méditerranée, de ce pays intime, de cette rencontre avec soi, dans
la lumière du soleil, dans le jeu des vagues, miroir de l’âme, de l’imaginaire
et de l’inconscient, mes pincements de bonheur sont toujours présents
quand je la retrouve cette mer !
Rédigé à 17:18 dans double je | Lien permanent | Commentaires (5)
"Je n’ai pas peur, j’ai seulement le vertige."
René Char
Quelques mots à bâtons rompus dans cette grisaille ambiante alors que je
ne rêve que de soleil,
de ciel bleu pour égayer la monotonie des jours où rien
ne se passe en dehors des tâches quotidiennes
et des surprises désagréables.
Que d’eau, que d’eau,fuite à une canalisation intérieure, le plombier vient d’arriver
pour résoudre
ce problème, sans oublier les deux fuites dans la piscine ,l’une
à la bonde de fond, l’autre au skimmer, je vous laisse deviner l’ampleur des
travaux, chantier venant gâcher toute l’harmonie du jardin alentour.
Maintenant que tout reprend forme il pleut , il pleut !
Un peu de lassitude, même s’il y a eu des moments plus que chaleureux, l’anniversaire
de Noé,
la visite d’une amie qui a fait le déplacement depuis Chambéry pour me
remonter le moral,
l’ambiance plus que sympathique du mardi soir à l’atelier d’écriture,
un petit dîner gastronomique
qui a mis les papilles en éveil, et la présence
précieuse de mes enfants toujours prêts à venir en
aide sans rien leur
demander.
Et puis vos mots chaleureux et bienveillants !
Parfois, je me sens vraiment seule, quand dans ma vie le vertige me prend, quand
plus rien ne ressemble à avant, quand même les rêves ne suffisent plus, le fardeau est trop lourd.
Rédigé à 12:08 dans double je | Lien permanent | Commentaires (1)
Nicolas de Staël "Antibes" 1954
"Le rêveur ! ce double de notre être, ce clair-obscur de l'être pensant"
Gaston Bachelard
Pour avancer droit devant elle la pensée à besoin de bifurquer sans cesse,
de s'aventurer dans les chemins traversiers,
de faire halte dans des clairières plus ou moins ombragées.
Là elle renouvelle son énergie, retrouve élan , sagesse enjouée, saveur.
La rêverie m'est vitale dans ces moments où tout est, devient difficile,
besoin de ce grain de folie douce de la pensée buissonnière !
Rédigé à 17:33 dans double je | Lien permanent | Commentaires (2)
”Il existe je ne sais quel composé de ciel, de terre et
d’eau, variable en chacun, qui fait notre climat. En approchant de lui, le pas
devient moins lourd, le coeur s’épanouit…"
Jean Grenier, in " Inspirations
méditerranéennes"
Je suis à la joie d’aller vers la
mer. J’ai hâte de la retrouver, de
plonger mon regard dans la vague
bleue " toujours recommencée ".
Joie comme celle d’une enfant qui arrive en courant sur la plage et se met à jongler
avec
les coquillages, les nuages et les bulles de soleil, qui prend une poignée
de sable, la laisser
couler entre ses doigts comme on laisse couler le temps,
minute d’éternité.
La mer pour moi est ce cadeau, elle est ce temps hors du
temps, elle est gardienne des secrets
fragiles de la vie à réinventer à chaque
fois.
Elle est cette joie qui ne s’estompe pas mais reste intacte,
elle est promesse d’éblouissement,
de ravissement . Elle est saveur, étrange mélange de
puissance et de douceur, elle éblouit comme
happe et frappe la beauté dans un admirable presque rien.
Elle
est flamboiement d'eau vive, élan d'un coup de vent.
A bientôt, je vous enverrai des cartes postales !
Rédigé à 16:55 dans double je | Lien permanent | Commentaires (2)
Le printemps tarde, il fait gris et frais pour la saison, dans le Sud en
me référant à la météo
à venir il va faire beau, doux,et peut-être un peu de pluie.
Choisir les vêtements à mettre dans la valise pour l’escapade méditerranéenne
devient un vrai casse-tête.
La solution…
Ranger mon placard par exemple.
Mais un placard est une source de labeur infini, une garde robe est un
véritable
album souvenirs à elle toute seule, mais aussi une infirmerie si l’on
considère le rangement
comme une psychanalyse.
