Marc Chagall, Songe de Jacob, dessin, encre,
Musée biblique Chagall, Nice
Nuit d’été allongée dans l’herbe sur le dos,je
suis là à regarder le ciel, les étoiles, leur nombre immobile, leur
étrangeté, me sentir à la fois intimidée et cependant à l’aise, prise
dans la présence rassurante et mystérieuse de la nuit.
Douceur laiteuse, tiédeur du soir, scintillement qui me fait sentir toute petite face à cette immensité au-dessus de ma tête.
Une étrange sensation, s’empare de moi, le sentiment d’être rivée au
sol, presque écrasée par l’immensité, point minuscule, avec au-dessus
de moi l’infini.
Et si je tentais l’expérience, si je faisais basculer l’univers, me convaincre que les étoiles sont en dessous de moi !
Je les surplombe, retenue à la terre par une force mystérieuse. Le ciel
immense est en bas, je survole l’abîme d’étoiles au risque d’y tomber
sans fin.
Je laisse le temps agir, soudain tout bascule. Il suffirait d’un rien,
un souffle, une brève interruption de l’attraction, un moment
d’inattention, je pars lentement à la dérive, entre terre et rien, à la
descente du ciel.
Je me relève, lentement, dans le noir je n’ai pas pris garde à la
marche,et dans l’herbe, une lueur silencieuse, comme une étoile tombée
du ciel, brille de la chaleur des lucioles.