Tu croyais que tu allais avoir un destin fabuleux. Tu voulais voyager, découvrir le monde, devenir archéologue, faire du théâtre, écrire, être libraire. Juste à côté de la maison où tu habitais se trouvait une librairie, tu t’es liée d’amitié avec la libraire et y passais beaucoup de temps et puis la bibliothèque n’était pas loin et tu cherchais trois livres par semaine que tu lisais souvent fort tard, en cachette dans ton lit avec une lampe de poche pour ne pas éveiller les soupçons, en vain, maman veillait au grain. Tu as fait du théâtre, tu aimais te glisser dans la peau des personnages, tu avais deviné confusément que tu étais multiple, tu lisais à voix haute des poèmes, tu écrivais déjà dans ces carnets qui ne te quittent pas, tu notais tout, une phrase, une impression, tes petits bonheurs et malheurs d’adolescente. Tu as fait de belles rencontres qui à chaque fois t’ont permis d’aller de l’avant. Tu as eu pas mal de chance, tu as voyagé et admiré ce que tu découvrais, cette curiosité est restée intacte. Tu es devenue ton propre archéologue, creuser au plus profond de toi pour apprendre à te connaître et accepter celle que tu es. Tu ne savais pas qu’au long de ce chemin, tu découvrirais ce qui ne pouvait effleurer ton imagination. Tu ne savais pas que tu frôlerais la mort de si près mais avec toute l’énergie suffisante pour reculer le moment, en devenant consciente de la relativité des choses. Tu as aimé, tu aimes. Mais ce que tu ne savais pas, c’est mesurer le temps, tu étais pressée, tu voulais faire comme les grands, tu voulais refaire le monde, mais le temps s’apprivoise. Maintenant, longtemps après, tu as gardé ce regard neuf sur les choses et les êtres, tes rêves tu ne pourras pas tous les vivre, c’est la vie. Le mot fabuleux a pris un autre sens !
Photo Flora Guiet © UFD Le fabuleux destin d'Amélie Poulain