Goûter le soleil qui transperce l’opacité au travers d’une façade
palladienne, se remplir de Schubertiades, caresser Maillol en s' illuminant de
Matisse, se regarder dans les Menines, tirer les rideaux avec Balthus, mettre
du persil avec le foie gras et laissez craquer le caviar rond et vert sur la
langue, laisser Rilke se répandre sur les murs blancs, courir dans les greniers
avec le Grand Meaulnes, reprendre la main d’Anna Karenine en lui fredonnant "la ci darem la mano" dans une chambre bleue et or de Bernard Faucon, reprendre
souffle dans les lavandes de Sénanque en rêvant des roses des îles Borromées , présumer
de la victoire du jour aux senteurs naissantes des sous-bois embrumés de
Chenonceau, laissez entrer doucement la lumière du Tintoret en écoutant la
Pastorale de JSB ,
reprendre du fromage, il reste du vin !
Ce texte n’est pas récent, il figure sur mon blog, mais en le relisant, et avec
l’association de quelques lignes de Jean Grenier extraites de « Les Iles Borromées » j’ai repris souffle.
" Puisqu’il m’est impossible de vivre le long des rocailles et des
balustres du lac Majeur,que je fasse
en sorte de leur trouver de glorieux
substituts !
Quoi donc ? Et bien, il me semble que, partout où ils se trouveront, le
soleil, la mer et les fleurs seront pour moi les îles Borromées ; qu’un
mur de pierres sèches, défense si fragile et si humaine suffira toujours pour m’isoler,
et deux cyprès au seuil d’un mas pour m’accueillir…
Une poignée de main, un signe d’intelligence, un regard… Voilà qu’elles seront __si
proches, si cruellement proches __ mes îles Borromées."
(Paysage gruissannais JP A. )
Les commentaires récents