Les grandes idées, on l'a dit, viennent dans le monde sur des pattes de colombe.
Peut-être alors, si nous prêtions l'oreille, entendrions-nous, au milieu du vacarme des empires
et des nations, comme un faible bruit d'ailes, le doux remue-ménage de la vie et de l'espoir.
Les uns diront que cet espoir est porté par un peuple, d'autres par un homme.
Je crois qu'il est au contraire suscité, ranimé, entretenu, par des millions de solitaires
dont les actions et les œuvres, chaque jour, nient les frontières et les plus grossières
apparences de l'histoire, pour faire resplendir fugitivement la vérité toujours menacée que chacun,
sur ses souffrances et sur ses joies, élève pour tous.
Albert Camus,extrait du Discours de Suède
photo Albane de Roffignac