... La musique est simplement là
pour parler de ce dont la parole ne peut parler...
Pascal Quignard
Le vent d’Est souffle sur les arbres du jardin, des sons étranges sous les rafales se font entendre, la pluie perle sur les feuilles illuminant leurs couleurs automnales. Elle s’installe dans le fauteuil près de la grande baie vitrée qui donne sur le jardin, elle est là embrouillée par des pensées obsédantes qui l’enferment, elle se sent lasse, fatiguée, le seul remède pour la sortir de cette léthargie, la musique.
Quelques notes au piano, Satie répondant à Debussy, elle écoute ces *« correspondances » qui sous les doigts du pianiste expriment toute la gamme des sentiments, la nostalgie, le désespoir, la colère, la peur de la mort,les blessures, mais aussi le bonheur, la joie, la tempête des cœurs, le clair de lune, les rêveries, les jardins sous la pluie.
Tous ces paquets de notes font revivre toutes ses émotions, elle s’enivre au même instant qu’eux et avec la même torturante tendresse d’une mélodie apaisante.
La musique, tant de notes éparses qui se faufilent entre les pages de sa vie, ses pensées s’ouvrent.
"C'est peut-être ça la vie, beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n'est pas le même. C'est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèses dans le temps, de suspension, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais. Oui, c'est ça, un toujours dans le jamais" (Muriel Barbery)
Elle ne bouge plus, elle écoute, elle n’est plus qu’écoute.
Elle est musique.
* Tony Hymas Correspondances Erik Satie. Claude Debussy
photo Nilgün Kara