Il y a les vêtements, ceux pour la nouvelle saison encore jamais portés, choisis
souvent
un jour où on avait envie de remettre le miroir dans sa poche.
Il y a les habits que l’on conserve parce qu’ils rappellent un moment
important,
un premier baiser peut par exemple sauver la vie d’un tailleur démodé,
un parfum sur une robe rappeler un panier de pétales de rose,
un champ de coquelicots qui danse dans le vent,
le petit pull rayé marine et blanc qui se moque des époques et évoque les jours joyeux
du bord de mer.
Le ciré est là, il me tend les bras et refait son cinéma,
prêt pour
regarder la mer, ce miroir qui ne sait pas mentir.
crédit photos Chris Ewerard
Rédigé à 14:57 dans double je | Lien permanent | Commentaires (4)
Rédigé à 12:41 dans double je | Lien permanent | Commentaires (13)
Rédigé à 16:21 dans double je | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé à 17:39 dans double je | Lien permanent | Commentaires (4)
Edward Hopper "South Carolina morning" 1955
Sur la photo elle portait une robe rouge...
Elle est là, ses pensées la transportent en elle-même, elle essaie de
retracer le voyage sur le papier, en écrivant lentement elle laisse les
souvenirs remonter à la surface de la page blanche, elle pense à tous
ces êtres qu’elle a aimés, ils sont un morceau d’elle, soudain les voici
ombres, s’éloignant dans le bleu .
Tout se délie, se dilue, se délite, c’est sûrement dans l’ordre des
choses sans quoi chacun de nous mourrait de son premier chagrin d’amour,
à sa première blessure, à sa première trahison.
Naître pour mourir et mourir pour renaître, à la fois superbe et
effrayant, sur cette ambivalence couleur de désarroi, les religions
raflent la mise.
Quelque chose se rejoue, qui fait trembler, on enrage, on s’émeut, on perd courage, on n’a pas demandé à naître.
Elle préfère oser de son vivant plutôt que la promesse d’un après, mais
tout va trop vite. Elle sait qu’on ne trouve pas l’amour, on le
retrouve, et si on le retrouve, c’est qu’on l’avait perdu. On a peur
quand on le rencontre, parce qu’on connaît la fin. On avance pourtant,
on y va, plus on avance, plus on oublie, le présent est une lame de
fond…
En parlant de naissance tout lui parle de sa mère, peut-être n’aime-t-on
jamais que pour ramener sa mère, peut-être ne pense-t-on jamais que
pour comprendre sa mère, peut-être n’écrit-on jamais que pour toucher sa
mère, ou la quitter enfin.
C’est elle, sa mère qui avait cousu la robe rouge, les souvenirs ces
vieux bouts d’épave, ces débris de naufrage ont ressurgis avec force.
Sa mère était née un dix huit mars.
Rédigé à 11:17 dans double je | Lien permanent | Commentaires (6)
Rédigé à 10:44 dans double je | Lien permanent | Commentaires (3)
Je suis une boulimique de livres, alors j'en achète dès qu’un
sujet m’intéresse ou que j’ai aimé l’écriture
de l’auteur avec l'envie folle de les lire de suite, mais pour une raison que
je ne maîtrise pas, peut-être pour
garder intacte cette promesse d’émotions...
j'attends...un peu comme...
"Le vrai voyageur ne doit pas avoir d’objectif " lu en exergue
dans La montagne de l’âme(Gao Xingjian)
Les livres deviennent un trésor, vous savez ces trésors enfouis dans un vieux coffre, je les feuillette,
les redépose, hésite, puis choisis.
Alors commence mon
histoire avec le livre, drôle d'aventure qui me mène souvent dans des contrées
enfouies, occultées volontairement et qui soudain sont là précises dans
l'instant.
Mais peut-être ne devrait-on pas lire les livres mais
seulement imaginer leurs sinueux voyages en les prenant dans la main, en
sentant leur odeur, en plongeant dans la texture du papier, en savourant la
chanson, la sentence ou la plainte de leur titre...
Avec l’âge je deviens de plus en plus sélective, j’aime relire les livres, ceux que j’ai
anotés, me laisser surprendre à nouveau et y découvrir de nouveaux
trésors, accoster sur une île à la manière d'un Robinson Crusoé.
photo:© Lienhard Schulz « Der moderne Buchdruck »
de Scholz & Friends, sculpture visible à
Berlin
Rédigé à 12:31 dans double je | Lien permanent | Commentaires (7)
Quelle farceuse la lune quand elle est pleine. Hier encore à la tombée du jour
elle est venue dans l’encadrement de la fenêtre de mon bureau s’amuser à me
faire signe entre les branches des arbres dénudés de l’hiver.
