Comme chaque semaine ses pas la conduisent de l’autre côté du fleuve, elle marche le long des quais, croise les passants sans les voir, elle a rendez-vous dans cette maison d’où l’on peut entendre le bruit de l’eau, le passage d’un bateau.
Elle, elle se voit sur le " quai ".
Elle vient ici dans cette pièce où seuls quelques livres captent le regard, elle peut lire quelques titres : Dialecte du moi, L’homme à la découverte de son âme, Névroses de guerre, Le moi et le ça, Psychologie de l’inconscient, L’homme aux statues, Jocaste,…
Elle vient dire, se dire, se chercher avec des mots, extirper quelques cicatrices du brouillard de son enfance, reprendre goût à la vie, elle qui se sent anesthésiée du cœur.
Je m’arrête, relis les mots que je viens de tracer sur la page, que d’ambition à vouloir écrire un roman sur le décalage du désir entre deux êtres qui croyaient être au même diapason .
Mais écrire un roman sur ce sujet n’est pas sans douleur. Cela ressemble beaucoup à un bout d’analyse, gratouiller les plaies pour en extraire sous forme de mots la substantifique moelle de la souffrance.