Trois boutons de son corsage de soie ple sont dfaits. Trois, pas quatre.
Trois, pas un de plus.
Le premier, elle l’a dfait tout l’heure dans l’avion.
Pas vraiment. Elle a hsit venir jusqu’ la dernire minute, jusqu’ l’embarquement. C’est une folie, mais, maintenant, elle a envie de succomber ses folies. Son petit monde tranquille va en tre drang, peut-tre, mais elle en a autant peur qu’envie.
De lui, elle a un peu peur, il n’y a que quinze jours qu’ils se parlent, mme pas, qu’ils s’crivent ; où va-t-il m’entraner ? Vais-je lui plaire ?
Si elle tait raisonnable, elle ne serait pas venue ce rendez-vous parisien, mais, depuis quelque temps, elle a envie de tout, sauf d’tre raisonnable, elle a envie de mordre la vie pleines dents comme elle ne l’a pas fait depuis longtemps.
Elle l’a suivi avec dlectation dans son jardin de sduction, se disant je ne suis pas dupe de ses manoeuvres, mais toute prte nanmoins y succomber, tant il a su, inexplicablement, la charmer, l’envoûter.
Alors le premier bouton, elle ne l’a pas vraiment dfait, pas compltement ; elle l’a seulement dgag moiti de la boutonnire, lui a donn une semi-libert, et, quand elle a respir si profondment en le reconnaissant, tout l’heure l’arrive de l’avion., il s’est ouvert tout seul.
Le second bouton, c’est lui qui l’a dfait au bar de l’aroport. A peine avait-il commenc lui parler que dj sa main s’est pos sur son corsage, au vu de tous, et a ouvert cette boutonnire, d’autorit.
Sans doute a-t-il voulu ainsi signifier son dsir, marquer son empreinte peut-tre, mais, en faisant cela, il s’est mis sa merci, il lui a dit je rends les armes, fais de moi ce que tu veux. Il l’a fait sans vergogne, devant tous, publiquement, lui qui est si pudique.
Lui a toujours su qu’il viendrait ce matin. Si elle n’tait pas venue, il aurait compris, et n’aurait rien qumand, mais lui n’a jamais hsit.
Mais il sait aussi qu’elle attend trop de lui, qu’il ne saura sans doute pas lui donner tout ce qu’elle veut, qu’il la dcevra sans doute. Il ne connat mme pas le son de sa voix, il s’est interdit de lui parler, d’couter son rpondeur ; il a voulu garder cette surprise aussi intacte, la conjuguer avec la dcouverte de son allure, quand elle a franchi la porte tout l’heure et s’est dirige vers lui, elle si peu sure de sa beaut, elle si rayonnante. Ils ne se connaissent que par les mots, les messages changs en deux semaines, et le dsir qui montait en eux.
Le troisime bouton, elle a voulu tellement fort qu’il craque, elle a rassembl toute son nergie mentale en un faisceau dirig vers lui pour qu’il se dfasse.
Sa main lui n’a t qu’un instrument au service de son dsir elle.
Dans le parking de l’aroport, ds qu’ils ont t loin de la foule, il a voulu l’embrasser, elle s’est dgage en riant comme une enfant, en penchant la tte en arrire, elle l’a seulement laiss effleurer ses lvres, puis a oppos la barrire de ses dents ses tentatives. Ils savent tous les deux que ce moment est unique, et qu’il leur faut le prserver longtemps.
Ils savent que, quand, dans quelques heures, dans quelques jours, ils s’treindront et jouiront ensemble dans un lit d’htel, ce moment l aura disparu ; plus jamais par la suite ils ne sauront recrer l’attente lectrique, la magie sensuelle qui s’emparent d’eux maintenant. Et ils vont prolonger cet tat, le faire durer jusqu’ ce que l’attente leur devienne insupportable. Il l’a serre contre lui, debout, prs de la voiture, elle a senti son sexe dur contre elle, et elle a dit, allons.
Ils sont assis cte cte, le levier de vitesse importun entre eux. Il embrasse son cou maintenant, sa gorge, il se plonge dans cette ombre douce et opiace.
Elle a un soutien-gorge noir tout simple, dont il avait devin l’ombre sous le corsage. Dans l’entrebillement du chemisier, elle dvoile la rondeur blanche de ses seins. Quand elle se regarde nue dans la glace, elle les trouve trop petits, trop adolescents.
Lui sait qu’il va aimer ce galbe ferme et effront, qu’il va y promener sans relche ses lvres et ses doigts. Il plonge entre les deux seins, respire l’odeur de sa peau, s’en imprgne ; ses lvres bougent un peu, il ne parle pas, il butine, il caresse, sa langue dcouvre, palpe, savoure. Il caresse sa joue en aveugle, il a t ses lunettes pour mieux pouser la douceur de sa peau ; il ose une caresse sur sa poitrine, elle rit, il s’enhardit, caresse la pointe du bonnet, sent l’rection de son tton durci de plaisir.
Dgageant doucement le corsage, il l’embrasse travers la soie, le mordille doucement malgr ses protestations rptes. Il fait glisser son doigt sur la peau de son sein, pntre sous le bonnet noir, froissant la dentelle, et il referme sa prise sur son sein.
Elle respire plus vite maintenant, elle ne rit plus, le plaisir monte en elle. Un bruit de voiture, elle le repousse, clate de rire devant sa mine dpite, se rajuste un peu, lui prend le menton et l’embrasse enfin ; c’est elle qui l’embrasse pleine bouche, fourrant sa langue au fonds de sa bouche, le prenant, le suffoquant, mlant leurs salives .
Elle pose la main sur son pantalon, ils n’en peuvent plus de dsir, ils se figent et se regardent, le temps s’arrte.
Songe d'une nuit d't ...
j'ai anim la dernire sance de la saison de l'atelier d'criture, c'tait un soir où il faisait particulirement chaud, j'avais envie d'une vraie rcration ludique , un peu dans l'ambiance chaude de cette nuit d't,nous avons crit dans le jardin, alors les mots sont devenus un peu plus coquins que d'habitude...
ma proposition tait dbut de l'histoire:
Trois boutons de son corsage de soie ple sont dfaits.
Trois, pas quatre.
Trois, pas un de plus.
Le premier, elle l’a dfait tout l’heure dans l’avion
mots imposs:
folie,raisonnable,dsir,surprise,main,attente,noir,plaisir, temps
un grand merci mes amis d'criture de s'tre prts au jeu !
Trois, pas quatre, trois, pas un de plus...
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