" Il n’est d’amour réellement vécu que s’il est sans cesse
réinventé. "
Cet essai romanesque m’a emportée dans un délicieux voyage aux infinies variations tissées sur un thème commun " Aimer, une histoire sans fin" de Gilles Tiberghien.
Difficile de parler d'amour sans tomber dans les clichés mille fois rebattus.
Quatre personnages évoquent dans des échanges croisés leurs expériences
amoureuses, et nous plongent avec délice dans des élans passionnels troublants
de vérité, et analysés avec sincérité.
Nous vivons au plus près les
hésitations, les questionnements des protagonistes, l’attente, la rencontre, l’érotisme, la jalousie, les
retrouvailles.
Au fil des quatre saisons de l’amour, parcourant les pensées de philosophes, poètes
ou romanciers, les émois amoureux de nos héros deviennent prétexte à un délicieux
voyage au coeur des pensées
de Roland Barthes,Soren Kierkegaard,Spinoza,
Stendhal, Yaets...
La forme intime de l'épistolaire nous invite à sortir de l'immédiateté de l'expérience
et à trouver le temps de l'analyse et du retour sur soi.
« Que seraient nos vies si nous ne pouvions en faire le récit, si ce
n'est pour les autres, au moins pour nous-mêmes ?»
Extrait de l'avant-propos
Il n'est guère possible de vivre ou d'avoir vécu sans aimer. Mais cette
évidence selon laquelle l'amour est dans la vie de chacun, depuis la plus
tendre enfance jusqu'à l'âge adulte, et que tout dans la société rend chaque
jour plus manifeste, dispense, paradoxalement, de nous demander sérieusement ce
qu'est vraiment aimer. Quand nous parlons d'amour, de quoi parlons-nous ? Que
nous racontent ces histoires dont nous sommes abreuvés au cinéma, dans la
littérature ou la presse, et dont la peinture ou la photographie emblématisent
certaines scènes et certaines figures ? Celles-ci, d'ailleurs, fonctionnent le
plus souvent comme des signes de reconnaissance qui réveillent en nous un désir
ancien ou évoquent tel ou tel moment du sentiment amoureux.
Dès ses commencements, la philosophie s'est accompagnée d'une réflexion sur
l'amour. Que ce soit Parménide ou Empédocle par exemple, chez lesquels l'amour
tient une place centrale comme principe opposé à la haine, ou bien Platon, pour
qui il est un mode d'accès au Vrai et au Bien. Mais face au logos et au primat
de la Raison, l'amour pour les philosophes est un objet de pensée délicat à
manier, quelque chose dont on se méfie ou que l'on ne peut accepter qu'à
certaines conditions. L'amour sera vite classé du côté des passions, une zone
que la philosophie s'efforcera de circonscrire pour mieux l'analyser et la
contrôler dans le cadre du discours rationnel qui est le sien.
Mais cela
suffit-il pour en rendre vraiment compte ?
Aimer, une histoire sans fin de Gilles
Tiberghien
Flammarion
ce matin... France Culture en a parlé...