"Double je"

Vertige...

 

Vertige dans cet espace indéfinissable de l'entre-deux,
suspendre le temps à la note bleue.
Note ultime qui marque le commencement  dans le silence.
Puis apprivoiser le mouvement perpétuel de la vague venant mourir sur le sable,
entendre le souffle de la mer, le souffle d'une absence.
Se perdre à contempler le ciel, la mer, s'étourdir dans ce pays de nulle part
à observer la ligne d'horizon.
Se laisser porter dans un autre monde, celui d'une douce musique faite de rêves,de songes.
Vibrer sous la lumière, s'enivrer de bleu.
Être là où le désir m'emporte…

 

Photo: Tiago Ribeiro de Carvalho

Emotion solaire...

Le soleil s’élève lentement.
Il nage en un océan de lueurs carminées
qui se fondent insensiblement dans l’or vert du zénith.
Je pense à des toiles de Noiré, le seul peintre qui ait compris
toute la délicatesse des matins du Sud.
Tout ici chante en couleur, s’anime graduellement d’émotion solaire.
Le sable se dore et les pierres s’irisent.
Des reflets verts, des reflets orangés ou rouges mettent une floraison
de lumière sur l’aridité de cette colline.
J’y vois vivre la lumière.
Elle devient ma palette de rêve.

Isabelle Eberhardt, "Montagne de lumière".

Lever de soleil sur les dunes
Evasion, émotion, couleurs,
Palette de rêve...
Bon week-end !

Rêve...

 

 

 Un rêve de voyage, c'est déjà un voyage...

Freud ne disait-il pas que le rêve est la satisfaction d'un désir !

 

 

Photo by Rodney Smith

Points d'interrogation...

 

Ses rêves sont aussi étranges que ce qui se passe sur son écran.
Ses doigts tapent au rythme des mots qui se bousculent dans sa tête cherchant à se placer entre un point, une virgule, mais là en ce moment ce sont souvent des points d’interrogation.
Etrange cette sensation, ces milliers d’étoiles pixellisés qui se transforment en dessins surréalistes. Tantôt elle devine des visages inconnus, tantôt des signes, mais plus étrangement encore depuis peu c’est le Sphinx qui vient la hanter.
Il est là dans toute sa splendeur, allongé bien au chaud,non pas sous les sables du désert, mais sous les rayons de la lampe de son bureau, et voilà qu’il se met à lui parler.
Il l'interroge, la questionne sur son passé, émet des hypothèses sur son futur, évoque son présent.
Est-ce l’effet de son mal de tête ? Son envie de s’évader vers ces contrées qui la fascinent ? Son souvenir de l’émotion que lui procura la vue du Sphinx sur le plateau de Guizeh ? Son regard  qui l’avait à l’époque littéralement envoûtée ?
Ce matin elle ne sait plus, tout se mélange, rêve et réalité…

 

Je suis le Sphinx.
Je suis la femme enterrée dans les sables jusqu’au menton
J’attends l’archéologue qui m’arrachera à cette tombe
Mettant à nu mon cou, mes seins aigus, mes doigts griffus
Sans oublier la clé de mon énigme.
Car jamais on ne l’a plus résolue depuis Œdipe.
Je regarde les pyramides pareilles à des seins anguleux et durs
Debout sur le corps tari de l’Egypte…

Erica Jong " Egyptologie" extrait de " Amour Racine" 

Ferdinand Knopp "Caresses Le Sphinx" 1896

Rockeuse de Vienne...

Klimt "Le Théâtre de Taormina" 1886-1888
plafond de l'escalier du Burgtheater de Vienne

Je ne déroge pas à la tradition, depuis des années le 1 jour de l’an, je regarde, j’écoute le traditionnel concert du Nouvel An de l’orchestre philharmonique de Vienne.
J’avais l’envie d’y assister il y a quelques années, rêve qui n’aura pas lieu, attente trop longue pour y avoir une place, plus de dix ans à l’époque et de plus prix inabordable pour mon budget.
Alors hier à l’heure de l’apéritif  je suis devenue une rockeuse de Vienne,je me suis évadée dans la musique  festive de ce concert dirigé avec superbe par  Mariss Jansons, éblouie par les costumes couleur or-orange du ballet de l’Opéra de Vienne dansant devant le "Baiser " de Klimt, première référence à cette année qui  est consacrée  à ce peintre pour le 150 ème anniversaire de sa naissance.
Je suis sensible à son œuvre, ses dessins érotiques, vu plusieurs expos à Zurich, Paris, Bâle, mais pour moi aussi 2012 sera l’année Klimt à Vienne, je vais me donner la chance d’aller au  Musée du Belvédère qui  présentera exceptionnellement la totalité de sa collection de tableaux en été du  6 juillet au 2 septembre.
Quand je vous disais que mes rêves sont en couleur.