Joueuse je lui ai offert un de ces moments de grâce, une envolée musicale, un
clair de lune de Debussy en écho,et comment mieux conjuguer ces instants où tout s’apaise
autour de vous, où la rencontre avec la musique devient magique, qu’en s’imprégnant
avant de tomber dans les bras de Morphée d’un peu de prose poétique.
Ces « Chemins et rencontres »
de Hofmannsthal , qui dépeignent si bien ces moments de grâce, le moi arraché au
rythme du quotidien et plongé dans un état magique qui ne doit rien à la
volonté. Il y a du divin dans ces instants
"Il est certain que nous ne sommes pas simplement poussés en avant des
méandres de notre
chemin par nos simples actions mais que nous sommes attirés
par quelque chose qui semble
toujours
nous attendre quelque part et reste toujours caché.
Il y a , dans notre marche
en avant, quelque chose du désir amoureux, de la curiosité de l’amour,
même
quand nous recherchons la solitude de la
forêt ou le calme des sommets ou une plage vide
sur laquelle vient s’échouer la
frange argentée d’une mer bruissante.
Il y a quelque chose de très doux dans toute rencontre solitaire, même s'il ne s'agit que de
la rencontre avec un grand arbre isolé ou un animal de la forêt, qui sans bruit s'arrête et nous
fixe dans l'obscurité.
Je crois que la vraie pantomime érotique,dans ce qu'elle a de décisif, ce n'est pas l'étreinte
mais la rencontre. À aucun autre moment le sensuel n'est aussi chargé d'âme et la part d'âme aussi
sensuelle que dans la rencontre. Tout est alors possible, tout est en mouvement, tout est dissous.
Il y a là une attirance réciproque, vierge encore de convoitise,mélange naïf de confiance et de crainte.
Il y a là quelque chose de la biche, de l'oiseau, sombre animalité, pureté angélique, présence du divin…
…Ce quelque part, cet incertain pourtant animé par la force du désir…
…La rencontre promet davantage que ne peut tenir l’étreinte.
On dirait, si je peux m’exprimer ainsi, qu’elle ressortit à un ordre supérieur
des choses,
cet ordre qui fait se mouvoir les
étoiles et féconde les pensées..."
(Rivage poche/petite bibliothèque 396 page 42)
Rédigé à 11:47 dans double je | Lien permanent | Commentaires (2)
J’avais préparé ce matin un billet un peu triste parlant de mon passage à
vide .
Au moment où j’allais le mettre en ligne il m’a été suggéré de trouver des
mots finissant
en …eur.
Le premier mot venu fut « bonheur »
A l’heure du café je me suis amusée et voilà le résultat
Passeur de mots rêveurs,
Explorateur du cœur sans tiédeur
Charmeur, séducteur dans l’âme
Joueur, rieur,
Prenant de la hauteur avec ferveur
Allumeur de bonheur avec douceur,
Chaleur, ardeur, splendeur,
Aux couleurs et senteurs des fleurs .
A Vous !
Rédigé à 14:59 dans double je | Lien permanent | Commentaires (9)
Il y a des jours où la vie vous sourit, un rayon de soleil,
un coin de ciel bleu et sans autre raison la grisaille, les soucis s’estompent
pour quelques instants. Et bien que le froid soit encore bien vif l’on sent que
le printemps approche, les oiseaux commencent leur chant d’amour, les premiers
bourgeons apparaissent.
Ces derniers jours ont été particulièrement riches en surprises,
"Je n'ai jamais aimé être surpris. Quand il m'arrive quelque chose, je préfère
être là." (Camus)
Moi, j’aime les surprises, j’étais bien là à découvrir paquet et enveloppe que le facteur déposaient
contre signature.
Et j’allais de surprise en surprise, les yeux pétillants de
gourmandise, des dates à retenir.
Une de ces surprises reçue hier pour ma participation et réussite à un jeu sur
la toile est cette
aquarelle qualifié de gribouillis par l'artiste,qui elle aussi m’évoque le printemps par ses
couleurs,
sa fraîcheur, sa luminosité méditerranéenne.
