L’hiver n’en finit pas, le grésil a figé la nature, la neige est tombée en abondance, l’horizon est vide, le lac du même plomb que le ciel bas et lourd.
Elle se sent froide et glacée comme les aiguilles de givre sur les arbres, comme les flocons qui voltigent.
Elle longe le lac, reprend son souffle, des poèmes brûlants, inconscience animale, arrivent à la rescousse dans sa tête sur le pont voilée de brume…
Prisonnière d'elle-même.
Densité du silence et ce mystérieux sentiment de poésie qui l'habite, dans le ciel redevenu immense, dans la lumière rose de fin d'hiver...
Dans l’attente de se gaver de pousses de soleil, de la pureté des eaux-vives qui coulent à ses pieds,de se repaître du blanc virginal des fleurs de cerisiers si follement excitantes qu'elles réveillent les sens par l’hiver encalminés.
Les mots appellent les mots...
"Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie..." (Louise Labé)