Il y a la vie que je rêve
Il y a la vie que je vis
Je suis faite de l'étoffe de mes rêves
Et si mon futur appartenait
A la beauté de mes rêves ?…

 

La vie, l'amour, la mort...

Dehors la lune pleine perce la nuit d’un halo de lumière et joue avec les nuages de décembre.
C’est l’heure où l’atmosphère est au calme, propice au rêve,je ferme les yeux et voilà que…

La chaleur de l’après-midi s’estompe,  le premier souffle de l’Atlas caresse la plaine d’une brise rafraîchissante. C’est l’heure du thé à l’ombre des orangers d’un vaste patio, je respire le parfum presque entêtant des jasmins qui s’élancent jusqu’au plus haut  balcon du palais.
Le thé est brûlant comme les sables du désert, une main agile tient la théière qui monte vers le ciel, le divin liquide coule en cascade avec une précision diabolique dans les verres, quelques pignons pour ajouter au plaisir. Sur le plateau, des dattes, des douceurs au miel, aux amandes, aux pistaches.
Dans le patio du riad l’heure est à l’apaisement, à l’enchantement, au charme insaisissable et émouvant de l'hospitalité ...

Je rouvre les yeux, le rêve prend fin, c'est le matin, le ciel est bas, gris, une faible lueur à l'horizon,
je vais faire du thé , vous en prendrez bien un peu ?

"Le premier verre est aussi amer que la vie,
le second verre est fort comme l'amour,
le troisième verre est doux comme la mort".

Rêve en bleu...

Suspendre la musique à la note bleue
Note ultime
Entendre le souffle de la mer
Vertige dans cet espace indéfinissable de l'entre-deux
Se perdre à contempler le ciel, la mer…
S'étourdir dans ce pays de nulle part à observer la ligne d'horizon
Apprivoiser le mouvement perpétuel de la vague
Vibrer sous la lumière, s’enivrer de bleu
Se laisser porter dans un autre monde
Se perdre encore
La mer seule peut nous offrir une île…

Printemps...

 

” Pour une fleur, un sourire, un serment, pour l’ombre d’un regard… “
 

Jacques Brel

 

Il est des mots au fil du temps qui passe,qui nous rappellent que le printemps est amour,que la vie se tisse au vertige d’une valse à trois temps, qui s’offre à nous au rythme d’une saison. Le printemps, émerveillement d’un retour aux sources, la pointe têtue d’un crocus, la robe froissée de l’iris, les ombres portées par les feuillages naissants, le chant de l’oiseau.
Leçon de vie, battements de mots parfumés à la couleur évaporée d’une rose.
Promesses, frémissements, effervescence…
Gourmandise à fleur de peau, tout change et tout est pareil.
Le cœur ensoleillé, le nez au vent, giboulées de mars, passions d’avril.
Baisers de printemps…

crédit photo

Bon week-end...

Enfiler ses bottes et se sentir soudain invincible,
dotée de pouvoirs nouveaux,
prête à conquérir le monde,
piétiner allègrement soucis et peurs,
quelle que soit la couleur du ciel…

crédit photo  Automatism

La rive des ciels...

 

Marc Chagall, Songe de Jacob, dessin, encre,
Musée biblique Chagall, Nice

Nuit d’été allongée dans l’herbe sur le dos,je suis là à regarder le ciel, les étoiles, leur nombre immobile, leur étrangeté, me sentir à la fois intimidée et cependant à l’aise, prise dans la présence rassurante et mystérieuse de la nuit.
Douceur laiteuse, tiédeur du soir, scintillement qui me fait sentir toute petite face à cette immensité au-dessus de ma tête.
Une étrange sensation, s’empare de moi, le sentiment d’être rivée au sol, presque écrasée par l’immensité, point minuscule, avec au-dessus de moi l’infini.
Et si je tentais l’expérience, si je faisais basculer l’univers, me convaincre que les étoiles sont en dessous de moi !
Je les surplombe, retenue à la terre par une force mystérieuse. Le ciel immense est en bas, je survole l’abîme d’étoiles au risque d’y tomber sans fin.
Je laisse le temps agir, soudain tout bascule. Il suffirait d’un rien, un souffle, une brève interruption de l’attraction, un moment d’inattention, je pars lentement à la dérive, entre terre et rien, à la descente du ciel.
Je me relève, lentement, dans le noir je n’ai pas pris garde à la marche,et dans l’herbe, une lueur silencieuse, comme une étoile tombée du ciel, brille de la chaleur des lucioles.