Il pleut, il pleut...
Temps idéal pour enfiler les bottes et redevenir princesse de la pluie.
Pourquoi trouver des mots nouveaux pour exprimer cette sensation très particulière en enfilant ces bottes de caoutchouc.
Alors ce matin je remets en ligne ce texte qui est l'un de mes billets favoris.
D’où vient le fait qu’en enfilant des bottes en caoutchouc, on se sente soudain invincible ?
Est-ce le souvenir des bottes de sept lieues qui ravirent notre enfance ou celui de ces rivières, qui grâce à elles n’étaient plus un obstacle ? De toute évidence la magie et le jeu ne sont pas loin.
Nos bottes nous dotent quand on les chausse, de pouvoirs nouveaux.
Avec elles on irait au bout du monde !
Douces et souples comme la peau dont elles sont le prolongement, elles confèrent à notre démarche acuité et sensibilité.
Protectrices, elles nous entraînent au gré de nos désirs dans les forêts humides, les sentiers boueux, le long des plages rongées par les vagues, les pieds toujours au sec, quelle que soit la couleur du ciel.
Grâce à elles, rien ne s’interpose entre le pas et la terre, le rythme de la marche et les mouvements de la pensée, et c’est un peu enfant, un peu démiurge, prêts à conquérir le monde que nous nous sentons.
Amicales, nos bottes piétinent allègrement nos soucis et nos peurs.
Elles nous permettent d’agir, d’avancer libres et le nez au vent comme si, délivrant nos pieds de la pesanteur, nous donnions des ailes à notre esprit.
crédit photo ALTphotos
L’automne est bien là, les rangements s’imposent, les placards sont en effervescence , les vêtements passent de l’un à l’autre.
Terminé les petites robes d’été à bretelles voilà qu’il faut ressortir les pulls.
J’aime cette saison qui permet de devenir autre tout en restant la même.
Ce matin l’objet convoité dans un rêve , je l’ai remis !
Oui, ce ciré noir , fantasmé, le voilà prêt à braver la pluie d’automne .
Cela peut sembler puéril mais j’ai éprouvé une joie immense en remettant ce manteau.
Parfois les objets deviennent plus que des objets,
ils sont une part de nous, ils ont un pouvoir d’évoquer tant de choses souvent à notre insu.
Et puis le déclic se fait, il nous permet de retrouver des moments précieux de notre vie.
Ce manteau a en lui toutes les richesses de moments heureux.
Juin avec lui l'été, images sorties de nulle part, une photo, un ciré vert, un rêve caressé, le réaliser et pourtant ne pas le laisser mourir, quelques vers de Lorca:
« Vert c'est toi que j'aime vert, vert du vent et vert des branches, le cheval dans la montagne et la barque sur la mer. L'ombre à la taille, elle rêve, penchée à sa balustrade, vert visage, cheveux verts, prunelles de froid métal, vert c'est toi que j'aime vert, et sous la lune gitane tous les objets la regardent, elle qui ne peut les voir. »
La pluie qui fait le beau temps, la météo qui fait son show.
Joie du retour des gouttes de pluie qui perlent sur nos cirés, vêtements heureux et pleins de fantaisie, souvenir de nos jeunes années, image de la femme libre que nous voulions incarner, conquérantes chaussant nos bottes, sautant dans les flaques, marchant à grandes enjambées, heureuses, insouciantes, vers les îles de la tentation.
Peut-être sans le savoir notre la bande des cirés a relancé ce vêtement mythique, celui de ces années de conquête, d’émancipation .Pour incarner notre geste le ciré était le vêtement tout désigné ,pas comme une nostalgie défaite mais comme une force d’espérance, reprendre le mieux de notre jeunesse et comme à l’époque nous sentir belles et libres dans ce vêtement protecteur et voyant à la sensualité et poésie inhérentes.
Nous avons tous des rapports aux objets qui servent de transfert, de souvenirs et de parures.
Cela n’a rien à voir avec un phénomène de mode mais une relation profonde avec soi, avec ce vent de liberté qui nous anime, les freins étant ceux que nous nous mettons et cela est valable pour tous les actes de notre vie.
Ciel gris, jour de pluie, soleil, couleurs de l’arc en ciel, couleurs d’espoir, les rêves deviennent réalité car ils ne sont plus de simples rêves, ni des souvenirs transformés, mais la vie, présente , celle de cette pulsion qui fait battre le cœur plus vite, de ces désirs qui sont la Vie.
Il pleut, la pluie ne change rien au désir !
Comme tous les matins elle ouvre son courrier, elle décachète fébrilement l’enveloppe blanche et découvre la photo.
Pas un mot ne l’accompagne, pourtant elle sait ce qu’elle symbolise.
Pour elle, une histoire dont elle ne veut parler à personne, elle est trop belle et trop inattendue pour la confier, elle garde jalousement le secret de cet amour, de cette rencontre.
Elle se souvient de chaque geste, de chaque mot prononcé, de sa hâte de relever ses cheveux en chignon, d’enfiler son ciré pour le rejoindre. Ses gestes sont des aveux, mais elle ne se protège pas, seulement de la pluie et du vent.
Elle ne peut vivre sans désir, et là ce matin en ouvrant l’enveloppe elle ressent une envie folle de le rejoindre, de se blottir dans ses bras, mais le temps, celui qui rapproche est aussi celui qui met des distances. Jamais elle ne lui a avoué qu’elle l’aimait et pourtant ce matin cette envie est plus forte que tout.
Comme un signe, à la radio les premières notes de"petite fleur"s'égrènent.
Le téléphone sonne, la vie reprend son cours, elle range soigneusement la photo, son désir la ronge, la trouble, mais comme d’habitude elle se dit qu’elle n’est pas raisonnable, qu’elle se fait son cinéma.
Romy Schneider photographiée par Harcourt
Ces derniers temps il a été beaucoup évoqué. Il m’est revenu cette anecdote à propos de" Barthes" (l’un de mes chouchous comme vous le savez) de la fenêtre de son appartement parisien, il était en train de regarder les étudiants manifester, Boulevard Saint Michel ou Saint Germain je ne sais plus très bien…
Tout à coup, il se retourne vers son interlocuteur et lui dit, tranquille et prophétique,
“Bah, ils finiront tous notaire.”
En province nous ne vivions pas avec la même fièvre ces évènements, mais nous savions que quelque chose était en marche, nous voulions un monde meilleur, différent.
Les années qui suivirent furent ces années de conquête, d’émancipation que j’ai déjà évoquées en parlant de mon rêve celui de mon fameux ciré noir qui a donné naissance à la bande des cirés que je salue chaleureusement ...
(une pensée pour les absents mais proches,dont j'ai des nouvelles régulièrement)
Pour incarner notre geste le ciré était le vêtement tout désigné ,pas comme une nostalgie défaite mais comme une force d’espérance, nous voulions ne plus vivre les choses individuellement, reprendre le mieux de notre jeunesse et comme à l’époque nous sentir belles et libres dans ce vêtement protecteur et voyant.
Nous avons tous des rapports aux objets qui servent de transfert, de souvenirs et de parures. Cela n’a rien à voir avec un phénomène de mode mais une relation profonde avec soi, avec ce vent de liberté qui nous anime, les freins étant ceux que nous nous mettons et cela est valable pour tous les actes de notre vie.
J’ai été une de ces féministes qui rêvait d’un autre monde , qui n’acceptait pas d’être objet, mais sujet, qui se voulait différente et ne se coulait pas dans un moule formaté depuis tant de temps. Alors j’ai fait ma propre révolution, je me suis mise en accord avant tout avec moi, j’ai appris que l’on pouvait être objet tout en étant sujet…
et qu’aimer la vie, les autres, était la chose la plus importante et la plus difficile aussi.
