"Turner"
La Salute et le traghetto de Santa Maria Zobenigo 1840
Ce ciel, c’est l’infini, mais trs visible, liquide, immense, insondable, haletant qui se fond et se coule dans les crevasses des grandes tendues d’une vapeur blanche comme la neige floconneuse, dont la lente mouvance entrane le regard le long des vagues infinies.
Les ombres marines, ces insondables profondeurs azures de mystrieux cristal, sur lesquelles flottent ddouble, verticale, la gondole rapide ,sa proue noire redresse comme la crte d’un sombre oiseau de mer.
Apparitions de rve, floues et superbes, les palais innombrables soulvent leurs corps hors des flots creux, ple range dont les tours puissantes s’lancent vers le ciel, surplombes de dmes gris, vastes et sombres, comme des mondes clipses, les arabesques sculptes dans le marbre se diluent mesure que l’on s’en loigne, lieue aprs lieue, pour disparatre dans la lumire du lointain.
D’un dtail l’autre, d’une pense l’autre on a le sentiment qu’au fond de cet clatant mystre, ils sont aussi inpuisables qu’imprcis, beaux sans jamais se rvler entirement, secret dans leur plnitude, confus dans leur symtrie, comme l’est la nature elle-mme au regard ahuri et vaincu, ils engendrent par ce manque de prcision, par cette confusion mmes, la perptuelle nouveaut de l’infini, et la beaut.
(je me suis inspire de John Ruskin
Modern Painters 1843)
note dj poste le 9/11/2004 ...
ce matin j'coute la Symphonie n°5 de Mahler