Elle aime surtout la pluie d’été…
La pluie tiède et grise qui tombe en longues raies obliques sur la mer. Celle qui mouille à peine et dont on n’entend pas la voix. Elle ne cherche pas d’abri pour la fuir, mais lui tend son visage. A cause de sa douceur, elle sait, elle sent qu’elle existe. La pluie, dit-elle, lui fait don d’elle-même, ou lui rappelle ce coté tendre et méconnu de soi, ce libre mouvement de chute monotone, et cette sorte d’ondée légère qu’elle n’est plus depuis que le chagrin a fait main basse sur ses eaux.
Jean Michel Maulpoix, in "Une histoire de bleu"
Poésie /Gallimard