C’est en évoquant l’écriture que m’est revenue l’image d’un buvard de l’enfance.
Le motif était la montagne et le Mont Blanc, les mots qui l'accompagnaient , toujours plus haut,
dont j’avais fait ma devise.
Un de mes rêves de petite fille devint celui de voir le Mont Blanc en vrai.
Rêve réalisé à l'âge adulte, lors de sports d'hiver, invitée par un ami à qui j'avais parlé de mon rêve et qui venait d'acheter un appartement face au Mont Blanc.
Puis séjours fréquents durant de longues années à Chamonix, achat d’un petit studio, revendu depuis.
J'ai continué le rêve avec un stylo au capuchon terminé par un flocon de neige sous forme d'étoile.
Je ne compte plus les années, il y a si longtemps qu’il a lié son destin au mien.
Ces derniers jours il se sentait un peu désemparé, modifiant quelque peu ses habitudes,
lui qui aime la réflexion, la poésie,les lettres.
Vous me direz que les mots sont toujours des mots quel que soit l’objet qui les écrit.
Mais non !
Ce n’est pas rien que cet outil qui me prolonge sur les pages de mes cahiers,
ces lits de papier de Soi.
Je prends un plaisir fou au bruit du capuchon qui se détache, à la sensation précise et légère
de sa présence entre mes doigts, quoi qu’il en sorte, quelque soit la douleur dont il est le
silencieux témoin. Il a tracé tant de choses pour moi, délavé parfois l’encre dans l’eau de mes
larmes, zigzagué dans mes rires.
Tour à tour, fou et sage, mon stylo avance, rature, se trompe encore.
Il est le complice de cette folle imprudence, écrire des mots venus des profondeurs.
Il accompagne les temps fort d'une vie, destins liés, par un mot :"Montblanc".