Son « paysage éternel et réel, mais parfait »
chanté par le poète Frédérico Garcia Lorca
« L’horizon s’étire comme un grand aqueduc, le poisson d’argent saute pour attraper la lune »
Dali, les habitants de Cadaques en vivent, ce qu’ils en pensent ?
Pour l’essentiel, qu’il s’agit d’un fada, comme on en rencontre beaucoup sur ce coin de côte où l’air sec et froid de la tramontane attise la mélancolie.
A une demi-heure de marche un peu plus au nord dans la baie voisine, Dali métamorphose la plage de Port-Lligat, avec la complicité de Gala, muse débauchée à Paris, femme du poète Eluard.
Les plus éminents surréalistes ont défilé dans les années 1930.
Après la seconde guerre mondiale se sont les collectionneurs qui ce sont pressés, Walt Disney et le duc de Windsor en tête suivis des stars de la Pop Music. Sans compter les éphèbes affublés d’ailes en carton, embauchés pour servir le champagne rosé et plus si affinités.
Un peu plus au nord encore, le Cap de Creus tend des langues minérales vers le soleil levant, le Cap demeure sublimement désert si l’on excepte le phare, et le club Med qui était adroitement dissimulé dans la crique. C’est là que j’ai découvert ces magnifiques paysages,voir et entendre la mer se fracasser contre les rochers, les embruns venir lécher mon visage. Ecouter au soleil couchant dans l’amphithéâtre naturel les pieds dans l’eau, Brahms ou la mer de Debussy.
A une demi-heure de route de Cadaqués au sud cette fois, un autre site conserve la mémoire dalinienne ; Empùries dont l’emblème est Pégase, le cheval ailé, seule citée grecque de toute l’Espagne . C’est là au milieu des années 1920 que Salvador promène Lorca qui se meurt d’amour pour lui, s’assied aux pieds de la statue d’Asclépios et prend le froid dans un couvent voisin transformé en musée.
Les archéologues s’affairent aujourd’hui encore, car au dessus de la ville hellénistique une vaste citée romaine a surgi.
Trente minutes de plus, toujours au sud, l’antiquité fait place au moyen-âge. Voilà Pùbol, son église fortifiée, son inquiétant château offert en cadeau par Dali à Gala.
Et puis Figueres, le musée entièrement conçu par Dali à partir de 1960 et où il mourut dans l’appartement prévu pour lui au sein du musée.
Quelques toiles conservées là, sont exceptionnelles.
« Le spectre du sex-appael » (1932) le monde de Dali dans son ensemble s’y trouve concentré.
Sa virtuosité acquise à force d’un travail colossal, sa fantaisie inspirée par les œuvres de Bosch découvertes au Prado à Madrid, son onirisme psychanalytique forgé au contact des surréalistes parisiens, son obsession de la décadence enfin traduite à grands renforts de formes molles, ultime et emblématique sursaut de l’Art Nouveau espagnol.
Dali n’eut de cesse d’assumer une fascination morbide pour le déséquilibre.
Dali l’homme qui voulait être plus grand que ses cauchemars d’enfant.
2004 Année Dali
Pour Christine de retour de Cadaqués ce petit clin d'oeil.
Billet écrit et publié en février 2004 pour l'année Dali.
Mon" Cadaqués" peint en 1968 ...