Neige et grisaille en ce lundi, il suffit d’une photo pour partir en voyage et revivre des moments forts, c’est ce que je viens de faire.
Petit paradis l’oasis s’éveille bien avant le soleil. Les ânes sont chargés,
les enfants reviennent avec des bidons d’eau, et les jardiniers sont courbés
sur la marée tendre des jeunes pousses sous l’ombre noire des dattiers. Une eau
rousse court dans les rigoles, les chemins sont de poussière et les maisons
d’argile aux petites ouvertures où il fait bon. Dehors la brise circule dans le
foisonnement de la voûte des palmes. On fait demi-tour à l’orée de la lumière,
devant la clarté aveuglante du désert tout proche. Douceur d’un autre monde.
Je suis là ou je voulais être, je vois ce que je voulais voir, je commence à
vivre ce que peut signifier tolérance, accueil vrai, considération de l’autre,ici
les portes sont et restent ouvertes.
Le temps d’une halte méditative à l’ombre dans le vieux ksar, ville morte,
murailles
et sable confondus , toutes en meurtrières, ombres découpées, carrés ouverts
sur le noir, venelles obscures d’où nul cri ne s’échappe.
J’aime par la lenteur donner de l’ampleur au décor où seul le vent répond aux
questions, trouble lumineux qui autorise de voir tout en n’étant rien.
La petite porte qui permet aux sensations de me parvenir s’est mise à
l’unisson.
Le temps, la patience, ce qui met l’âme
au diapason de l’infime, permet de s’extasier de la plus
petite chose, c’est
ici et maintenant !
Les couleurs sont splendides, chaque voyage a sa
progression, son point culminant, ce paysage merveilleux poème, m’a conforté dans
une attitude d’écoute, de silence, de résistance à toute
dérive, démarche douce faîte de concentration.
Devenir autre à force de quotidien, suivre le fil tenu qui est notre moi en
devenir au contact du Tout.
Un voyage c’est un morceau de vie, un aller retour de soi à soi à travers le
philtre de nouveaux lieux, oui, ici, s’arrêter, se laisser attraper par
soi-même dans les jours neufs de tous les possibles, laisser brûler cette
vacuité jusqu’à faire jaillir puis exploser ce qui est tellement enfoui.
Sans
bruit, apprendre à passer dans le monde.
(p.s je viens de succomber à la gourmandise en mangeant une datte )
photos Maroc région de Erfoud 1998