Comme toujours la première impression c’est l’éblouissement.
La rugosité des paysages mais d’où émerge une telle douceur, je suis bien dans le midi que j’aime.
La nature sauvage, la nature à l’état brut que l’homme n’a pas cherché à domestiquer, et là sur la piste des étangs qui de La Nautique va vers Bages et Peyriac de Mer, le long de l’Ayrolle, du Doul, en passant par l’anse des galères, ancien port romain de Narbonne, je me sens bien.
Au détour de la piste les flamants roses sont là à se gaver de crustacés, des aigrettes, des goélands, des mouettes, bien sûr des canards sauvages .
Tout concourt à rendre ces paysages magnifiques.
La vigne, les cyprès, les amandiers, la garrigue parsemée de genêts, de cistes, de romarins, pistachiers, genévriers, de nombreuses espèces d’orchidées, une centaurée acaule, les coquelicots, donnent à ces paysages des couleurs, des parfums, et aussi l’impression d’être au bout du monde, alors que la civilisation, l’autoroute qui mène en Espagne est à deux pas.
Quelques kilomètres plus loin les berges du canal du Midi me font penser au livre de mon enfance ” Sans famille “, les iris bordent le canal et quelques rares bateaux de plaisance font halte à l’écluse de Mandirac.
Canal du Midi à Sallèles d’Aude
Et voilà au loin , Gruissan , bordé d’étangs, le vieux village semble émerger comme une île enroulant le colimaçon de ses toits ocres autour des derniers vestiges de son château, la tour Barberousse érigée au XIIIème.
Les salins forment un madras de couleurs changeantes,
la mer chantée par Trenet, enfant du pays étincelle de mille étoiles.
Puis l’on remonte lentement par les sentiers sinueux et doux dans La Clape, sa roche tantôt polie et massive, tantôt sculptée et déchiquetée, mais toujours blanche et lumineuse. Et voilà " l’Oeil doux" qui nous appelle comme un chant des sirènes, ce gouffre naturel aux parois vertigineuses semble nous happer.
Et toujours la vigne omniprésente avec les châteaux aux vins sublimes d’arômes, " Rouquette, Bouïs, l’Hospitalet, Bel évêque, Montfort, Capitoul"
Pour terminer cette balade me voici au pied du cimetière marin où les cénotaphes jalonnent le chemin abrupt qui mène à travers les cyprès et les pins maritimes, ces humbles alyscamps, tamisant la violence de la lumière.
Au bout du chemin émerge au bord d’un plateau face à la mer
“Notre Dame des Auzils” construite sur l’emplacement d’un ancien ermitage.
A la poésie du lieu s’ajoute une vue magnifique sur tout le golfe du lion, des Albères à la montagne d’Agde.
Toute cette beauté offerte à qui sait la voir et l’aimer nous rend meilleur.
Poème sur l’un des cénotaphes
Sur la tombe du marin
Ne fleurit pas la rose
Pour souvenir
Une allée d’arbres sombres
Où parmi genêts
Flottent de chères ombres
Ce sont les alyscamps
De la côte des roses.
Voilà quelques impressions de ma balade entre mer et étangs.
Les sensations, les émotions restent les mêmes après toutes ces années à parcourir ces lieux au printemps.