En effet je suis joueuse, j’aime les quiz, littéraires, peinture.
Là il s’agissait
de trouver le nom des peintres, une
douzaine, qui tous sont addicts au noir sur leurs toiles. Le gain du jeu était
annoncé avec humour, par l’auteur du jeu, le même que celui qui a signé l’aquarelle
et dont j’aime les toiles :
" Trois jours chez soi "
Rédigé à 11:57 dans double je | Lien permanent | Commentaires (7)
Neuf bougies, neuf .
Neuf ans c’est long et court en même temps
Neuf ans et tant de choses se sont produites dans ce laps de temps.
Neuf bougies… bel anniversaire pour l’objet en question : le blog.
Neuf bougies égarées dans les méandres de la toile.
Un coup de vieux. Une certaine lassitude ? Pas vraiment.
Une histoire, oh, une simple histoire de rencontres,
de voyages dans les mots, une promenade dans le jardin des pensées.
De belles rencontres, des lecteurs sympathiques, chaleureux,
des lecteurs éphémèrement sympathiques et chaleureux.
Des voix que je n’entends plus et qui me manquent.
Des sourires évaporés dans le cosmos de la toile.
Mouvement perpétuel, entre allées et venues.
Relations qui se nouent et se dénouent,
engouement d’un moment.
Et plein de plumes légères, comiques, poétiques, graves, avisées…
Toutes taillées avec soin pour l’échange entre deux mots.
Entre le vide et le plein, le léger et le dense, le vivant et le souffle.
La vie qui va, la vie qui bat, la vie qui évolue.
Ne rien attendre, tout prendre.
Profiter de la belle lumière de février
Enfilez mes bottes et faire quelques pas
Et peut-être vous rencontrer !
Ah, j’allais oublier l’essentiel !
Merci à vous mes lecteurs passés et présents, fidèles et occasionnels,
c’est avec vous que s’est écrite, que s’écrit l’histoire de ce blog.
Rédigé à 14:48 dans double je | Lien permanent | Commentaires (28)
Dans le portrait de femme consacré à Lou je terminais en
évoquant la psychanalyse.
Je me suis souvenue de ce très ancien billet et de mes séances d’analyse,
moments intenses dans ma vie où d'acteur je suis devenue "Je"
Analyse qui a ouvert bien des portes que je croyais
fermées.
Souvenirs où se mêlent des moments intenses
de douleurs et de joies,
combat où la vie acquiert son titre de noblesse et s’écrit
en majuscule.
Où, quand ,comment ?...
Ces mots résonnent, souvenirs d’une séance d’analyse où les questions s’entrechoquent.
Où les désirs s’expriment, ceux qui sont en moi inavoués,les laisser venir, les entendre se dire.
Prendre peur de leur force, se laisser submerger par eux, réfléchir, se mettre en accord avec eux.
Apprendre ce que je suis, avec mes mots à moi, mes
tâtonnements, mes interrogations,
mes émerveillements, mes questions girouettes,circulation
dans mon passé.
Inventer l’irréel, réaliser l’irréalisable.
Devenir moi.
Rédigé à 18:30 dans double je | Lien permanent | Commentaires (9)
"
Ose tout, n’aie besoin de rien. » Lou Andréas Salomé
Cette femme me fascine encore, la compreneuse comme l’appelait
Freud.
De Saint -Pétersbourg à Göttingen elle ne cessera de promener sa beauté dans
les décors de la Mitteleuropa.
J’aime son parcours, âme ardente et passionnée, muse radieuse d’une grande exigence
intellectuelle, éprise de liberté et d’indépendance.
Les hommes pour qui elle sera un éblouissement et une torture se nomment
Rainer Maria Rilke, Friedrich Nietzsche, Sigmund Freud.
Les lieux où elle les rencontre sont Rome, Bayreuth, Berlin, Paris, Moscou, Saint Pétersbourg, Vienne ou Munich.
Itinéraire ...
Elle jette l’émoi dans le cœur du pasteur Gillot qui lui donne le surnom de
Lou.
Il y a Paul Rée,mais pour
l’heure il n’y a eu que trois amours dans sa vie.
Dieu, son père et Gillot et
quiconque ne porte sur lui une parcelle de divinité ne peut faire son entrée
dans sa vie.
