En ce jour anniversaire de la naissance de Camus je vais le célébrer à ma manière
avec des extraits (en italique) de mes lectures de cet immense écrivain,penseur engagé en rupture avec son époque, en privilégiant
l’Homme.
L’ombre d’un homme qui marche au soleil ,entre deux rives, Albert Camus figé dans une éternité noire et blanche.
Il y a l’écrivain tourmenté qui conjuguait amour et désespoir de vivre, qui écrivait
il y a en moi un vide affreux, une
indifférence qui me fait mal …
que je n’étais rien dans rien de ce que j’ai dit ni écrit ?… un
personnage n’est jamais le romancier qui l'a créé mais qu’il y a des chances
cependant pour qu’il soit tous ses personnages à la fois ?...
Homme solaire, lumière célébrée en de sublimes Noces, sa terre
mère " habitée par les dieux" communion charnelle avec la
nature, le soleil, la mer, la lumière, la beauté des plages, homme révolté qui
marchait au soleil " dans la merveilleuse paix d’un été endormi"
Il y a l’homme qui aima les femmes, cette femme aimée, celle
dont on étreint le corps pour
" retenir contre soi cette joie
étrange qui descend du ciel et de la mer "
D’abord la mère, la première femme désespérément aimée…
tout homme est le premier homme, c’est pourquoi il se jette aux pieds de sa
mère… et sa mère telle qu’elle était
demeurait ce qu’il aimait le plus au monde, même s’il l’aimait désespérément lui le fils, l’écrivain reconnu, célébré, qui
se dit
" incapable de trouver à travers des milliers de mots ce qu’elle
pouvait dire à travers un seul de ses silences "
Et puis il y a les autres, les femmes, celles des premiers
émois, celles des rencontres sans lendemain, celles qu’on admire, celles qu’on
épouse, celles que l’on regrette et toutes les autres, les passantes,
"les
ravageuses".
Camus est méditerranéen, il aime les filles aux jambes fraîches,… les seins
libres dans des robes légères... l’eau profonde et claire, le fort soleil, les
filles, la vie du corps…, les trésors de l’homme… sont la tiédeur de l’eau et les corps bruns des femmes ..., comment le croire
quand il écrit dans ses Carnets, renoncer à cette servitude qu’est
l’attirance féminine… il prononcera aussi ce jugement assez caustique, elles nous inspirent le désir de faire des
chefs-d’œuvre mais nous empêchent toujours d’en venir à bout.
Il a besoin de se savoir aimer, il a du charme, il a besoin
de plaire.
Dans le mythe de Sisyphe il écrit : mais savoir si
l’on peut vivre avec ses passions, savoir si l’on peut accepter leur loi
profonde qui est de brûler le cœur dans le même temps qu’elles exaltent, voilà
toute la question...
Il alla de l’une à l’autre, comment s’étonner de lire dans La chute
cet aveu dans la bouche de Clamence " Quand tout marchait bien
et qu’on me laissait en même temps que la paix la liberté d’aller et de
revenir, jamais plus gentil et gai avec l’une que lorsque je venais de quitter
l’autre… "et dans L’homme
révolté, la possession totale d’un être, la communion absolue dans le
temps entier de la vie est une impossible exigence. Aimer alors, c’est stériliser
l’aimé" ou encore dans La chute, certains mariages qui sont des débauches bureaucratisées, deviennent en même
temps les monotones corbillards de l’audace et de l’invention. Le mariage
bourgeois a mis notre pays en pantoufles, et bientôt aux portes de la mort .
Pour Camus le mariage est une prison, souvenez- vous de
Meursault dans l’Etranger ou Marie demande s’il veut se marier avec elle, la
réponse de Meursault est sans appel, j’ai dit que cela m’était égal et
que nous pourrions le faire si elle le voulait… et il ajoute , je lui ai expliqué que cela
n’avait aucune importance […] elle a observé alors que le mariage était un
chose grave. J’ai répondu non.
Il y a encore tant d’exemples dans La peste, La chute, Jonas
, L’exil et le Royaume, les Noces, L’homme révolté, et pourtant encore une fois
dans La chute il fait dire à Clamence , J’avais du mal à imaginer,
malgré l’évidence, qu’une femme qui avait été à moi pût jamais appartenir à un
autre.
Toute sa vie Camus ne cessera de mener un combat exténuant contre " la
part obscure, ce qu’il y a d’aveugle et d’instinctif en (lui).
""On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire."
Je lis,relis souvent Camus, ce blog en témoigne, il est pour moi un confident, un ami, qui par
ses mots m’apporte dans les moments troubles de l’existence, cette force, ce
souffle.
« Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre »
Alors:
"…certains soirs,sur la mer, au pied des
montagnes, la nuit tombe sur la courbe parfaite d'une petite baie et, des eaux
silencieuses, monte alors une plénitude angoissée. On peut comprendre en ces
lieux que si les Grecs ont touché au désespoir, c'est toujours à travers la
beauté..."(L'Exil d'Hélène)
Je sais c'est un peu long, mais il y aurait tant de choses encore à écrire sur cet homme et son oeuvre, sur la belle amitié entre deux hommes d'exception, Camus et Char, sur sa reconnaissance à Louis Germain à qui il dédia son discours de prix Nobel, et Jean Grenier son maître qui dit de lui dans son livre consacré à son ancien élève et ami:
"Mais quand on croit avoir beaucoup dit sur lui,on s'aperçoit qu'on n'a pu le décrire et le définir que du dehors, par ce qu'il manifestait. Or il était habité d'une grande solitude..."
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