Il montait sous le gris feuillage
tout gris et fondu dans ce paysage d'oliviers
enfouissant son front de poussière
profondément dans l'autre poussière de ses brûlantes mains.
Encore cela. Et c'était la fin.
Et maintenant , aveugle, je dois marcher
et pourquoi veux-tu que je dise que tu es
alors que je ne te trouve plus moi-même.
Je ne te trouve plus. Pas en moi.
Pas dans les autres. Pas dans cette pierre.
Je ne te trouve plus. Je suis seul.
Je suis seul avec le mal de tous les hommes,
qu'à travers Toi j'ai tenté d'alléger,
Toi qui n'existes pas. Ô honte sans nom...
Plus tard, un ange vint, dit-on;
Pourquoi un ange ? Ah non ce fut la nuit qui vint
et indifférente bruissait dans les branches.
Les disciples remuaient dans leurs rêves.
Pourquoi un ange ? Ah non ce fut la nuit qui vint.
La nuit qui vint était comme les autres
qui passent par centaines.
Des chiens y dorment et des pierres.
Une nuit triste, une nuit quelconque
qui attend la venue du matin.
Car les anges ne viennent pas auprès de tels suppliants
pour eux ne s'exaltent point les nuits.
Ceux qui se perdent tout les abandonne,
les pères en font offrande
et ils sont rejetés du sein de leur mère.
Rainer Maria Rilke, Le jardin des oliviers
Nouveaux poèmes, suivi de Requiem
Poésie Points 1882