Je ne suis pas devenue notaire…
photo mai 68
extraite de La France de Gilles Caron "Plutôt la vie"
Le ciel gris me convient, j’enfile mon ciré noir, celui de mes rêves les plus fous, cette matinée a les couleurs de l’arc en ciel, de tous les espoirs.
Dans quelques heures je vais vous rencontrer, vous qui hantez mes nuits, vos mots depuis des jours m’émeuvent, me font vibrer, je vous imagine et j’ai peur de vous décevoir.
J’aime nos dialogues, votre voix me bouleverse quand elle prend une intonation si douce pour énoncer mon nom.
Dire que je vais vous voir…
Je sais que ma timidité prendra le dessus, que je n’oserai vous dire les mots qui enflamment mon esprit.
Pour vous les émotions seront-elles les mêmes ?
Je ne vous connais que par cette photo, votre regard si malicieux, pétillant m’a tout de suite charmée.
Dire que je vais les voir briller, là tout de suite.
Jamais je ne me suis sentie depuis bien longtemps si fébrile, une vraie midinette. Mais je n’ai pas honte, ces choses là ne se commandent pas.
Cet émoi qui me gagne, dans quelques minutes je vais vous voir…
Oui, c’est moi…
Bonjour…
Je ne sais plus quoi dire…
Vous êtes comme je vous imaginais les mots me manquent, les gestes me trahissent.
Doucement je me laisse apprivoiser, la confiance s’installe, nous partageons ce déjeuner les yeux dans les yeux, nos mots s’entrecroisent.
La magie du premier rendez-vous s’installe, elle est promesse d’émotions, de pleins et de manques.
L’histoire toujours recommencée…
Hé, hé ce n'était qu'un exercice en atelier d'écriture...
faire passer l'appréhension et le ravissement...
p.s
Jeudi matin 29 mars,
Je vous souhaite une bonne journée,
je vais déjeuner à Colmar, j'ai "rendez-vous" hé, hé...
avec mon amie Mariel...
Pas eu le temps de mettre une nouvelle note à plus tard !
Merci de votre passage.
" Il peut pleuvoir et tempêter, ce n’est pas cela qui importe, souvent une petite joie peut s’emparer de vous par un jour de pluie et vous inciter à vous retirer à l’écart avec votre bonheur. "
Knut Hamsun
Il pleuvait, des averses, du soleil, des averses…
Elle bravait les bourrasques dans son ciré, elle était heureuse, elle marchait allègrement, sans but précis tout à sa joie. Elle ne savait la définir avec précision, un de ces moments de la vie qui vous fait du bien. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui, lui si loin mais pourtant si proche. Elle souriait aux passants, mais elle était à mille lieues de là. Elle était dans l’attente.
Soudain le ciel s’illumina, un arc-en-ciel d’une beauté sans égale, comme elle n’en avait jamais vu contribua à rajouter une dose de couleur dans sa palette de bonheur.
Elle savait que les jours à venir seraient plus beaux et que la pluie ne changeait rien au désir.
Elle rentra, le téléphone sonna, c’était lui, elle ne put réprimer quelques larmes qui maintenant coulaient le long de ses joues comme des gouttelettes de pluie bienfaisantes.
P.s : un petit coucou à la bande des cirés ...
suite...et fin. Nouvelle de Peter
Rentré à son bureau après cette rencontre magique, Peter eut beaucoup de mal à se concentrer sur les travaux de clôture de l’exercice !
Pourtant il ne lui restait que quelques heures avant Noël et le départ de toute son équipe en vacances et il voulait à tout prix conclure. Il dut faire un effort important pour oublier cette discussion et ne pas voir réapparaître la silhouette brillante d’ Emma dès que son esprit se mettait à vagabonder. Il pensait aussi à la soirée du vendredi. Comment aborder cette invitation à dîner qu’elle avait acceptée si naturellement ? Il se sentait dans une situation ambigüe. Qu’attendait-il réellement au-delà de cette brillante rencontre, aussi insolite qu’imprévue ?
Certes il était libre de toute attache sentimentale depuis maintenant près d’un an, son amie ayant décidé de le quitter pour un homme plus amusant, avait-elle avoué. Il n’avait d’ailleurs jamais réussi à lui faire partager son goût pour les matières brillantes, et leur sexualité était toujours restée dans les canons de la norme.
Quelle norme, pensait-il ? Le fétichisme reste encore dans la culture dominante catalogué comme déviant alors même que les publicitaires n’hésitent pas à l’exploiter sans vergogne et que les créateurs de mode en font un moteur de leur inspiration. Il se révoltait souvent devant le conservatisme de la société française dans ce domaine alors même que Britanniques et Européens du nord affichent beaucoup plus de tolérance. Mais ces réflexions ne l’aidaient pas à avancer dans ses tâches et les heures défilaient rapidement. Aussi il redoubla de concentration et ne sortit que fort tard dans le quartier d’affaires déserté, éclairé par les néons de la fête qui se préparait. Noël paraissait pourtant bien loin avec cette température douce et cette pluie qui n’arrêtait pas.
Le lendemain, il partit tôt de chez lui et sortit vite de la station de métro, sans s’empêcher toutefois de guetter l’apparition d’Emma dans la foule qui se pressait vers les bureaux. Il se rendit compte qu’il ne savait rien d’elle, ni son lieu de travail, ni son numéro de téléphone, ni son vrai nom d’ailleurs, car Emma n’était qu’un surnom, en hommage à Emma Peel se rappelait-il en pensant aux épisodes de « Chapeau melon et bottes de cuir » qui avaient sans aucun doute influencé sa sexualité. Cette madame Peel tout de cuir ou de vinyl vêtue était restée pour beaucoup d’adolescents de sa génération le symbole de la femme libre et dominante. Il se demandait en souriant si Emma Peel et Steed avaient été amants…
Il monta rapidement vers son bureau sans s’attarder devant la machine à café comme chaque matin. Il n’avait qu’un objectif, achever son travail pour être enfin libre le soir pour cette rencontre. Il commençait à penser qu’avoir lancé cette invitation pour le vendredi soir était vraiment une idiotie non réfléchie, mais il ne pouvait plus s’y soustraire. Il pensa même que pour Emma ce serait la même chose et que ce dîner improvisé et irréfléchi rassemblait toutes les conditions pour se transformer en fiasco total. C’était le seul moyen d’en savoir enfin plus sur elle et d’essayer de rassembler ses idées afin de se décider soit d’abandonner cette relation soit de commencer à espérer construire une relation durable. Mais l’essentiel était ailleurs dans ces heures du dernier jour de travail de l’année. Il se plongea dans les courriers électroniques, passa de nombreux coups de téléphone, rassembla ses collaborateurs pour plusieurs réunions, se jetant dans une activité fébrile qui ne laissait aucune place au vagabondage sentimental.
Vers 17 heures, tout était fini et il quitta rapidement son bureau, souhaitant avec hâte d’excellentes fêtes à ses collaborateurs sans s’attarder outre mesure. Son empressement fit d’ailleurs surgir quelques remarques interrogatives auxquelles il ne prit pas le temps de répondre.
Une fois dans le métro, à la fois satisfait d’avoir rempli ses objectifs professionnels - il n’y a que dans les romans que les héros ont tout le temps de vivre d’amour et d’eau fraîche -, mais inquiet par cette rencontre qui maintenant se rapprochait inexorablement, il commença vraiment à se concentrer sur ce rendez-vous de tous les dangers.
