"Double je"

Contacts...

 

Ne pas se séparer du monde. On ne rate pas sa vie lorsqu'on la met dans la lumière.
Tout mon effort, dans toutes les positions, les malheurs, les désillusions,
c'est de retrouver les contacts.
Et même dans cette tristesse en moi quel désir d'aimer et quelle ivresse
à la seule vue d'une colline dans l'air du soir.
Contacts avec le vrai, la nature d'abord, et puis l'art de ceux qui ont compris,
et mon art si j'en suis capable.
Sinon, la lumière et l'eau et l'ivresse sont encore devant moi,
et les lèvres humides du désir.
Désespoir souriant.
Sans issue, mais exerçant sans cesse une domination qu'on sait vaine.
L'essentiel : ne pas se perdre,
et ne pas perdre ce qui, de soi, dort dans le monde. 

*
Tous les contacts =  culte du Moi? Non.
Culte du moi présuppose amateurisme ou optimisme. Deux foutaises.
Non pas choisir sa vie, mais l'étendre.
Attention: Kirkegaard, l'origine de nos maux, c'est la comparaison.
S'engager à fond. Ensuite accepter avec une égale force le oui et le non.

*
Albert Camus
Carnets I, Cahier I
Mai 1936

 
Nicolas de Staël,  Le Parc des Princes 1952

 

Ebauche...

"Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne, car il n'existe aucune comparaison.
Tout est vécu tout de suite et pour la premiere fois, sans préparation.
Comme si un acteur entrait en scène sans n'avoir jamais répété.
Mais que peut valoir la vie si la première répétition de la vie, est la vie elle même.
C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse.
Mais même esquisse n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose,
la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse de notre vie est une esquisse de rien,
une ébauche sans tableau."

 Milan Kundera ,in L'insoutenable légèreté de l'être.

Albert Marquet 1904 

 

Peut-être Kundera a-t-il écrit ce texte en pensant à moi ?
en tous les cas, ses mots font écho! 

 

 

 

Quotidien...

J’ai appris, on m’a appris que dans les moments les plus difficiles de la vie il ne faut prendre aucune décisions importantes pour soi, car elles sont dictées par un état d’âme qui n’est que le reflet de la situation douloureuse vécue au présent .
J’avoue que mon envie de mettre fin a mes billets sur la toile est très forte en ce moment.
Je n’y trouve plus le goût, ni le piment dont j’ai besoin pour l’alimenter, les échanges se font rares, eux qui me sont indispensables et me donnent l’envie joyeuse de continuer.
Je ne sais si je vais arriver jusqu’à la date anniversaire du 13 février, jour où cela fera dix ans que je suis fidèle à mon blog.
 La vie des blogs a évolué, les contacts ne sont plus du même ordre, la spontanéité n’est plus aussi présente, les rencontres sont rares. A l’époque nous faisions connaissance par nos pseudos, rares étaient les photos personnelles, peu à peu nous apprenions à nous connaître par nos mots, nos échanges, nous prenions confiance en nous dévoilant un peu plus. Il me reste des ami/es fidèles de ces premiers temps.
FB a pris peu à peu le relais.
Mais ma vie aussi a changé ces derniers temps, mon temps, ma tête, mon énergie, sont pris par les soucis quotidiens. Entourée par le mutisme provoqué par la maladie de mon mari je me sens évoluer dans un monde qui n’est pas le mien et qui m’angoisse.
C’est mon quotidien, la maladie devient obsédante, elle me révolte, je me sens impuissante face à elle.
J’ai besoin de contact, d’aide, de partage, je n’en peux plus d’attendre dans ce silence qui m’entoure, je ne me reconnais plus, il faut que je parvienne à faire la paix avec moi-même, à me résigner qu’il en est ainsi, que je ne peux rien y changer et qu’il me faut accepter.

 

Voilà les raisons de ma pause,que je souhaite momentanée !

Interlude...

"Car elle ne voulait pas qu’il la vît pleurer.
C’était une fleur tellement orgueilleuse…"

Saint Exupéry, in le Petit Prince

Interlude...

Temps infime...

L'image est mer, océan, désert, nuage,vent, ciel, elle entre en moi.
Dans le repli des mots se construit une lente traversée de la pensée à l’image.
Je suis dans ce temps infime, entre rêve et réalité où tout se colore en bleu.
Je nais à une chose que je ne sais nommer, mais qui te ressemble.

 

 

 photo Philippe Charpentier

L'honneur d'un capitaine...

 

L'une des premières lettres d’Alfred Dreyfus à sa femme Lucie écrites depuis l'Ile du Diable où il fut déporté pendant 5 ans, avant sa réhabilitation en juillet 1906 après avoir été victime d'une des plus grandes injustices commises dans l'histoire française.

 

Lucie,

J’attends avec impatience une lettre de toi. Tu es mon espoir, tu es ma consolation ; autrement la vie me serait à charge. Rien que de penser qu’on a pu m’accuser d’un crime aussi épouvantable, d’un crime aussi monstrueux, tout mon être tressaille, tout mon corps se révolte. Avoir travaillé toute sa vie dans un but unique, dans le but de revanche contre cet infâme ravisseur qui nous a enlevé notre chère Alsace et se voir accusé de trahison envers ce pays — non, ma chère adorée, mon esprit se refuse à comprendre ! Te souviens-tu que je te racontais que me trouvant il y a une dizaine d’années à Mulhouse, au mois de septembre, j’entendis un jour passer sous nos fenêtres une musique allemande célébrant l’anni­versaire de Sedan ? Ma douleur fut telle que je pleurai de rage, que je mordis mes draps de colère et que je me jurai de consacrer toutes mes forces, toute mon intelligence à servir mon pays contre celui qui insul­tait ainsi à la douleur des Alsaciens.

