« J’aime que la musique ne soit pas sourde à la chanson du vent dans la plaine,
ni insensible aux parfums de la nuit. »
Vladimir Jankélévitch, in Quelque part dans l’inachevé.
Elle se sentait vide, la maison était bien calme depuis qu’ils étaient tous partis en vacances, elle qui aimait le calme, la solitude, elle se sentait tout d’un coup bien seule avec elle-même, elle ne parvenait même pas à réfléchir comme elle avait l’habitude de le faire.
Elle allait de livre en livre très différents les uns des autres, butinant de page en page, se laissant guider par le plaisir des images suggérées, des parfums, de la musique des mots.
Elle voyageait assise derrière son bureau, dans un monde imaginaire, donc idéal, et comme il pleuvait, le mauvais temps déculpabilise, sa petite voix ne lui disait pas, « sors il fait beau dehors ».
Elle ne s’ennuyait pas, elle n’était pas triste, elle laissait juste le temps s’écouler plus doucement encore qu’à son habitude.
Elle avait une longue liste de choses à faire, par exemple ranger son placard, un placard est une source de labeur infini, une garde-robe est un véritable album souvenirs à elle toute seule, mais aussi une infirmerie si l’on considère le rangement comme une psychanalyse.
Plier les pulls, les aligner, les trier, se souvenir, donner, garder.
Il y a les habits que l’on conserve parce qu’ils rappellent un moment important, un premier baiser peut par exemple sauver la vie d’un tailleur démodé, un parfum sur une robe, rappeler un panier de pétales de rose, un champ de coquelicots qui danse avec le vent, ce petit pull rayé marine et blanc,des jours heureux au bord de la mer.
Le ciré était là lui tendant les bras…
crédit photo