Et d’abord comment s’habiller ? Comment serait-elle vêtue ? Où aller ? Improviser totalement ou feindre l’improvisation, ou encore préparer soigneusement cette rencontre et apparaître comme l’instigateur d’un guet-apens amoureux ? Toutes ces questions banales dans une relation courante revêtent une importance cruciale dès qu’il s’agit du début d’une histoire. Il ressentait ses embarras d’adolescent devant cette jeune femme si décidée et si séduisante. Et il savait bien qu’au fond la décision, quelle qu’elle soit, incomberait à Emma quelque soit la subtilité de sa tactique. Il se satisfaisait de cette conclusion fataliste. Les hommes ne sont plus maîtres du jeu, pensa-t-il, et c’est mieux comme ça après des siècles de domination brutale.
Arrivé chez lui, son appartement était très proche de l’Etoile où il avait fixé par précaution son rendez-vous, c’était le seul paramètre qu’il avait réussi à maîtriser, il décidait de faire fi de toutes ses inhibitions. Après tout elle ne pouvait qu’être ouverte et débarrassée de principes conservateurs comme elle l’avait prouvé au cours des trois brèves rencontres qui avaient illuminé sa semaine. Il jouerait clairement la carte de la franchise. Il attendait depuis si longtemps de pouvoir vivre une aventure ouvertement fétichiste qu’il ne prendrait aucune précaution pour dissimuler ses intentions. Avec fébrilité, il se débarrassa de ses vêtements de travail – l’inévitable costume cravate qu’il n’osait agrémenter que de son trench en caoutchouc -, prit rapidement une douche et se dirigea vers l’armoire de ses plaisirs secrets qui enfermait soigneusement sa collection de vêtements accumulés au fil des années au gré de ses voyages en Angleterre et de ses visites sur Internet. Il ne s’habillait que rarement avec ces vêtements, il en avait très peu l’opportunité. Quelques soirées fétichistes à Bruxelles ou Londres, quelques sorties solitaires sous la pluie qui autorise et justifie toutes les audaces lui avaient permis de s’habiller entièrement avec les matières de ses désirs.
Sans être frustré par cette situation, il se prit à espérer qu’enfin il trouverait en Emma la partenaire de ses rêves. C’était là tout l’enjeu de cette rencontre. Ce soir, à la veille de Noël, il tenterait le tout pour le tout pour sortir de cette impasse dans laquelle sa sexualité l’enfermait. Il choisit avec soin chaque vêtement, un slip latex qu’il mettait souvent sous ses vêtements « civils », un jean bien coupé en latex noir et mat, une chemise de la même matière, qui formaient un ensemble à la fois discret mais explicite pour les connaisseurs, et bien entendu son imperméable préféré, non pas celui qu’il mettait souvent pour aller travailler, mais un épais trench coat en SBR, entièrement doublé de latex brillant, vêtement lourd et intensément porteur d’érotisme qui ne laissait aucun doute sur les choix de celui qui le portait. En s’habillant, son excitation grandissait, non pas celle qu’il ressentait seul au contact de ces matières, mais une excitation nouvelle, celle d’être porteur d’un message intensément sexuel auprès de cette belle inconnue. Comment réagirait-elle ? Complétant sa tenue par des chaussures noires en caoutchouc, un modèle rare qu’il avait ramené d’un voyage en Allemagne, il sortit sans bruit de son immeuble en craignant de rencontrer un voisin. Une fois dans la rue, dans l’anonymat de ce vendredi soir très animé, il se dirigea, le cœur battant vers ce premier rendez-vous où il portait sans équivoque un message clair sur ses désirs. Par chance, la pluie avait repris, douce mais régulière, et noyait la ville dans un halo de lumières qui faisaient briller les trottoirs, luire les carrosseries des voitures qui reflétaient les guirlandes qui ornaient les magasins. Il ne craignait plus la réaction d’Emma…
L’après-midi d’Emma fut aussi très actif. La réunion de la veille avec New-York avait été concluante, le client français avait été ravi de son professionnalisme et séduit par son excellent anglais et son patron lui avait glissé dans l’oreille, en prenant avec le client une coupe de champagne pour fêter cette victoire, que son bonus serait substantiel. Elle souhaitait également finir l’année en beauté et prendre quelques jours de vacances. Elle n’avait encore rien décidé, faisant confiance à internet pour trouver une opportunité de dernière minute, et se prit à imaginer que peut-être Peter pourrait être un compagnon agréable pour cette fin d’année. Mais elle n’avait pas beaucoup pensé à lui ces dernières heures, entièrement engagée dans la réussite de ce contrat, et finalement elle considérait que ses hésitations maladroites étaient de mauvais augure pour la suite. Elle ne trouvait que des hommes, angoissés face à son aplomb, qui n’hésitaient pas à prendre une fuite honteuse face à la précision de ses avances. Cette situation la frustrait d’autant plus que depuis son départ de Londres elle n’avait pas vraiment rencontré d’homme séduisant et conquérant, et ses jeux sexuels étaient beaucoup trop solitaires à son goût. Elle trouvait certes dans son fétichisme un recours apaisant et réconfortant. Ses promenades sous la pluie la calmaient face aux contraintes stressantes de son métier. Ses escapades bretonnes ou en Cornouailles lui permettaient de s’habiller comme elle adorait le faire, entièrement étanche sous plusieurs couches de latex et de vinyl, bottée, gantée et encapuchonnée face aux embruns. Elle n’hésitait pas à passer ainsi des heures sous la pluie intense, et avait même trouvé à Ouessant une maison que des amis lui prêtaient occasionnellement, face à l’ouest, sans aucun voisin, où elle avait pu coucher sur l’herbe dans la douceur d’une nuit d’été, toute la nuit exposée au vent et à la pluie. Ce fut l’un de ses meilleurs souvenirs, ces odeurs de terre détrempée, de mer et de pluie intensément mêlées dans un parfum primal qui lui avait provoqué une intense jouissance qu’aucun homme n’avait jamais pu approcher.
Evoquant ces intenses pulsions, elle craignait que Peter, ridicule avec ses chaussures de cuir détrempées, son manque d’audace, ses ruses élémentaires pour la retrouver alors que c’était elle qui l’avait identifié et conduit vers elle, ne soit vraiment pas l’homme de la situation. Mais dans un élan de générosité, c’était Noël après tout, elle décida de lui donner une chance, une seule. Elle ne voulait pas perdre de temps avec des amants occasionnels empêtrés et manquant de confiance. Elle voulait enfin vivre une grande histoire d’amour avec un partenaire qui pourrait totalement la comprendre, la séduire, la faire rire et partager non seulement ses intenses désirs sexuels, mais son goût pour la musique, la nature, les grands espaces.
Une relation forte, salée comme la mer, douce comme la pluie, brillante comme ses cirés. Aussi elle avait décidé de ne pas compromettre cette rencontre improvisée qu’elle avait acceptée pour mettre Peter au défi de révéler l’intensité de son désir, la nature réelle de sa personnalité. Serait-il un petit cadre de banque étriqué, tenté par le piment du fétichisme, mais peu enclin à se livrer et à s’abandonner à la force de ses pulsions, ou un homme authentique et intense, sans inhibition ni crainte face au regard des autres ? Serait-il prêt à se lancer avec une femme audacieuse dans une relation entre partenaires ouverts et consentants, loin de mièvreries et faux semblants, et sans compromission face à l’intensité de ses désirs ?
