Mon transat ...
Fier symbole d’une existence où la lenteur le dispute à la réflexion, où la
paresse se fait éveillée et l’ennui fécond.
Chaise longue, transat, peu importe, instruments de connaissance, indispensable
adjuvant d’une sagesse douce, humble, écolo et accessible.
Le transat, force est de le reconnaître, n’a pas l’esprit d’entreprise, pas
plus que le tempérament ouvrier. Il n’est pas adapté aux travaux de force, à l’étude,
au commerce ou aux ouvrages de précision.
Il est outil contestataire, instrument
révolutionnaire : c’est avec un naturel déconcertant que sur un transat on
boude la société de consommation et que l’on se moque, avec une pointe de pitié
amusée, les pressés de tout. Puisque qu’on ne fait rien sur un transat, cela
laisse le temps pour le reste. Et le reste ne manque pas : on réfléchit
beaucoup sur une chaise longue, on imagine, on rêvasse. On y échafaude, on y bâtit
sur de solides fondations des châteaux en Espagne, en Italie, où ailleurs, on y
conçoit des stratégies, on y griffonne des incipit, on y peaufine des théories,
on y tire des plans sur la comète, on y volette, tranquille, de planète en
planète, sans quitter pour ma part l’ombre des arbres du jardin et le bord de
la piscine.
Je le pratique avec assiduité ce précaire assemblage de toile et de bois qui
dispense de multiples bienfaits,à commencer par celui-ci, essentiel ,le repos
de l’âme et du corps.
Incarnation d’un idéal, prendre son temps sans peur de le perdre, sans soucis
de rendement ou d’efficacité, navigation à vue sur des océans de paresse.
Et si il y a plus de philosophie dans un transat que de transats chez les
philosophes, eux qui qualifieraient volontiers cette incursion dans leur pré
carré de pitrerie estivale,ce n’est certainement pas ma chaise longue qui est
ici à blâmer.
A bientôt !
Inspiré librement d’une lecture de vacances
" Petit éloge du transat " de
Vanessa Postec