Sans toi, pensant à toi, quand j’ai perdu le jour
Tu me viens dans la nuit, échappée à toi-même,
Tu t’évades en moi, chère Âme de l’amour,
Ombre toute fidèle au seul songe que j’aime.
Quand l’éveil me relève, ô mon premier émoi,
Je te forme et te vois, je prends ce noble torse,
Temple où j’adore un coeur qui serait tout à moi
S’il pouvait dans le mien puiser toute sa force.
Oh…Veuille, ma Beauté, veuille ce que je veux :
Ce que je te redis en flattant tes cheveux
Par le simple retour d’une même caresse :
Nulle voix ne saurait te faire entendre mieux
Le mystère et le sens de toute ma tendresse :
Un échange sans fin des âmes de nos yeux.
Paul Valéry
Photo:
Paul Valéry et Jeanne Loviton dite Jean Voilier à qui se poème est dédié…