Sortie plus tôt du bureau, fière de son succès dans ce difficile contrat, elle était rentrée chez elle et avait regardé les sites de mode, Elle, Vogue, Marie-Claire, pour imaginer comment elle pourrait renouveler sa garde robe du printemps avec sa prime de fin d’année. La mode 2007 paraissait laisser aux matières brillantes une place de choix, plusieurs couturiers présentant jupes, pantalons, chemisiers en vinyl noir. Elle se disait que c’était une occasion unique de faire converger ses désirs et la mode qui ne manquerait pas de se retrouver dans la rue. Mais pour ce soir- là, elle devait frapper l’imagination de Peter, le forcer à se révéler avec clarté. Et elle pensait que l’épisode de la veille sous la pluie avait du éveiller pour le moins chez lui quelques attentes qu’elle chercherait à ne pas décevoir. Sa garde-robe était largement fournie depuis des années. Elle avait un choix considérable et n’hésita pas longtemps. Elle possédait un tailleur pantalon en vinyl noir acheté en solde il y a quelques années chez un grand couturier, Thierry Mugler, qui lui allait à merveille, à la fois d’une coupe parfaite et d’une froide élégance dans cette matière que le couturier avait su habilement sculpter. C’est cet ensemble qu’elle décida de mettre. Mais pour pimenter sa tenue, elle mit d’abord un slip en latex qui la pénétrait intimement, alimentant son excitation de façon permanente, puis un chemisier en latex blanc, très fin, au col droit boutonné, sans soutien-gorge. Elle ressortit d’un tiroir les deux splendides anneaux que son amant anglais lui avait offerts pour sceller leur entente, anneaux qui avaient nécessité le piercing de ses seins qu’elle avait consenti à admettre bien que réticente et qu’elle ne mettait plus, tout en empêchant le passage de se refermer grâce à une barre de métal mince. Et elle décida enfin de mettre son grand manteau en vinyl noir également, acheté cette fois chez Rimo en Allemagne, fabricant spécialisé dans les imperméables somptueux, taillés dans un vinyl épais, et doublé de latex très fin. Pour compléter cette tenue, elle mit une paire de bottines laquées de noir, au talon de métal impérieux. Elle appela enfin un taxi pour se rendre à l’Etoile décidée à convaincre Peter de devenir son amant dès ce soir s’il le méritait vraiment, ce qu’elle ne tarderait pas à savoir…
Ainsi Peter et Emma marchaient vers cette
« brillante rencontre » plein d’ambitions et d’ardeurs pour engager leurs vies dans une nouvelle aventure forte.
Il pleuvait sur Paris ce vendredi soir, mais deux personnes au moins s’en réjouissaient.
Surprise, d’un jour de cette semaine un peu particulière, un paquet poste venu d’un pays de l’autre côté de l’Océan, contenant entre autre ce petit clin d’oeil à la bande des cirés.
Alors je me suis imaginé vous retrouver toutes et tous dans ce petit restaurant bien sympathique.
Nous étions gais et heureux , tous réunis, c’était un jour de pluie mais le cœur était à la fête, nous avions mis nos cirés de toutes les couleurs, bel arc-en-ciel léger dans les soucis de nos quotidiens.
L’idée nous vint de transformer la chanson de Delpech
« Chez Laurette » et tous nous fredonnâmes :
"À sa façon de nous appeler
On voyait bien qu'elle nous aimait beaucoup
Quand on entrait Antoinette souriait
Et d'un seul coup nos problèmes
Disparaissaient quand elle nous embrassait.
C'était bien, chez Antoinette
Quand on faisait la fête
Elle venait vers nous, Antoinette
C'était bien, c'était chouette...
Et plus encore afin qu'on soit tranquille
Dans son café y avait un coin pour nous
Si par hasard on avait l'âme en peine
Antoinette seule savait nous consoler
Elle nous parlait et l'on riait quand même
En un clin d'œil elle pouvait tout changer
C'était bien chez Antoinette
On y retournera
Pour ne pas l'oublier Antoinette
Ce sera bien ce sera chouette
Et l'on reparlera,
Des histoires du passé
Chez Antoinette…"
suite...4 nouvelle de Peter
Un peu médusé par tant de franchise, de fraîcheur dans l’évocation par Emma de sa découverte de l’intensité érotique du fétichisme, Peter ne reprend pas la parole tout de suite. Il garde cette main gantée de vinyle dans la sienne et regarde attentivement Emma, ses yeux noisette, ses cheveux courts, son sourire si naturel, presque ingénu.
- Emma, vous me surprenez. Vous êtes une femme adorable, simple et directe, vous me parlez de vos expériences sexuelles alors que nous ne nous connaissons pas. Je pourrais être choqué, vous considérer comme une exhibitionniste, une vulgaire allumeuse, et pourtant aucun de ces mots ne sonnent juste quand je vous regarde. Je crois à votre totale sincérité et à votre franchise. J’ai envie de vous connaître, de vous comprendre…
- Mais Peter, ne me faites pas croire que vous être surpris ! Je vous vois tout de caoutchouc noir vêtu, ou presque, vos m’écoutez avec une attention qui dissimule mal votre excitation. Je ne sais pas comment dire au masculin que
« vous faites votre mijoré », mais vous me paraissez soudain très paniqué par l’évocation par une femme de sa sexualité. Seuls les hommes auraient donc le droit de parler librement de sexe. Quelle arrogance passéiste ! Pardonnez ma vivacité, mais je suis toujours étonné de constater que les hommes craignent les femmes qui prennent l’initiative.
Je le vis encore tous les jours dans le milieu professionnel. Je suis libre de ma sexualité, fusse-t-elle “atypique”, et fière de l’être. Et franchement, je trouve naturel d’avoir envie de vous séduire vous qui paraissez si ému par les cirés, les matières brillantes…Il n’y a rien là de bien terrible !
Vous semblez plus craindre le regard des autres que moi.
- Avouez Emma que vous êtes aidée par la liberté que donne la mode un peu plus que les hommes condamnés au costume cravate et au Burberry de fonction ! répondit Peter avec un certain agacement.
Il était vrai qu’Emma le provoquait, le réduisait à une homme ordinaire empêtré et maladroit face à sa vivacité.
Peter eut soudain envie de reprendre l’initiative dans cette conversation qui tournait franchement à son désavantage. Il sentait que son pouvoir de séduction diminuait et qu’insensiblement Emma lui échappait.
- Emma, je suis désolé, vous semblez m’accuser d’être un machiste ordinaire, permettez que je m’en défende. Je crois aimer les femmes comme des partenaires à part entière, je crois les respecter pleinement, et je voudrais vous en donner la preuve. Ne nous quittons pas fâchés !
Car je dois vraiment partir pour une réunion importante au bureau, la fin de l’année, vous savez…
Nous sommes aujourd’hui jeudi, voyons nous demain soir, je vous invite à dîner.
- Et bien, j’accepte volontiers, Peter, vous vous rachetez enfin !
Ne croyez pas que je ne souhaite pas non plus être courtisée !
- Alors disons demain 20h00 place de l’Etoile ?
- J’y serai, Peter.. .
Je dois aussi partir car j’ai également une vidéoconférence avec New York, une importante fusion de plusieurs milliards de dollars qui est en cours de négociation et je représente l’acheteur français. Je joue ma "prime de fin d’année", dit-elle en se levant de son siège avec un grand sourire.
Peter se lève également, leurs cirés ont séché, ils sortent du café ensemble alors qu’un timide rayon de soleil illumine les tours du quartier d’affaires.
-Le soleil revient, semble-il , ose banalement Peter, encore ébloui par l’aplomb d’Emma, son style et visiblement son rang dans sa banque d’affaires, supérieur apparemment à son propre niveau de responsabilité.
- J’espère qu’il n’en sera pas ainsi demain soir, répond malicieusement Emma.
Je me dépêche, je vous abandonne. Pensez à moi, Peter !,
dit-elle en se précipitant vers lui et en s’accrochant à son cou
pour déposer brièvement ses lèvres contre les siennes.
“C’est un acompte”, dit-elle en partant d’un pas vif.
