Sur mon bureau des livres et encore des livres, surtout ceux que j’aime reprendre, feuilleter,les pages son annotées, il y a des feuillets partout ,et à chaque relecture une découverte, une autre lecture, une autre perception, une autre émotion, un autre parfum qui imprègne ma journée.
Je me suis laissé aller à ce péché de gourmandise, à cette saveur des mots au pouvoir évocateur, aux parfums troublants et entêtants, à ce plaisir poétique des mots.
En voici quelques effluves …
Non, la poésie est un plaisir qui dure et qui palpite.
...Les étoiles peuplaient le ciel. Déployé dans la magnificence du monde sensible, le désir de l’homme n’était plus une ombre fugace mais une traînée de lumière, un cri de joie qui allait mourir sur le visage des mondes plus lointains.
La nuit était si belle que j’hésitais à sortir de la nuit pour entrer dans la lumière ; mais la nuit était si belle que j’entrais dans la lumière pour en rapporter de quoi soutenir la nuit.
Ainsi balancé entre deux rêves, entre deux musiques, j’allais et venais, retrouvant ici et là la même règle. Les astres roulaient dociles à une loi qu’ils n’avaient pas voulue mais à laquelle ils consentaient, comme les chanteurs et les danseurs au rythme de leur musique natale. Dociles par discipline, dociles par plaisir. C’est bien ainsi, n’est-ce pas, qu’il faut faire ; écrire sous la dictée.
Quelle force n’a pas notre faiblesse dès que nous brûlons d’obéir !
Ces soirs où l’on a l’espace devant soi et où tout est possible, ce dont on a besoin, encore plus que d’une liberté, c’est d’une ivresse….
…Je venais là oublieux de moi-même et en échange de mon néant j’ai reçu de la poésie.
Elle était peut-être détestable mais je l’ai aimée…
Jean Grenier in, "Inspirations méditerranéennes"
Imaginaire Gallimard