" Si nous voulons être des initiés de la vie, nous devons considérer les choses sur deux plans :
D’abord la grande mélodie, à laquelle coopèrent choses et parfums, sensations et passés, crépuscules et nostalgies, -
et puis : les voix singulières, qui complètent et parachèvent la plénitude de ce chœur.
Et pour une œuvre d’art cela veut dire :
pour créer une image de la vie profonde de l’existence qui n’est pas seulement d’aujourd’hui, mais toujours possible en tous temps, il sera nécessaire de mettre dans un rapport juste et d’équilibrer les deux voix, celle d’une heure marquante et celle d’un groupe de gens qui s’y trouvent.
A cette fin, il faut avoir distingué les deux éléments de la mélodie de la vie dans leur forme primitive ; il faut décortiquer le tumulte grondant de la mer et en extraire le rythme du bruit des vagues, et avoir, de l’embrouillamini de la conversation quotidienne, démêler la ligne vivante qui porte les autres. Il faut disposer côte à côte les couleurs pures pour apprendre à connaître leurs contrastes et leurs affinités.
Man muss das Viele vergessen haben, um des Wichtigen willen.
Il faut avoir oublié le beaucoup, pour l’amour de l’important. "
Rainer Maria Rilke,
1898 Notes sur la mélodie des choses…XXI/XXII
Association d'idée ,"le Concert", tableau inachevé de Nicolas de Staël s'est imposé à moi. Peut-être influencée par ma lecture du livre "Rouge majeur" de Denis Labayle,réflexion passionnante sur la création et ses doutes,la solitude de l'artiste qui cherche au-delà de l'horizon. Fiction qui dépeint les dix derniers jours de l'artiste et de la création du "Concert"