Il la voit s’éloigner, silhouette juvénile, vêtue d’un rouge éclatant. Une image qui s’estompe rapidement au milieu des passants qui regagnent leurs bureaux.
Il se sent désemparé, un sentiment mêlé de plaisir, d’étonnement, mais aussi une certaine forme d’irritation devant tant de naturel et se dit que les filles de la bande des cirés vont vraiment trouver que les hommes sont une valeur qui se déprécie bien vite actuellement !
suite...3 nouvelle de Peter
Emma est serrée toujours dans les bras de Peter, lèvres tendues, leurs cirés sont intimement pressés l’un contre l’autre, crissant sous la pluie qui redouble d’intensité, Peter se demande s’il doit embrasser cette belle femme qui s’offre à lui avec tant de passion. Il sent monter le désir en lui, une femme en ciré n’est-elle pas toujours désirable ?
Mais il commence à avoir froid aux pieds dans ses chaussures de ville en cuir, trempées, il regrette ses belles bottes de caoutchouc si confortables, la pluie commence à dégouliner de ses cheveux, et il regrette de ne pas avoir pris sa capuche…
Il a envie d’un bon sandwich. Peter est un homme, mesdames, une chose un peu ingrate, fragile et égoïste. Mais Emma, prévoyante, est bien au chaud, elle, dans ses vêtements de vinyle, totalement étanches, protégée des embruns…
Il faut que Peter fasse quelque chose de noble et généreux sans sombrer dans la vulgarité matérielle.
Emma se presse encore plus intimement contre le corps de Peter, elle rapproche ses lèvres des siennes, et lui répète :
- Peter, embrassez-moi, je le désire tant !
- Emma, je ne veux pas abuser de votre désir. Rentrons dans ce bar, je vous offre un café bien chaud, nous pourrons plus confortablement faire plus ample connaissance. Et je dois vous avouer que je commence à être trempé, je n’ai pas été aussi prévoyant que vous cette fois ! J’aime la pluie intense comme aujourd’hui, mais je n’avais pas prévu de m’y exposer, je m’attendais à un soleil éclatant !
Quelle stupidité de croire à la météo !
- Je suis d’accord Peter, courons nous mettre à l’abri !
Ils rentrent précipitamment dans le café et se glissent dans le coin le plus tranquille, à l’écart des regards, mais sans quitter leurs imperméables.
- Emma, je suis confus de mon attitude, je vous ai déçue, non ? Nous sommes en décembre, je ne veux pas tomber malade, même par romantisme et je m’en veux de ne pas être protégé comme il convient. Vous savez les hommes ne sont que de petites choses fragiles, ajoute-t-il en souriant.
- Je vous pardonne, Peter, dit-elle en glissant vers lui la main sur la table. Il sent ses gants de vinyle encore mouillés lui prendre doucement la main, la serrer avec tendresse.
- Je vous pardonne mais jurez moi que vous accepterez mon baiser !
- Emma, vous êtes si tentante, si belle dans ce ciré rouge, vous savez que c’est la première fois que je rencontre une femme qui avoue sans détour son penchant pour le fétichisme. Je n’avais jamais connu cette situation et je suis un peu… paralysé ! J’en ai rêvé souvent… Pardonnez ma curiosité, Emma, mais vous m’intriguez… Comment avez-vous pris conscience de votre désir ?
- Mon histoire est très simple, Peter.
Je suis une femme simple et directe, sans inhibition comme vous avez pu le constater. Je vous ai dit que je travaillais ici pour une banque. J’y suis analyste financière internationale et j’ai vécu plusieurs années à Londres. J’y ai rencontré un homme, analyste comme moi, qui m’a progressivement fait découvrir le plaisir des imperméables en caoutchouc, d’abord comme objet utilitaire et très pratique dans la vie londonienne.
J’habitais dans le quartier des Docks et travaillais à la City et j’ai pris l’habitude de me rendre à mon bureau à pied. Très vite je me suis rendu compte qu’un vrai imperméable s’imposait et il m’a conduit dans un magasin spécialisé, Weathervain, à Kew Gardens, où il m’a fortement conseillé d’acheter un trench-coat en caoutchouc, en SBR.
Je ne me suis pas méfiée de son insistance et j’ai effectivement acheté mon premier imper, que j’ai tout de suite adopté et mis pratiquement tous les jours, tellement je m’y trouvais confortable. Puis il m’a offert une jupe assortie du même tissu. J’ai accepté avec plaisir. Et puis de mois en mois, il m’a progressivement dotée d’une superbe garde-robe de vêtements de caoutchouc, mais aussi de latex et de vinyle,bien coupés, et plutôt seyants, souvent venant de couturiers connus, faisant l’admiration de mes collègues et suscitant chez mon chef quelques regards admiratifs. Il m’a même offert le ciré que portait Catherine Deneuve dans “Belle de jour” !
Puis un jour il m’a proposé de faire l’amour entièrement vêtue de caoutchouc. Cela s’est passé un dimanche à la campagne, en mai, je crois, dans le Devon, face à la mer. Il faisait doux, le vent de la mer emportait les embruns, la pluie était fine et douce.
Je me suis laissée faire ce jour- là, par curiosité, sans arrière-pensée de faire quelque chose de bizarre. J’ai beaucoup aimé cette expérience. Il m’a ensuite donné à lire un petit livre écrit par une femme intelligente et généreuse, Helen Henley, qui décrivait sa découverte du plaisir en latex et caoutchouc, dans les années soixante-dix, avec beaucoup de tendresse et de conviction, sans vulgarité.
Ce livre, “Enter with trumpets”, je crois, m’a ouvert les yeux sur une autre forme de sexualité, naturelle, sans inhibition.
Nous nous sommes beaucoup aimés, la plupart du temps en latex l’un et l’autre, sans pudeur ni retenue, mais sans non plus le sentiment d’enfreindre quelque tabou ! Et il a été hélas nommé à Honk-Hong. Nous nous étions bien sûr promis de nous revoir. Mais il a disparu, sûrement dans les bras d’une belle chinoise en vinyle ou latex !
J’ai été déçue, j’ai eu quelques aventures ordinaires, évidement mes tenues n’ont pas changé, mais peu d’hommes y sont vraiment sensibles. Elles respirent trop, je pense, l’indépendance et la liberté ! J’y tiens particulièrement.
Nos mères se sont battues pour cela. Et je suis rentrée en France il y a maintenant trois ans. J’y vis seule. J’y travaille beaucoup et l’argent que je gagne me sert à m’offrir de très beaux voyages dans des pays… humides !
Je connais la Norvège, l’Irlande, la Colombie Britannique, et les week-ends en Bretagne !
Emma n’a pas lâché la main de Peter pendant son récit, interrompu par l’irruption du garçon de café…
Peter n’a pas quitté Emma des yeux…
suite 2...Nouvelle de Peter
J’accélérais le pas pour aller à sa rencontre. Elle me demanda de m’asseoir sur le banc en pierre et me prit la main avec douceur.
“Je vous ai réservé une surprise, Peter.! ” Effectivement les mains d’Emma étaient gantées, Je ne l’avais pas remarqué le matin. Elle portait des gants en vinyle noir épousant parfaitement des mains fines. “Et ce n’est pas tout ! Vous savez il ne faut pas prendre à la légère la protection contre la pluie ! D’ailleurs je vous trouve un peu négligent de sortir sans capuche, je ne vous l’autoriserai plus ! “. Elle se lève alors du banc et apparaît devant moi pour la première fois immobile, ruisselante sous la pluie. “Vous voyez Peter, j’ai mis pour vous à midi des bas en latex noir assortis à ma jupe en vinyle. Ainsi aucun centimètre carré de mon corps n’est exposé aux éléments”. Puis vivement elle me prend la main, me tire en avant et me dit joyeusement “Allons patauger dans les flaques comme quand nous étions enfants en rentrant de l’école ! Hélas, avec vos chaussures en cuir et votre misérable pantalon votre équipement est un peu dérisoire par rapport au mien ! Il faudra veiller à corriger cela si vous souhaitez faire avec moi quelques escapades sous la pluie dans les bois ! Je suis une femme de l’eau, la passagère de la pluie ! Depuis ma tendre enfance j’adore ce sentiment d’être exposée et ultra-protégée. Marchons !
