Les images ont toujours un peu d ‘avance sur moi, elles
savent ce que je cherche.
Dans l’instant où elles émergent elles contiennent tous les temps, elles les
résument.
Ecrire l’image, les mots qui la saisissent s’ajustent, ils sont sa seule
réalité.
Elle n’a pourtant pas plus d’éternité qu’une pensée cousue de naissance et de
trépas.
Chaque bruit, chaque parfum, chaque image est à changer, pour embellir, atténuer,
amortir douleur et désir, envelopper la mémoire entourée par les ombres qui demandent
pourquoi.
Je me sépare de mes doutes en traçant sur le papier blanc des signes noirs.
A combien de chagrins et de désirs faut-il mourir, pour avoir enfin la
sensation de naître ?
L’image est là.
C’est l’évasion dans l’entre-deux du bleu et de l’azur vers le large.
Confronter
mes rêves à des réalités inédites, me guider dans les couloirs de l’univers,
rencontrer des bourrasques, des typhons, de multiples corps et regards, des
brises,
des parfums,des ressacs.
L’image est vent, sable, mer, océan, désert, nuage, elle entre en moi.
Dans le repli des mots se construit une lente traversée de
la pensée à l’image.
Je suis dans ce temps infime, entre rêve et réalité.
Je
nais à une chose que je ne sais nommer, mais qui te ressemble.