Elle était belle. Elle avait 30 ans. Lorsqu’elle est morte, prisonnière
du brasier, les pompiers ont
pleuré. Impuissants à sauver la dernière
prisonnière des décombres de l’immeuble effondré de Dacca.
L’histoire de Sahina, c’est celle de la plupart de ces employés du textile qui
travaillent jour et nuit
dans des ateliers de confection misérables, pour un
salaire qui l’est tout autant.
40 euros, pour des journées normales de 8h à 22h.
La veille de la catastrophe elle avait été de ceux qui avaient dénoncé
publiquement la vétusté
de l’immeuble dans lequel ils étaient installés.
Comme
les autres elle n’avait pas été entendue.
Au matin, le bâtiment de 20 mètres de
haut s’écroulait comme un château de cartes.
Sahina aura survécu 110 heures
sous les décombres, Elle, l’ultime détenue du piège en béton.
Une découpeuse
mécanique maniée par un ouvrier a déclenché un incendie, les ruines
se sont transformées en tombeau. Les
caméras ont filmé les larmes qui roulaient sur les joues
des soldats du feu lorsqu’il
l’on extraite des gravats encore fumants.
Elles ont montré l’injustice qui a
conduit des milliers de manifestants
à descendre dans les rues hier, jour de la
fête du travail au Bangladesh comme ailleurs.
"Le drame de Dacca constitue le pire accident de l'histoire industrielle du Bangladesh,
et a jeté une lumière crue sur les "ateliers de misère" utilisés
par les marques occidentales d'habillement." Le Monde