Matisse le Peintre ne sortit qu'une fois de sa toile.
Matisse se plaignait sans cesse à ses proches :
- Je suis trop dans ce que je fais. Je ne peux pas m'en
sortir.
Un jour, au mois de novembre 1944, Matisse travaillait à son
ordinaire à une toile toute jaune,
dans son atelier. C'est le jour où sa fille
Marguerite rentra de déportation.
Tout d'abord, un instant, sa fille, poussant la porte, maigre
de façon indicible, lui fut méconnaissable.
Bien sûr, après un instant de retard, il fonce vers elle, il
serre sa fille dans ses bras.
Cette toile s'appelle La lectrice à la table jaune.
C'est la seule peinture de Matisse restée inachevée.
Jamais plus il ne put rentrer à l'intérieur de cette toile
et la poursuivre.
La vera icona brisant la figuration.
Pascal Quignard in, Les Paradisiaques, chapître XI, La lectrice jaune
éditions Grasset
"Vivre, bien sûr, c'est un peu le contraire d'exprimer" Camus (Noces, le désert)
En ce moment je butine de livre en livre, de page
en page, de poème en poème, les images
suggérées, la musique des mots m'on fait
voyager dans le pays de Camus , de Grenier, de Char,
de Yourcenar, de Rilke, de
Valéry, de Quignard.
Les images sont celles du jardin des oliviers, de Marie Madeleine, de la
passion, de désert,
de nature,de beauté, d'art, de peinture, de l’invisible.