"Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa
vie n'aura que l'âge de ses regrets
et tous les soupirs du monde ne sauraient
bercer son âme"
Yasmina Khadra
Hier un temps pour aller au cinéma, je n’ai pas su résister
à l’envie de voir ce film dès les premières représentations, j’aime bien me
faire ma propre critique sans me laisser influencer. Donc à 17 heures me voilà
installée devant l’écran d’une salle de cinéma, peu de monde presque une
projection privée.
Un livre permet à l’imaginaire de se créer ses propres images, les miennes
étaient très fortes parfois à la limite du supportable, le film avec la beauté de
ses images, sa lumière, a estompé les miennes.
C’était une autre lecture tout aussi juste, différente.
Les champs de blé frissonnants sous le vent, scène magnifique du début du film
qui comme dans le roman ouvre sur cette fresque de l’Algérie coloniale des
années 1930 à son indépendance.
Le feu, les cendres, violences, trahisons, déchirures, amitiés qui se
disloquent, s’entrechoquent, amour, chaque personnage donne chair au chaos d’une
époque.
Et puis comment ne pas être sensible en revoyant là sur l’écran Tipasa avec en écho les mots de Camus extraits
de Noces
« Au printemps, Tipasa est habitée
par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la
mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes comme des
fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres... »
Les fleurs sont omniprésentes dans le film, les paysages somptueux,de la vie,
de la joie, de l’insouciance, de l’amitié, de l’amour, de la haine, de la
tristesse, et cette immense douleur.
Bien que la puissance des mots du livre de Yasmina Khadra soit plus forte, j’ai
aimé la lecture plus cinématographique qu’en a faite Alexandre Arcady.