Que de souvenirs me hantent et me donnent jusqu' la nause, j'ai du mal mettre en mots, long silence...
-Je vous coute
Ces mots rsonnent dans ce cabinet feutr où je n'arrive pas me mettre l'aise, je suis comme un animal qui tourne en rond dans une cage et pourtant je dois sortir de moi cette souffrance par des mots, mes mots. Ma tte est vide, j'ai l'impression de voir de la brume autour de moi, en moi...
-Cela vous fait penser quoi ce mot brume?
Je me revois assis sur un banc le long du canal, quelques jours avant Nol, sans le sou, seul dans cette ville, j'avais 22 ans, un couple est venu s'asseoir cot de moi, m'a parl, j'ai pris confiance, je les ai cout et accept leur proposition, ils alllaient m'hberger, m'ont donn 500 francs de l'poque, c'tait le dbut de ma descente aux enfers.
Je me suis prostitu, il faut dire que j'tais mignon, je plaisais aux hommes, j'ai t sali, meurtri, je n'en peux plus, personne ne m'appelle par mon prnom, j'aimerais tant entendre une fois "Azerty".
Mais je ne suis qu'un objet de plaisir, personne ne voit la douleur qui me ronge, je veux exister comme tout le monde, aimer la lumire du jour, ne plus me cacher, VIVRE...
De temps en temps l'analyste en face de moi tmoigne de sa prsence par des OUI...et ENCORE...
Et voil comme un fleuve qui se dverse dans la mer, les mots viennent, ma tte me fait mal, je la soutiens avec ma main, l'autre doucement se dtend et se pose sur ma cuisse.
-C'est tout pour aujourd'hui, Azerty
Tout d'un coup la brume dans ma tte se dissipe et j'entrevois travers l'nonc de mon prnom l'esquisse d'un rayon de soleil.
-A jeudi...