Prétexte tout trouvé que cet anniversaire de mariage pour une réflexion sur le
couple…
Défi de longévité, un demi-siècle, comment faire durer l’amour au temps de l’égo-roi ?
Il en faut du courage lorsque l’on songe à ces années, des années à vivre
ensemble.
Certains prônent que l’amour dure trois ans et disent que « l’amour est un
combat contre le temps perdu d’avance » sûr que l’idée de voir filer la
passion entre les doigts n’arrange rien.
Aujourd’hui on aime comme on veut, on vit à la colle, avec ou sans la bague, on
fusionne ou on se fissionne.
C’est la libre disposition des corps et des âmes, pourtant les couples brisés
se ramassent à la pelle .
Le démon de midi sonne maintenant à toute heure.
La passion dure trois ans, passé cette période bénie, l’addiction à l’autre disparaît.
C’est le choc du
réel, et là, ça passe où ça casse.
Comment marcher d’un même pas lorsque chacun aspire à la satisfaction personnelle,
à la réalisation de soi ? Lorsque triomphe l’hédonisme, l’idée qu’il faut
saisir le bonheur ici et maintenant, partout et par tous les moyens ?
Lorsque que l’on veut tout et son contraire, en même temps ?
Ambiguïté du couple,on a envie de vivre une union qui dure, mais on veut aussi
des aventures, du sexe, du romantisme, des enfants, une carrière, de la
surprise et du confort.
Mais il y a autre chose, un élan impérieux niché loin
dans notre inconscient : le rêve de l’amour absolu. L’idéal des deux
moitiés complémentaires n’a pas dit son dernier mot.
"On a détruit les murs, nous portons la prison en nous-mêmes, elle s’appelle
l’amour parfait"(Pascal Bruckner)
Mais la bonne nouvelle s’aimer toute la vie n’est pas réservée à quelques
veinards pistonnés par Cupidon.
Repenser le couple, une nouvelle sagesse de l’amour
, paradoxe d’une très vieille idée la tempérance. Médiocritas disaient les
anciens.
Oubliez L’Eros passionnel, séduisant mais à durée de conservation
limitée ; misez sur l’agapè, l’élan vers l’autre dans le don de soi, et
sur la philia, l’amour doux qui n’entraîne pas le manque.
Alors pour qu’un couple dure, s’apprêter sans regret à voir le sentiment d’amour
devenir un sentiment d’attachement. Se sentir responsable du duo que l’on forme,
les crises étant inévitables mais à force d’ajustements mutuels, tanguer sans
sombrer si rude soit la tempête, la venue des enfants, un changement de carrière,
le corps qui se fane.
"Le dur désir de durer "( Paul Eluard) oblige autant qu’il habite.
A bas bruit, mais non sans une pointe d’héroïsme.
"En vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout."
(Albert Camus, Le mythe de Sisyphe))
Réflexion à partir de différentes lectures, d’un article « Peut-on s’aimer toute une vie ? »
paru dans l’Express en août dernier
et d’un parcours de vie, le texte du carton d’invitation en témoigne.