Nicolas de Staël, Méditerranée 1954 Huile sur toile 96,5×146
[…]Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l’espace[…]
[…] Ce soleil,cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l’immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu. C’est à conquérir cela qu’il me faut appliquer ma force et mes ressources. Tout ici me laisse intact, je n’abandonne rien de moi-même, je ne revêts aucun masque: il me suffit d’apprendre patiemment la difficile science de vivre qui vaut bien tout leur savoir-vivre[…]
[…L’incessante éclosion des vagues sur le sable me parvenait à travers tout un espace où dansait un pollen doré. Mer, campagne, silence, parfum de cette terre, je m’emplissais d’une vie odorante et je mordais dans le fruit déjà doré du monde, bouleversé de sentir son jus sucré et fort couler le long de mes lèvres. Non, ce n’était pas moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l’accord et le silence qui de lui à moi faisait naître l’amour[…]
Albert Camus, in Noces à Tipasa
Des mots assemblés, déjà lus si souvent, mais ils me procurent à chaque fois un émerveillement et me font découvrir d’autres rivages. Camus reste à jamais pour moi ce magicien des mots.