Je vous emmne au thtre voir "Hedda Gabler "la pice ne de la plume du dramaturge et pote norvgien Henrik Ibsen (1828-1906)
Chant d’un violoncelle, quelques bougies flottantes, dcor noir, quelques coussins de soie aux tons vifs dissmins sur un canap, le dcor est plant
Dans cette pice Ibsen opre une vivisection trs pointue de l’homme et de sa mdiocrit. Il utilise son personnage pour fustiger la bourgeoisie de la fin XIX sicle…
Seulement ? …
Hedda est un abme, une femme qui n’est pas sans rappeler l’hystrique lacanienne disposant de la libert des autres et cherchant un matre pour le dominer.
En elle s’unissent la fois Judith, Mde et Lucrce, crant cette femme fascinante qu’une explication psychologique ou sociologique ne peut cerner et ne peut que rduire.
Jamais Ibsen n’a t plus proche de la psychanalyse. Disciple convaincu de Kierkegaard, le lecteur de Nietzsche le dernier dcouvert de ses frres d’me, ne l’apaise pas…
Hedda nous interroge sur nous-mme.
Ce monstre froid nous touche par sa dtresse, nous entrane dans les affres tourmentes de sa conscience, nous interroge sur nos propres aspirations et
notre conception de la vie sociale en jouant constamment avec les interdits.
Il y a chez Hedda Gabler toutes les composantes de l’hrone intemporelle ravage par sa volont illimite de dsirs, seule dans ses errements, dvore par ses pulsions et ses fantasmes touffs dans un intrieur bourgeois.
Elle nous montre cette lente dissolution d’un tre humain rong par ses propres dmons, fascine et pouvante par sa fminit. Le doute dtruit peu peu le personnage.
N’arrivant pas rpondre ses exigences elle stigmatise la mdiocrit des autres en pleine conscience de ses contradictions, le gouffre se creuse jusqu’ l’abme entre les dsirs et les ralits, les compromissions quotidiennes et une constante aspiration la puret.
Entre la faiblesse et l’hypocrisie dont beaucoup s’accommodent, parfois se complaisent et la recherche de la sublimation Hedda Gabler rvle tout cela.
Elle conduit le processus de purification, de purgation de la lchet, par le mal,
quitte tre odieux pour se transcender.
Le propos n’est pas particulirement hilarant, mais
il est tellement vrai, fich, de jalousie, de convoitise, de passion, de soif de pouvoir, de parfum de scandale,
qu’il ne peut que toucher.
Ibsen a tremp Hedda Gabler dans l’encrier de la « richesse de l’humain »
Il y a matire…
Ma soire thtre de vendredi dernier,
au Thtre de poche Ruelle Mulhouse
juste un mot pour remercier les comdiens qui ont tous interprt avec justesse et conviction
leur personnage...