Vous souvenez-vous d’Isadora Wing,
l’héroïne du «Complexe d’Icare» dont on
fête le quarantième anniversaire de sa parution en ce mois d'août.
"Ouvrir le cerveau d’une femme et montrer ce qu’il y a dedans": tel était le
but d’ Erica Jong, lorsqu’elle écrit en 1973 ce roman érotique féministe
traitant de la libération sexuelle. A sa sortie, le livre est loué par Henry
Miller, qui le qualifie de "Tropique du cancer au féminin"et qui prédit dans la préface que " ce livre fera date dans l’histoire de la littérature
et que grâce à lui, des voix vont s’élever parmi les femmes pour rompre le
silence des siècles et nous donner de grandes sagas débordantes de sexe et
d’amour, de vie et d’aventure "
Erica Jong écrit sans fausse pudeur , avec humour, simplicité ,sans exhibitionnisme. La crudité de sa prose et la franchise de ses pensées étaient encore
relativement inhabituelles de la part d’une jeune femme, au début des années
70.
J’ai le livre sous les yeux il débute ainsi :
1 Où il est question d’un congrès du rêve et de baiser sans effeuillage.
Ils étaient cent dix-sept psychanalystes sur ce vol Pan Am à destination de
Vienne. Cent dix-sept, dont au moins six m’avaient soignée, sans parler d’un
septième que j’avais épousé. Cela dit, Dieu sait si c’était à l’imbécillité de
ces jivaros rétrécisseurs de psyché ou à ma nature et à sa splendide
imperméabilité à la psychanalyse que je devais d’avoir encore plus peur
maintenant, si possible, de l’avion qu’au début de mes aventures
psychanalytiques, quelques treize années plus tôt.
Au moment du décollage, mon mari avait posé une main de thérapeute sur la
mienne en disant :
_ Ma parole, c’est un vrai glaçon !...
J’avais pris plaisir à
lire ce livre, j’ai continué avec " La planche de salut " et quelques
autres dont
" La peur de l’âge ", je me souviens des débats
passionnés que ces livres ont suscités, période d’introspection, de changement, d’émancipation.
J’ai été une de ces féministes qui rêvait d’un autre monde, qui n’acceptait pas
d’être objet, mais sujet, qui se voulait différente et ne se coulait pas dans
un moule formaté depuis tant de temps. Alors j’ai fait ma propre révolution, je
me suis mise en accord avant tout avec moi, j’ai appris que l’on pouvait être
objet tout en étant sujet… et qu’aimer la vie, les autres, était la chose la plus
importante et la plus difficile aussi.
Erica Jong a 71 ans et après trois divorces vit mariée depuis 25 ans avec le même homme.