Je presse le pas à la rencontre d’Emma qui quitte à son tour le banc et nous commençons à nous diriger vers le centre de la place, au milieu des tours noyées sous les rideaux de pluie poussés par le vent d’ouest.
« Vous voyez, Peter, je suis là dans mon élément. J’aime le spectacle de cette ville minérale. J’y travaille depuis plusieurs années et je m’y promène souvent dès que mon travail m’en laisse le loisir ! Surtout par temps de pluie ! Hélas l’automne a été très sec cette année, ce qui ne m’a pas empêché de mettre mes vêtements en vinyle aussi souvent que possible. Mais j’aime encore plus le contact de la pluie, qui coule sur le visage et glisse sur mes vêtements lisses et brillants. Je me sens bien, protégée, mais en même temps en contact intime avec cet élément vital. Le corps d’un adulte n’est-il pas composé de 65% d’eau ! Vous savez aussi, Peter, que l’eau de pluie est excellente pour le teint ! L’eau c’est vraiment la vie», conclut-elle, enthousiaste.En répondant, machinalement,
« Le vôtre est magnifique, Emma ! », je la laissais parler de son amour pour la pluie et pour les vêtements imperméables. J’étais vraiment stupéfait de la franchise et du naturel de cette femme, rencontrée à peine la veille, dont je ne savais rien, et qui me confiait sans aucune réserve les secrets de ses désirs. Je me pris à rêver que j’avais trouvé la femme idéale, celle de tous mes rêves les plus intenses. « - J’admire votre franchise, Emma, nous ne nous connaissons à peine et vous n’hésitez pas à me parler de votre passion ! – Mais il n’y a là vraiment rien de mal. Nous nous sommes reconnus tout de suite, votre regard sur mon ciré ne m’a pas trompé, votre feinte naïve pour me retrouver ce matin, votre trouble maintenant. Nous partageons le même désir, avouez-le. J’ai trouvé dans le blog de la bande des cirés une très belle phrase
« Je laisse le désir me prendre toute entière ». Et bien ne soyons pas timides comme de jeunes adolescents. Vous aimez les cirés, vous les portez, très bien d’ailleurs, et bien je vais oser vous dire des mots crus au risque de vous choquer : oui, Peter, je suis fétichiste et je rêve depuis longtemps de faire l’amour avec un homme qui me prendrait dans mon ciré sous la pluie… ».
J’étais de plus en plus surpris, et je ne savais comment répondre à cette belle attaque frontale venant de cette femme élégante,au regard tendre, sans agressivité sexuelle apparente et portant avec tellement de naturel ses vêtements de vinyle lumineux qu’il n’y avait dans son style aucune audace excessive . Elle s’arrête de marcher soudain, se tourne vers moi et me dit, presque gravement « Embrassez moi, idiot ! ».
Je la prends dans les bras, nos cirés se frottent l’un contre l’autre dans un léger crissement et je lui réponds "Pas tout de suite, Emma, ne brusquons rien, parlons d’abord ! "
suite 1... nouvelle de "Peter"
“-Merci Emma pour votre franchise ! Je vous propose de déjeuner ensemble à midi pour continuer à échanger. J’ai très envie de mieux faire votre connaissance car je pense que nous avons beaucoup de points en commun. Mais je ne voudrais pas vous importuner, j’ai toujours détesté m’imposer ! Je suis pour la réhabilitation de la courtoisie !
Emma répond dans un grand sourire.
- Peter, vos scrupules vous honorent mais ne jouez pas trop la naïveté. J’étais sûr hier soir que vous chercheriez à me retrouver, l’instinct féminin dit-on. C’est pourquoi malgré le soleil j’ai revêtu mes plus beaux atours. Le ciré rouge se remarque à cent mètres, non ? Quant à la jupe en vinyle noir, c’est une de mes préférées. Mais ma garde-robe est riche en surprises. Nous sommes tous les deux des adultes consentants, n’est-ce pas ? Et la vie est courte… Alors déjeunons ensemble.
- Emma je dois vous avouer un petit péché. Notre histoire est retransmise en direct sur le blog d’Elisanne…
- Ah oui, petit cachottier ! Le blog de la bande des cirés ! Bien sûr je suis au courant car je le lis chaque jour et j’attends avec impatience la suite de notre histoire. Mais peut-être serait-il préférable de nous accorder plus d’intimité car il y a beaucoup d’effronterie de notre part à envahir ce blog par ailleurs si tendre et poétique !
- C’est très simple, nous allons leur demander s’ils et elles ont envie d’en savoir plus. Mais d’ores et déjà Emma, je sais que nous avons beaucoup de choses à nous raconter tous les deux. A midi donc au restaurant chinois ? “
A l’issue de cette rencontre magique, je passais la matinée à traiter les affaires courantes, e-mails, réunions, téléphone, sans que cette silhouette brillamment vêtue de rouge et de noir ne disparaisse de mes pensées. Je me concentrais sur le travail, mais la perspective d’un vrai tête-à-tête avec cette jeune femme sur laquelle je mettais à peine un visage me préoccupait. Qu’allais-je lui dire ? Il ne suffit pas d’être fasciné par des vêtements porteurs d’émois suspects pour entretenir une conversation sensée avec une parfaite inconnue. Et puis la fascination pour les tissus brillants ne meuble pas une longue conversation sauf à glisser vers des propos plus directs et révélateurs de penchants troubles appelant à d’autres jeux. Qui était Emma ? Que souhaitait-elle en acceptant, en sollicitant même, cette rencontre par ses propos sans équivoque ? Je ne pouvais éviter de penser à elle, inventant une histoire improbable, des rendez-vous torrides alors que le directeur financier commentait les résultats du mois en me replongeant brutalement dans la réalité. Vers 11h30, alors que le soleil avait brillé depuis le matin, le ciel s’est assombri rapidement et quelques minutes plus tard, les premières gouttes ont commencé à frapper les vitres du bureau, redoublant rapidement d’intensité. La perspective de retrouver Emma ruisselante ne faisait qu’accroître mon trouble, lorsque vers 12H30, sans me hâter, je pris l’ascenseur pour me diriger vers le restaurant. Il fallait marcher en plein air et je retrouvais avec plaisir l’abri étanche de mon ciré, rapidement mouillé par la pluie intense me faisant regretter d’avoir ôté la capuche le matin même pour rendre le vêtement plus civil et plus acceptable auprès de mes collègues naturellement prompts à poser des questions…
J’étais en proie à mes doutes quant à la portée de ce rendez-vous quand devant moi, assise sur le banc sous la pluie battante, Emma me faisait des grands signes de la main. Elle avait bien son ciré rouge, sa jupe de vinyle noir, ses bottes en vernis noir et portait un chapeau en vinyle rouge pour se protéger. La pluie faisait vibrer les couleurs de ses vêtements, constellés de gouttes. “Peter, venez vite ! La pluie providentielle nous réunit à nouveau, c’est merveilleux, non ? Plutôt que de nous enfermer dans un restaurant enfumé, profitons de la pluie pour nous promener ! Venez, je vous entraîne !”à suivre...
