Nouvelle saison, nouvelle garde-robe, rien de plus étrange que la mode qui
nous fait vouer aux gémonies ce qu'hier nous adorions !
Pourtant en quelques
décennies, la mode et ses alluvions, les fameuses "tendances" ont
imposé
leurs diktats, leur rythme, successions ininterrompues de ruptures,
d"adhésions et une certaine
manière de penser où la marque fait figure de
concept.
Mouvement infernal où vivre consiste à se défaire d'une chose pour en acquérir
une nouvelle où l'on
se sent poussé en avant dans un désir nécessairement
inassouvi de se singulariser, nouvelle manière
de façonner son identité.
Le choix des vêtements, des accessoires, moyen pour devenir soi-même ?
Quête qui s'exerce dans le jeu du regard que les autres portent sur nous.
Mais l'autre étant lui-même pris dans ces simulacres, le risque est grand
que ces miroirs si flatteurs volent en éclats nous révélant comme le petit
enfant dans le conte d'Andersen, notre nudité.(Les habits neufs de l’Empereur)
C'est peut-être là, ce qui pourrait nous soustraire à cet engrenage cruel.
Si le corps est lui-même menacé dans son intégrité et sa représentation par la
volonté de le rendre conforme à ses modèles, la nudité garde sa part de
sincérité et de mystère.
La tricherie et les masques s'y abolissent dans l'échange prolongé d'un regard,
la pression d'une caresse, secret partagé entre l'âme et la peau.
"Le roi est nu"
illustration Parastou Haghi
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