[...]Le désert est une terre de beauté, inutile et irremplacable. Les seuls moissons dont il se couvre sont de fleurs et non qu'un jour ou deux pour germer, gonfler et disparaître[...]
[...]Mais à vivre dans le
désert, on apprend à recevoir du même cœur le dénuement et la profusion.
L’éternité du monde est fugitive, la fleur d’un seul jour justifie à certains
instants toute l’histoire des hommes. C’est là ce qu’enseigne le désert et, dès
lors, on peut attendre l’aube où tout est réconcilié,
la pluie soudaine et
brève où, selon Valery , l’on se jette à genoux.
On attend, aussi longtemps
qu’il le faut, et un jour le rendez-vous est pris, l’aube et la pluie sont là.
Il est bien vrai que, malgré leur violence, orages et torrents passent sur le
désert comme l’ombre d’un nuage à la surface des grands océans. Sur l’immensité
desséchée, ils laissent seulement une rosée rapide et insuffisante. Et cependant,
à certaines saisons du moins, cette rosée suffit pour qu’ une nuit sables et
pierres disparaissent sous les fleurs. L’eau mouille fugitivement l’écorce de
la steppe jaune et le lendemain une mer éclatante y roule ses courtes crinières
fleuries.[...]
*Albert Camus in, Désert vivant, Pluies et floraisons
(ouvrage collectif sur la faune et la flore du désert
Éditions photographiques
Disney, France 1954).
photo empruntée sur la toile auteur ?
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