[...]Le murmure des arbres aujourd'hui disparus, ceux qu'il avait fallu abattre pour construire la maison de Gatsby, avait alors encouragé le dernier et le plus important de tous les rêves humains. Pendant un instant fugitif et miraculeux, l'homme avait retenu son souffle en découvrant ce continent, envahi par un sentiment de beauté harmonieuse qu'il ne comprenait pas et qu'il n'attendait pas, confronté pour la dernière fois de son histoire à quelque chose qui pouvait être à la mesure de son émerveillement.
Et pendant que j'étais
assis là, rêvant à cet ancien monde inconnu, j'ai pensé à Gatsby , à ce qu'il
avait dû éprouver en apercevant pour la première fois la petite lumière verte à
la pointe de la jetée de Daisy. Il venait de parcourir un long chemin jusqu'à
ce jardin enchanté et son rêve avait dû lui sembler si réel qu'il ne pouvait
plus manquer de l'atteindre. Il ne savait pas que ce rêve était déjà derrière
lui, perdu dans cette obscurité d'au-delà de la ville, où les sombres espaces
de notre Nation se perdent à travers la nuit.
Gatsby
avait foi en cette lumière verte, en cet avenir orgastique qui chaque année
recule devant nous. Pour le moment, il nous échappe. Mais c'est sans
importance. Demain, nous courrons plus vite, nous tendrons les bras plus
avant... Et, un beau matin...
Et
nous luttons ainsi, barques à contre-courant, refoulés sans fin vers notre
passé.
F.
Scott Fitzgerald , in " Gatsby le Magnifique"
Poche 900 pages 230/231
F.Scott Fitzgerald écrivit Gatsby ainsi que Tendre est la nuit sur la côte d'Azur ,
non loin de là au Cap d'Antibes
Photos:
Villa et jardin Ephrussi -Rothschild,Saint Jean Cap Ferrat