La couverture est douce et satinée, les pages encore vierges, pourtant au moment
de confier au cahier neuf mes pensées,la main hésite.
Ce n’est pas la peur des fautes ou des ratures qui, dans
l’enfance accompagnait
le mystère d’un savoir qui s’y incarnait, mais une émotion plus ancienne.
Les lignes, fines, comme des cheveux qui ombrent les pages blanches, semblent
avoir
retenu dans leurs mailles des rêves et des désirs qui, bien qu’invisibles,
n’attendent
que la caresse de la plume pour se révéler.
Et s’il m’arrive de croire que le cahier m’offre la possibilité d’une nouvelle
existence,
c’est parce que je pressens le pouvoir des mots.
Il suffit en effet d’un seul
tracé à même la page, pour que s’offre à moi la présence émue
d’un nouveau
destin.
Mon nouveau carnet de moleskine rouge encore vierge,
( l’ancien n’a plus de
place pour de nouveaux mots,) m’a fait penser à ce billet,
l’un de mes tous premiers « Le cahier neuf » .
Il y a toujours cette même hésitation, cette émotion à y mettre les premiers
mots.
Nouvelle existence, nouveau destin, le carnet me le dira quand comme le
précédent
il sera plein et que les mots me révèleront ce que je n’avais pas
perçu au moment de les écrire.