Pas un bruit dans la maison, elle est endormie comme la belle au bois
dormant.
Le vent souffle sur les arbres du jardin, des sons étranges sous les rafales se
font entendre, la pluie perle sur les feuilles illuminant leurs couleurs devenues automnales.
Je m’installe dans le fauteuil près de
la grande baie vitrée qui donne sur le jardin, je suis là,
embrouillée par des pensées obsédantes qui m’enferment, je suis lasse, fatiguée,un seul remède pour tout évacuer, la musique.
Quelques notes, puis la
magie de Fauré opère, sa musique m’accompagne depuis toujours dans mes
moments de doute, elle exprime à
merveille toute la gamme des sentiments, la nostalgie, le désespoir, la colère,
la peur de la mort, les blessures, mais aussi le bonheur, la joie, la tempête
des cœurs, le clair de lune, les rêveries, les jardins sous la pluie.
Tous ces paquets de notes font
revivre toutes ces émotions, je m’enivre au même instant qu’eux et avec la même
torturante tendresse d’une mélodie apaisante. Notes
éparses qui se faufilent entre les pages de ma vie, mes pensées errent comme la
feuille va où la pousse le vent, comme le voilier démâté tangue sur les flots,
traîtresse musique.
J’écoute, je ne suis plus qu’écoute. En une fraction d’éternité
tout change et se transfigure, s’auréole de lumière, une parenthèse dans le
temps .