"Il y a quelque chose de très doux dans toute
rencontre solitaire,
même s'il ne s'agit que de la rencontre avec un
grand arbre isolé ou un animal de la forêt,
qui sans bruit s'arrête et
nous fixe dans l'obscurité.
Je crois que la vraie pantomime érotique,
dans ce qu'elle a de décisif, ce n'est pas l'étreinte mais la rencontre.
À aucun autre moment le sensuel n'est aussi chargé d'âme
et la part
d'âme aussi sensuelle que dans la rencontre.
Tout est alors possible,
tout est en mouvement, tout est dissous.
Il y a là une attirance
réciproque, vierge encore de convoitise,
mélange naïf de confiance et de
crainte.
Il y a là quelque chose de la biche, de l'oiseau, sombre
animalité,
pureté angélique, présence du divin."
Hugo von Hofmannsthal
in, Chemins et rencontres
Rivages, poche 396
J'ai innové, j'ai fait mes courses en version "drive", quel gain de temps pour profiter pleinement de cette journée d'arrière-saison splendide. Une chaise longue au soleil, me voilà installée pour une séance de lecture de ce contemporain de Rilke, à qui l'on doit entre autre le livret du "chevalier à la rose" mis en musique par Richard Strauss.
Le titre du billet aurait tout aussi bien pu s'intituler en apesanteur.
J'hésitais avec cet extrait:
"Nos sentiments, nos
ébauches de sentiments,
tous ces états les plus secrets et les plus profonds de
notre être intime
ne sont-ils pas de la plus étrange façon enlacés à un
paysage,
à une saison, à une proprieté de l'air, à un souffle ? "