Depuis quelques jours "Peter" fidèle lecteur de la bande des cirés nous dépose chaque matin sur la dernière note de la "bande des cirés" quelques lignes qui deviennent peu à peu une nouvelle...
Je vous propose la lecture des premiers épisodes...
"Brillante rencontre"
La tempête aborde les tours de la Défense, fiers beffrois de la cité moderne. Les vagues de pluie se fracassent contre les façades de verre, le vent s’engouffre et tourbillonne entre les tours, les rideaux de pluie poussés par le vent noient les néons dans un halo irréel. Sous les lumières de cet après-midi d’automne, le pavé est luisant de cette pluie venue de l’ouest et reflète tous les feux annonciateurs des fêtes. Les piétons se pressent sur le parvis pour échapper à la pluie et au vent qui plie les parapluies. certains tentent de lutter contre les rafales qui finalement ont le dernier mot. L’inutile parapluie se brise et se tord. Dans la bourrasque, une jeune femme avance, droite, sans parapluie. Elle n’en a pas besoin. Elle porte un long ciré noir, brillant, serré à la ceinture, et des bottes également en vernis noir, sa capuche est soigneusement serrée contre le visage. La silhouette est fine, sportive. Elle avance d’un pas sûr sans détourner son chemin, face à la bourrasque, entièrement protégée contre les éléments déchaînés. Elle est sûrement de la bande !
Prévoyant la pluie, j’avais aussi mis ce jour-là mon ciré noir. Un modèle fait en Angleterre, en SBR, qui veut dire “shiny black rubber”, un programme en soi. La compagnie qui fabrique ce vêtement est spécialisée dans les imperméables en caoutchouc et porte un nom bien approprié ce jour-là
“Storm Clouds”. Je presse le pas pour rattraper la silhouette brillante, nous nous dirigeons ensemble vers le métro. Puis nous nous engouffrons dans l’escalier mécanique qui mène au quai, je ne la quitte pas, elle marche vite, d’un pas décidé…Nous sommes l’un à côté de l’autre sur le quai et je me lance dans une conversation banale. “Quel temps aujourd’hui ! Nous qui attendions la pluie nous sommes comblés
Bonjour ! Oui la pluie ne nous surprendra pas, ni l’un ni l’autre, il semble que nous soyons prévoyants !
- En effet, votre ciré est absolument magnifique, si vous me permettez ce compliment
- Le vôtre aussi, monsieur, et je dois vous dire que je suis surprise de voir un homme ainsi équipé, c’est très rare ! Je vous en félicite! Puis-je toucher la matière ? Plastique ou caoutchouc ? Moi j’aime les deux…
- Merci, c’est du caoutchouc… j’ai toujours aimé ce type de vêtement, très pratique et élégant à la fois, cela change des éternels trench Burberry que tous les hommes portent. Nous sommes moins favorisés que les femmes qui ont la chance de pouvoir porter des tenues plus variées et… sexy à la fois, comme vous l’êtes en ce moment !
- Merci de ce compliment, monsieur, mais mon train arrive et je dois m’enfuir.. peut-être nous reverrons nous ici, sous la pluie.. Je dois vous confier que j’ai aussi un ciré rouge, et un bleu… et même des pantalons en vinyle…
- Magnifique ! Tous mes compliments pour vos choix ! A très bientôt donc !”
La jeune femme s’engouffre dans le train, se retourne, et m’adresse un salut discret derrière la vitre… Le train disparaît dans le tunnel. Demain, à la même heure, je serai là à nouveau sur son chemin. J’espère que la pluie se déchaînera à nouveau.
Le lendemain, il fait grand beau soleil. Peu importe, je mets toutefois mon ciré noir, mais sans la capuche et je prends le métro. Arrivé un peu en avance, le coeur battant comme un collégien à son premier rendez-vous, je me poste à la sortie de l’escalier mécanique, surveillant le flot des personnes, en grande partie des femmes, hâtant le pas pour rejoindre leur bureau. Il fait doux, malgré l’heure matinale.Quelques manteaux de cuir, mais pas de ciré visible. J’attends encore quelques minutes et soudain, j’aperçois de loin comme un éclair de lumière dans la foule grise. Un ciré rouge ! Mon coeur accélère son battement, je me sens totalement ridicule et gauche, avec mon journal entre les mains que je suis incapable de déchiffrer. Je perds de vue la silhouette, et tout à coup, elle est devant moi. Cette fois, je la vois à quelques pas, une veste longue en ciré rouge, ceinturée, sur une jupe apparemment en vinyle noir, et les mêmes bottes vernies noires…
Pressant le pas, je me porte rapidement à ses côtés et j’ose “Bonjour ?!” feignant la surprise de la retrouver. La réponse m’inquiétait. Allait-elle trouver mon irruption dans ses rêveries matinales suspecte- elle l’était - et simplement m'éconduire, ou trouver quelqu’intérêt à cet homme en ciré noir incongru sous le timide soleil d’automne ? La réponse fut franche et naturelle : “Bonjour ! Je suis ravie de vous retrouver par hasard ce matin, j’ai pensé à notre rencontre sous la pluie battante hier soir et j’ai regretté de ne pas avoir osé engager la conversation avec vous ! “. “Merci, le hasard fait toujours bien les choses, mais permettez moi de me présenter à vous. Mon nom est Peter, je travaille ici dans une grande banque. Je ne suis pas anglais, mais c’est un surnom que me donne mes amis à cause de ma prédilection pour les vêtements en caoutchouc venus d’Angleterre !”.
Là, le décor était planté et il n’y avait plus d’ambiguïté entre nous… Je craignais avoir mis la barre un peu haut pour un début ! ” Moi, c’est Emma, Emma comme Emma Peel de Chapeau melon et bottes de cuir. C’est aussi un surnom, car vous avez déjà pu le constater, je suis souvent vêtue en ciré et vinyle… Ne soyez pas troublé par votre audace, Peter, j’avais compris dès le premier regard que mon “équipement anti-pluie” vous avez séduit car moi aussi je suis un peu troublée par notre rencontre, j’y ai songé depuis hier soir ?”...
à suivre...
Quel plaisir pour la bande des
cirés d’accueillir “Orielle”qui en passant par la Lorraine sans sabots mais en bottes et ciré
"bleu de ciel" vient nous apporter
sa contribution.
…Antoinette, Michèle, Mariel, Olivier, Helena, Jean-Baptiste, Annick, Solange, MioModus, Cristina et moi,nous te souhaitons la bienvenue Madame la professeure des mots,
espiègle, tendre et rêveuse...
Un ciré? A ton âge? Tu es sûre que tu vas bien?
Mon âge? Quoi, mon âge?
J'ai l'âge de mon ciré, je suis hors d'âge,
Comme mon ciré;
Je suis toute neuve: je viens de le trouver
Je le voulais bleu de ciel, et sans tralala...
Bleu comme le ciel de mes rêves,
Scintillant de gouttelettes en forme d'étoiles
Afin qu'au coeur de l'hiver le soleil se lève
Même quand de pluie mon visage se voile.
Je voulais qu'il raconte alentour
Que je suis libre depuis toujours
Et indépendante, et fantasque,
Que je traverse ma vie sans masque.
Je voulais qu'il soit vêtement de mirliton
Pour tous ceux qui se moquent du qu'en dira-t-on
Et se rient des intempéries de la vie:
En ciré, les soucis sont écartés,
En ciré, on peut, surtout sous la pluie,
Rire, chanter, danser et folâtrer.
Quel plaisir pour la bande des cirés d'accueillir "Cristina"
qui du pays des kangourous vient nous apporter sa contribution.
Saisons inversées, humour pétillant et poétique pour les jours de pluie comme les jours de grand soleil.
