Ce matin je suis dans un état que j’ai du mal à décrire. Aucun courage,
une nuit pas plus mauvaise que d’habitude, un faible rayon de soleil automnal
dans la chambre au réveil, et pourtant j’ai la tête vide et le cœur serré.
Suis-je en colère contre moi, ma faiblesse, ma patience imbécile à croire que
le temps change les choses. Mais le temps n’en a cure, il passe.
"Il faut longtemps pour que resurgisse à la lumière ce qui a été effacé" écrit Modiano dans Dora Bruder
Un silence intérieur m’accompagne et chemine vers les larmes, difficile de supporter ses doutes .
"Le grand courage, c’est encore de tenir les yeux grands ouverts sur la lumière comme sur la mort. Au reste, comment dire le lien qui mène de cet amour dévorant de la vie à ce désespoir secret. Si j’écoute l’ironie, tapie au fond des choses, elle se découvre, lentement ; Clignant son oeil petit et clair :
« Vivez comme si… » dit-elle.
Malgré bien des recherches, c’est là toute ma science."
(Albert Camus, in L’envers et l’endroit, page 119 folio essais 41)