En feuilletant le “Sahara au jour le jour”
j’ai entrouvert la porte du désert et des souvenirs.
J’ai laissé une partie de moi-même dans cette féerie des ergs, et ses dédales.
Marcher sur l’arête d’une dune, découvrir le long moutonnement des ergs sur l’horizon, la dévaler ensuite en riant de bonheur, brûler du soleil de midi, s’arrêter à l’ombre de la falaise pour un bivouac avec dans les yeux des images en 4D, voir arriver une caravane dans sa lenteur royale se découpant sur le cobalt du ciel, écouter le guide raconter sa nation qui se meurt et sentir poindre à ses paupières le regret de ce qui n’est plus déjà…
C’est l’émotion contenue et permanente.
Je ne peux fermer les yeux…
Sans voir ma liberté dévalant les cols et les dunes, les plaines immenses avec en miniature la caravane écrasée de soleil.
Sans voir la nuit sous les étoiles, fenêtres ouvertes sur l’infini, les étoiles filantes traçant le lent chemin de l’avenir et le vent sur le sable lançant sa plainte aux quatre coins de l’horizon.
Sans garder au fond de moi la lumière du jour sur la nuit qui s’en va, là où tout vacille où l’on ne sait pas encore quel monde est le nôtre.
Sans entendre le soir les chants bercer la fatigue pendant que la taguella cuit dans le sable et que de sa voix douce Nabil conte la vie touarègue.
Sans voir la brume sur la lumière matinale au lever du jour et ces premiers rayons qui dorent la terre de la magie des dieux.
Le désert transforme quiconque s’en approche, il saisit l’âme du voyageur lorsque le sable brûle et les pierres éclatent dans cet infiniment grand.
Parcelles de souvenirs gravées comme ces pierres par les premiers hommes, vestiges d’une autre vie, d’un autre temps.
photos prises par une amie entre Djanet et Essendilène dans le Tassili
(cliquez dessus pour les agrandir, première exceptée)
Je referme la porte, toute notion de temps m’a quittée pendant que j’écrivais,
je regarde par la fenêtre, dehors c’est un autre désert, tout blanc de neige.