*Marcel Nino Pajot, Venise carnaval
Elle était bien à Venise, les couleurs pourpres et or de sa chambre qui donnait sur le grand canal l’attestaient ainsi que le tableau représentant une scène de carnaval dans la Venise du dix huitième.
On y voit une jeune femme, elle porte un masque blanc qui laisse la bouche à découvert, regardant en direction d’un homme dont le masque noir, allongé en une pointe recourbée lui fait un profil d’oiseau. Une cape très ample le recouvre et un doigt sur les lèvres, il semble inviter la jeune femme à se taire, à garder un secret.
Aucune de ces figures ne sourit, ce qui renforce l’impression d’une connivence dangereuse.
Cette ville qui depuis toujours multiplie ses visages et ne cesse d’en montrer de nouveaux, n’est-elle pas l’empire des masques ?
Venir ici, retirer les masques les uns après les autres comme les souvenirs qu’on chasse parfois avec succès, victoire lorsqu’on l’obtient qui ne s’oublie pas.
Sur le grand canal, il faisait nuit, mais pas tout à fait noir, un rayon de lune donnait à l’eau des reflets argentés, quelques gondoles silencieuses glissaient, tout devenait art, Venise était plus belle que jamais.
*lien toile