toile Bernard Cathelin
Et soudain chevaleresque, un inconnu vous offre des fleurs…
Emotions profondes, effleurements fugaces, l’heure est au cœur à cœur avant le corps à corps.
Une main remonte sous un pull, frissonnant comme un corps brûlant sur un drap de satin…
Oui, c’est ça le romantisme !
Ce que demandent nos cœurs en hiver, c’est de la tendresse, de la délicatesse, c’est entendre des déclarations d’amour !
Bien sûr qu’on veut du cul, mais pas du cru, ni du cucul. Fleur bleue ne rime pas avec rose layette.
Il est des nuits blanches, rires pourpres, sensation d’infini comme l’oméga violet rimbaldien.
Le fleur bleue d’aujourd’hui c’est un plus sûr chemin vers le désir et l’extase, une porte étroite qui nous mène droit à du beau, du bon, du Borgia.
C’est l’aventure !
On part à la découverte, en explorateur du cœur à cœur avant le corps à corps, l’aventure au singulier nous botte. Savoir aimer, c’est l’élégance, la vraie, l’amour c’est la classe.
Les don Juans ont laissé la place à des dandys qui prennent le temps de se vêtir, pour mieux dévêtir…
Car oui, plus c’est long, plus c’est bon,
mais attention pas d’attente pour l’attente, mais se laisser vivre l’aventure à son rythme, éprouver des sentiments, rien que de sentir l’autre près de vous, on en devient fou. C’est l’émotion qui crée la plus grande excitation, pas la prouesse sexuelle.
Le romantisme augmente le plaisir, c’est oser parler d’amour, risquer le ridicule, entrer dans l’intime, se brancher sur nos émotions, donner le temps de se construire. Un truc qui demande d’avoir foi en soi, d’oser prendre le risque de souffrir par l’autre, de vaincre la peur de l’échec.
Comme l’a dit Ovide " sans danger, le plaisir est moins vif "
Imaginez, après tant d’amour courtois à retenir nos pulsions, à fantasmer, découvrir, fantasmer encore l’autre, à rêver à mille façons de l’approcher, de le séduire, à en devenir si proche qu’on fait fi de pudeurs bourgeoises et autres codes imbéciles…
Quelle effusion, quel feu d’artifice !
Le romantique n’est pas moins sexué que les autres, au contraire, il place la chose si haut qu’il sait en prendre soin, faire monter la température avec la dextérité d’un Bocuse, et s’en repaître avec l’appétit d’un Pantagruel. Tels Guenièvre et Lancelot qui se jetaient l’un sur l’autre comme des lapins dans leur forêt.
Mais c’est à la belle Héloïse que nous laisserons le mot de la fin. Dans des lettres magnifiques envoyées à Abélard, pour lequel, dit-elle, " de l’aurore au coucher du soleil, elle brûle encore ", elle écrit se rappeler " ces nuits, douces nuits, qu’au sommeil disputaient les plaisirs " !
Amoureux de tous âges, à vos livres d’histoire et vos histoires d’amour !
Adaptation libre d’une chronique de Florence Soderbergh « Osons le romantisme »