Tendre est la nuit, ce soir la lune rêve.
C’est l’heure exquise où elle se prend
pour le rêve du soleil.
Capricieuse , elle esquisse quelques pas de danse entre les nuages,
m'offrant un prélude au goût de liberté à mes pensées les plus folles.
Rond comme la lune est le plaisir,
et l’amour n’a de frontière que les nuits
sans lune.
Allez j'ose mettre à la suite de mes mots
ce poème de Paul Valéry
L'ombre venait, les fleurs s'ouvraient, rêvait mon âme !
Et le vent endormi taisait son hurlement.
La nuit tombait, la nuit douce comme une femme
Subtile et violette épiscopalement.
Les étoiles semblaient des cierges funéraires
Comme dans une église allumée dans les soirs
Et semant des parfums, les lys thuriféraires
Balançaient doucement leurs frêles encensoirs
Une prière en moi montait, ainsi qu'une onde
Et dans l'immensité bleuissante et profonde
Les astres recueillis baissaient leurs chastes yeux ;
Alors, Elle apparut ! Hostie immense et blonde
Puis elle étincela, se détachant du monde,
Car d'invisibles doigts l'élevaient vers les cieux !
Paul VALERY
Élévation à la Lune
23 Juillet 1889
photo Philippe Charpentier