Non, non, je ne veux pas insister, car je devien­drai fou et il faut que je conserve toute ma raison. D’ailleurs ma vie n’a plus qu’un but unique : c’est de trouver le misérable qui a trahi son pays, c’est de trouver le traître pour lequel aucun châtiment ne sera trop grand. Oh ! chère France, toi que j’aime de toute mon âme, de tout mon cœur, toi à qui j’ai consacré toutes mes forces, toute mon intelligence, comment a-t-on pu m’accuser d’un crime aussi épouvantable ? Je m’arrête, ma chérie, sur ce sujet, car les spasmes me prennent à la gorge ; jamais, vois-tu, homme n’a supporté le martyre que j’endure. Aucune souffrance physique n’est comparable à la douleur morale que j’éprouve lorsque ma pensée se reporte à cette accusation. Si je n’avais mon hon­neur à défendre, je t’assure que j’aimerais mieux la mort ; au moins ce serait l’oubli.

Écris-moi bien vite.

Toutes mes affections à tous.

Alfred

source: Des lettres

(je ne pouvais rester insensible au nom de la ville évoquée dans cette lettre qui est ma ville natale
lire aussi cet ancien billet ici)

De la musique avant toute chose…

 Il y a des moments dans la vie qu’il faut savourer avec gourmandise.

Hier 17h, ce fut le cas au-delà de toutes mes espérances.
Amis et famille réunis pour la générale de ce récital de piano interprété avec brio par notre ami Bruno.
Moment de partage intense dans une communion mutuelle où se sont mêlées joie et sensiblilité musicale.
Après une courte présentation du programme dès les premières notes flottait dans l’air un je ne sais quoi , à chacun le sien.
Bruno a su nous captiver avec un enchaînement des préludes de Bach et de Debussy en intercalant entre les pièces une brève improvisation.
Nous étions là sous le charme, l’écoute attentive plus d’une heure durant, nous en redemandions sous les bis nourris.
Tout s’est terminé autour de la coupe de l’amitié dans une joie communicative avec en prime quelques improvisations jazziques.

21h extinction des feux.

Concert de Bruno le 16 mars en l’église de Schlierbach.

 

(j’ai eu droit à mon prélude BW V 846…que j’ai baptisé Maurane)



 avant le concert...

Pendant le concert...

Bon dimanche ...

 

Dimanche les notes de musique envahiront l'espace dans la maison,
la date du récital fixée au 12 aura bien lieu en présence de nos amis.

crédit photo

Il faut du temps...

Ce malin petit bonhomme nommé le Petit Prince nous a appris que le désert
n’est pas si désert que cela, qu’il y foisonne une vie, des puits, qu’une rencontre
peut le transformer en un jardin fleuri peuplé d’amis, qui ne demandent qu’à être apprivoisés,
qu’il faut du temps à la rose pour s’épanouir.

Avec le temps,
j'ai, nous, avons compris qu’il faut savoir prendre du recul et se dire que rien n’est fatal dans l’existence.
Qu’il faut juste changer notre façon de voir les choses en regardant différemment et les roses et le désert.
Qu’il nous reste tant de beauté à contempler, tant de choses à apprendre, tant d’amour à partager.
Mille et une raison d’exister.

 

Notes éparpillées...

En un éclair sentir que le puzzle éclaté de ses souvenirs vient de se reconstituer,
comme le font des notes de musique éparpillées qui prennent soudain forme
et redeviennent cette mélodie familière que nous portons en nous.
Se sentir  presque une vieille dame indigne libre de se souvenir et rêver,
percevoir que la vie coule brûlante dans mes veines.
Vivre adossée à la mort pour contempler la vie.
Sentir que les années ne changent rien à mes désirs,
même si le corps fatigue un peu plus,
que rien n’altère cette faim de vivre,
cette soif de rencontres, de partages,
cette assiduité à l’amitié qui se veut aussi amour des autres.

 

crédit photo Ingrid Rasmussen

Celui-là...

 

"Qui se donne au temps de sa vie,
 à la maison qu'il défend,
 à la dignité des vivants,
 celui-là se donne à la terre et en reçoit
la moisson qui ensemence et nourrit à nouveau."

 

 Albert Camus, L'homme révolté

 
crédit photo Eveline Gallet

Deuxième jour de 2014…

La vie reprend son cours.

L’éblouissement du concert du nouvel An, des valses de Vienne devient souvenirs.
L’entrée dans cette nouvelle année fut à l’image des derniers mois, pas simple.

Prendre de bonnes résolutions, de bonnes décisions.
Regarder l’avenir sans trop réfléchir, se laisser porter par la vie au jour le jour,
heure par heure, tout peut changer si vite.

Continuer de partager avec vous mes élans, mes joies et mes peines.
J’ose avouer que souvent je me sens seule, un peu perdue dans la tâche qui est mienne.

Quelques instants plus tard …

Une des décisions de cette nouvelle année,
je viens de réserver une semaine de séjour  au bord de la mer dans un endroit que j’aime
au printemps, « Gruissan, mes amours » comme le chantait si bien Trenet.