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Enferme cet été dans une boîte de paille,
dans une tour de sable,
dans une étreinte de vent,
dans le calice d’un pavot.
Enferme le sans force.
Enferme le pour qu’il puisse de nouveau,
apparaître un jour où tu seras seul,
un jour d’hiver
apparaître comme un parfum,
comme un oubli.
Comme un signe salutaire.
Vlada Urosevic , La fin d'été
Que désire la poitrine de bronze
la mer enfourchant son beau coursier ?
Je ne veux pas que les rues soient si courtes
Je les veux profondes et pudiques
aussi longues et séduisantes
que des entrailles éparpillées au vent
Je veux seulement
juste pour un moment
caresser la blanche écume avec mon oqal
alors que j’appareille quelque part
sous une pluie maussade
voir mon pays affamé
s’éloigner de moi
fleur après fleur, arbre après arbre
voir la pauvreté, le patriotisme et l’égalité
des hublots du bateau
pendant que des oiseaux d’eau nonchalants
pondent sur mon chapeau
et allument ma cigarette tordue par le vent
Je ne veux ni d’un père agitant vers moi sa cape
ni d’une amante croassant comme un corbeau
Je veux partir ainsi
démuni et paresseux
Chaque année je ferai un pas
et pour chaque génération, j’écrirai un mot
Il est temps de déchirer quelque chose
violemment appareiller sous une pluie maussade
pas comme un aventurier
enveloppé d’une trombe de valises et de fleurs
mais comme un ignoble rat
aux yeux larmoyants
qui se réveille effrayé
chaque fois qu’un bateau hurle
et que ses lanternes s’allument
tels les yeux mouillés des hyènes
Ô trottoirs magnifiques d’Europe
pierres couchées depuis des millénaires
sous les manteaux et la pointe des parapluies
y a-t-il un petit nid pour un bédouin d’Orient
portant son histoire sur le dos, tel un bûcheron ?
Non…
je n’émigrerai pas sous les étoiles
je ne foulerai pas de mes souliers tes vagues pures
Je resterai à l’arrière du bateau
pour ronger son bois comme de la chair
L’une après l’autre je traverserai tes vagues sur le bout des ongles
Je construirai des nids sinueux entre les vagues
aussi profonds et sinueux que des ruelles
Je m’y protégerai des tempêtes
et des rugissements du vent
Des vagues antiques je me ferai un oreiller
Je dormirai tout habillé, avec mes chaussures et mes cahiers
jusqu’au matin
J’ouvrirai de larges routes pour l’errance
et les borderai
d’arbres et de sièges vides
Je chercherai un petit poisson
aux yeux de miel
Je chercherai ses seins avec mes doigts
et je l’épouserai
à la lueur de la lune et du brasier des boucheries
Des veines de l’eau je lui ferai une longue chevelure
et des yeux des anciens marins
une poitrine aux seins arrondis
Pour lui j’écrirai des poèmes
et nous nous promènerons dans les profondeurs de la mer splendide
à la façon des amoureux dans les marchés
Et sous les nuages bleus des marronniers
parmi les hurlements des nègres
le crissement des seins sauvages
alors que la mer me fera ses adieux, soupirant et toussant
comme un fumeur invétéré
je plongerai avec mes écailles vers les îles et les jungles
où les larmes des aigles s’amoncellent ainsi que du limon
et où les paroles fauves
pendent des arbres comme des figues
Je ne m’ennuierai pas là-bas
à me pavaner comme un paon
dans les chambres des braises ardentes
où ma sueur coulera sur les valises
et les tresses des voyageuses
dont je porterai les enfants à l’orée des îles
presserai les petits seins des épaules et du dos
soulevant mes cahiers rustiques comme une épée scintillante
à la face du monde entier
La nuit venue
quand les vagues sont des tombes obscurcies
et que le sang des captifs coule sous les voiliers couchés
je me dresserai sur une haute vague
comme un chef du haut de son balcon
et je crierai :
je suis seul, ô mon dieu
Mohammed al-Maghout
poète syrien
Le ciel est notre écho...
[…]Je ne me résignerai pas. De tout mon silence je protesterai jusqu’à la fin. Il n’y a pas à dire « faut » ; c’est ma révolte qui a raison, et cette joie qui est comme un pèlerin sur terre, il me la faut suivre pas à pas.
Les nuages grossissent au-dessus- du cloître et la nuit peu à peu assombrit les dalles où s’inscrit la morale dont on dote ceux qui sont morts.
Si j’avais à écrire ici un livre sur la morale, il aurait cent pages et 99 seraient blanches. Sur la dernière, j’écrirais : « Je ne connais qu’un seul devoir et c’est celui d’aimer. »
Et pour le reste, je dis non. Je dis non de toutes mes forces. Les dalles me disent que c'est inutile et que la vie est comme "col sol levante, col sol cadente". Mais je ne vois pas ce que l'inutilité ôte à ma révolte et je sens bien ce qu'elle ajoute.[…]
Albert Camus
Carnets 1, 1937
Folio 5617 page 62
Dans ma bibliothèque le livre de Jean-François Mattéi
Citations expliquées de Camus
photo: Florence Cloître des morts Santissima Annunziata
J’ai fait quelques progrès face à ma colère contre cette maladie qui peu à peu grignote et prend de plus en plus de place dans ma vie quotidienne.
Peut-être que le dernier séjour à l’hôpital était bénéfique non seulement pour mon mari, mais aussi pour moi. J’ai enfin compris et surtout accepté qu’il n’est pas seulement un malade mais surtout l’homme avec lequel j’ai partagé la majeure partie de ma vie.
Je ne le voyais plus que comme un malade jusqu’à ce que quelqu’un pointe avec des mots ce que je refusais d’entendre.
Bien sûr il y a des jours où la colère refait surface quand cela est vraiment trop difficile pour moi, quand je me sens seule face à ce quotidien à assumer.
*Les doutes c’est ce que nous avons de plus intime.
Alors je m’évade dans les mots pour oublier, je viens ici poster mes billets en fonction de mes états d’âme, je lis vos commentaires, je réfléchis, je m’évade dans les mots des autres.
Je tourne les pages de mon histoire comme un livre d’images et laisse renaître les souvenirs heureux, souriant parfois aux petits bobos que je croyais si importants.
La vie n’est pas un conte de fée, mais
*il faut savoir se prêter au rêve lorsque le rêve vient à nous.
Je suis faite de l’étoffe de mes rêves, il y a la vie que je rêve, mon futur appartient à la beauté de mes rêves,
il y a la vie que je vis, je donne tout au présent .
*Je ne connais qu'un seul devoir c'est celui d'aimer.
*citations de Camus