Nietzsche s’embrase pour elle en la rencontrant
"De quelles étoiles
sommes-nous tombés pour nous rencontrés"
Puis l’inattendu survient, Lou se marie, mariage purement fraternel avec celui
dont elle porte le nom d’Andréas, un spécialiste des langues orientales.
Et enfin celui qui lui ouvre les portes d’un amour complet, Rilke le poète aux
yeux mauves.
Rilke devient le maître de ses nuits.
Elle écrira : "L’amour
vint sans défi ni sentiment de culpabilité, un peu comme l’on découvre quelque
chose de béni par lequel le monde devient parfait."
Elle les a inspirés, envoûtés, éveillés et rendus à eux-mêmes.
Elle a rencontré Nietzsche à vingt ans,Rilke à quarante.
Elle a cinquante ans lorsque Freud traverse sa vie.
Elle sera sa disciple la plus fidèle et la plus lucide.
Elle est une des premières femmes à devenir psychanalyste.
"Le travail psychanalytique me comble tant que même si j’étais millionnaire,
je ne l’abandonnerais pas" écrit-elle dans une lettre à Rilke.
Durant vingt cinq ans elle écoutera les hommes, les femmes, des patients et ce, jusqu’à la fin de sa vie
Marque d’amitié ou de confiance, elle assurera la formation analytique d’Anna
la fille de Freud.
Dans sa maison de Göttingen où elle exercera jusqu’à sa mort ce métier qui la réconcilie
avec elle-même elle trouvera enfin une certaine quiétude. Elle qui fut sa première énigme.
Elle comprit que par la parole on peut sortir
des prisons de solitude à l’intérieur desquelles chaque vie
se trouve enfermée.
"Je voulais remercier particulièrement la psychanalyse parce qu’elle
exige plus qu’un travail solitaire à un bureau, et parce qu’elle m’a menée à
une sorte de fraternité. Ce qui la rend si vivante, c’est qu’elle n’est pas un
mélange obscur de science et de sectarisme, mais bien plutôt le haut principe
de toute science, à savoir l’honnêteté qui est élevé à un principe de vie… "
(Discours conservé dans son journal qu’elle voulait prononcer à son départ de
Vienne en 1913)
Elle est partie avec dans les yeux, une flamme toujours
intacte.
Elle repose à Göttingen,elle l'amoureuse des hommes, au côté de celui qui fut son unique mari.
Sa vie fut un hymne...
" La vie humaine.
Ah! La vie tout court, est poésie!
Inconscients de nous-mêmes, c'est nous qui la vivons,
jour après jour, et fragment par fragment,
mais dans son inviolable intégrité,
c'est elle qui nous vit,
c'est elle qui nous mène! ".
Lou Andréas Salomé
inspiré de mes lectures de:
Lou Andréas Salomé, Rilke, Nietzsche, Freud
Rédigé à 18:48 dans double je | Lien permanent | Commentaires (5)
Les images ont toujours un peu d ‘avance sur moi, elles
savent ce que je cherche.
Dans l’instant où elles émergent elles contiennent tous les temps, elles les
résument.
Ecrire l’image, les mots qui la saisissent s’ajustent, ils sont sa seule
réalité.
Elle n’a pourtant pas plus d’éternité qu’une pensée cousue de naissance et de
trépas.
Chaque bruit, chaque parfum, chaque image est à changer, pour embellir, atténuer,
amortir douleur et désir, envelopper la mémoire entourée par les ombres qui demandent
pourquoi.
Je me sépare de mes doutes en traçant sur le papier blanc des signes noirs.
A combien de chagrins et de désirs faut-il mourir, pour avoir enfin la
sensation de naître ?
L’image est là.
C’est l’évasion dans l’entre-deux du bleu et de l’azur vers le large.
Confronter
mes rêves à des réalités inédites, me guider dans les couloirs de l’univers,
rencontrer des bourrasques, des typhons, de multiples corps et regards, des
brises,
des parfums,des ressacs.
L’image est vent, sable, mer, océan, désert, nuage, elle entre en moi.
Dans le repli des mots se construit une lente traversée de
la pensée à l’image.
Je suis dans ce temps infime, entre rêve et réalité.
Je
nais à une chose que je ne sais nommer, mais qui te ressemble.
Rédigé à 11:29 dans double je | Lien permanent | Commentaires (9)
Rédigé à 11:37 dans double je | Lien permanent | Commentaires (14)
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