...Antoinette, Michèle, Mariel, Olivier, Helena, Jean-Baptiste
Solange, MioModus et moi, nous te souhaitons la bienvenue...
Je viens te lire par tous les temps...
Mais avec les saisons à l'envers...
Difficile d'écrire quand dehors
Il fait beau,
La «bande des cirés»
Sont des amis amusants
Et aimant la poésie
Mais, moi je ne pourrais
Pas mettre mon ciré!
Et pourtant...
Hier il ne faisait pas beau
Mais je n'ai pas cru
À ces nuages si gris
Si... menaçants
Et peu de temps après
Je me retrouvais
Sous la pluie
En pensant...
À la «bande des cirés»
Tes amis si prévoyants
Et moi si étourdie
Je n'avais même pas un parapluie
Pour me cacher
Des grosses larmes
D'un si grand nuage
Qu'à lui tout seul
Cachait: le soleil!
Mais, vois-tu
Ici, la pluie se fait rare!
Puis-je offrir des rayons de soleil
Pour que toute la «bande des cirés»
Puisse les enlever... les cirés,
Juste pour prendre du beau temps!
Photo... Ava Gardner dans" Mogambo" de John Ford
Nous sommes toutes et tous très
heureux d'accueillir dans la
"Bande des cirés"
notre amie Solange
deuxième blonde de la bande , hé, hé
qui vient se joindre à nous en ciré noir .
Voici sa contribution très sensuelle...
J’aime les cirés noirs
A la taille serrés
Du matin jusqu’au soir
Brillants, laqués ou
Légèrement cloqués
Fragiles comme les corps
Qu’ils recouvrent
Sexy comme les formes
Qu’ils épousent
Tout en plis
Tout en creux
Tout en soupirs
De celles qui les portent…
photo Anita Ekberg
dans "The alphabet murders" de Frank Tashlin
Partir d’un rêve, le réaliser et pourtant ne pas laisser mourir le rêve, drôle d’histoire.
Tout a commencé par une réflexion sur la pluie, par quelques images sorties de nulle part, tout droit de l’imaginaire, puis lentement ont pris forme pour raviver des souvenirs enfouis.
Des années de doute, de questionnement, de recherche d’identité et soudain l’éblouissement, oui c’est bien cela, c’est exactement cela.
Et les rêves deviennent réalité car ils ne sont plus de simples rêves , ni des souvenirs transformés, mais la vie, présente , celle de cette pulsion qui fait battre le cœur plus vite, de ces désirs qui sont la Vie.
Une rencontre, une amie qui pointe le doigt sur quelque chose de vital, qui fait prendre conscience de la réalité de ce qui se passe,
ainsi naît joyeusement ” la bande des cirés ”, à l’appétit de vie intact.
Ces femmes et ces hommes avec leur vécu, tous ces parcours différents mais qui se rejoignent dans une démarche de réconciliation avec soi, pour mieux vivre en harmonie avec les autres.
Le mot échange avec cette bande prend tout son sens, liberté d’être soi, sans peur d’être jugé, ne pas être sur la défensive.
Parfois bousculés dans nos habitudes et nos croyances, mais grandis.
Sujets à part entière, dans ce climat de respect et de confiance, chacun offre à l’autre ce qu’il y a de meilleur en lui.
Cet élan de générosité, d’ouverture qui anime et fait la force de
” la bande des cirés“, sa joie de vivre, mais tout en sachant que même sous le soleil il peut y avoir des jours de pluie, et que ces jours de pluie permettent d’aller plus allègrement vers le soleil.
photo Simone Simon dans "La bête humaine" de Jean Renoir
Les dames de la bande des cirés
ainsi que les vaillants
Olivier et Jean-Baptiste
( les deux premiers hommes )
sont heureux d’accueillir le
troisième homme “MioModus“
en ciré noir,
poète qui ravit les coeurs
avec ses mots douceur…
A la bande des cirés…
De belles dames à fleur
d’âme sous ce ciel
de chagrin porté
par l’eau demain.
Conjurent le sort
dans un habit
traversant les vents
en noir de temps.
Complices sur les rives
étoilées de leur beauté,
cette bande en féminité
jouit de l’instant.
A la croisé des chemins,
des rires couleur câlins,
ces dames bottées de cuir
regardent au loin.
MioModus. (en vous embrassant)
photo Danielle Darrieux
dans "Abus de confiance" de Henri Decoin...
Danielle Darrieux qui sera à l'affiche à partir du
8 novembre dans le film
d' Anne Fontaine "Nouvelle chance"
Nous sommes,
Antoinette, Michèle, Mariel, Olivier, Helena, Jean-Baptiste et moi,
heureux d'accueillir notre amie Annick en ciré rose dans notre bande .
Voici son billet d'entrée, à l'image de cette brindille au coeur si généreux.
Un ciel a embrasser !
Juste un bout de ciré !
Des fleurs à vous donner !
Un échange partagé !
Des tendres bouts de coeur
Liés par des brindilles !
Qu'ils vous donnent la chaleur
A déjà vous, les filles,
Et aussi aux garçons
Qui écrivent si bien,
Des mots, des chansons
Que mon coeur doux retient !
C'est une grande offrande
De donner tant et tant
La vie parait plus grande
Quand on la vit autant!
le prochain à rejoindre la bande est le troisième homme, hé, hé...
Nous avons, Antoinette, Michèle, Mariel , Olivier, Jean-Baptiste et moi-même
le plaisir d'accueillir notre amie Helena .
C'est un peu de saudade et de fado portugais qui viennent enrichir notre bande de cirés...hé, hé...
Voici son billet d'entrée :
"La bande des cirés automne/hiver"
Au cours de l'hiver sévère,
sous la pluie ou sous la glace,
et sous le vent en colère
nous sommes toujours à la page,
jamais bouleversées par l'orage.
Sous les gros nuages gris,
sous l'éclat du tonnerre,
sous l'intensité de la tempête,
nous y buvons un verre,
rien ne nous surprend,
rien ne nous inquiète!
Nous voyageons sur tous les continents,
Nous nous promenons sur tous les trottoirs,
en dominant fort élégantes
le déchaînement des éléments
tout simplement armées de cirés noirs.
C'est avec plaisir que nous accueillons notre ami Jean-Baptiste dans la 'Bande des cirés".
En Alsacien , hé, hé...courageux comme il se doit
il rejoint Olivier franchissant avec humour cette frontière des mots pour entrer dans cette bande de filles en ciré rajoutant du jaune à la panoplie des couleurs.
"Acrostiche diagonale et cirée"
Les dames ont invité à la bande des cirés.
dAvantage de femmes que d’hommes désirés.
la Bande au complet n’en semble pas affectée.
serAit-ce que pour l’homme elles n’ont point de bonté ?
rien Ne parait, mais il est présent à chaque ligne,
il est Du rêve l’émanation, le meilleur signe,
bien qu’Elles frémissent comme des jeunettes pour un ciré.
belle banDe ! L’imper banal vous vaut un dies irae,
et elles vEulent de la couleur, de la variété,
de bons motS pour entrer vous êtes inquiétés.
un homme à l’oCcasion vint à passer, s’enquit
des frais à lui requIts pour fréquenter l’exquis
voisinage. pouR entrer il faut porter ciré,
être cultivé, biEn se présenter. Parées
à tout, elles réusSissent à recruter cirés.
photo du film " Iris et le Lieutenant "
Alf Sjöberg 1946
Hé, hé,
voila le texte de notre ami Olivier, le premier homme
a être admis dans " la bande des cirés."
LA BANDE DES CIRES
L es femmes au pouvoir, décision,
A doubé Monsieur, sous condition,
B albutiez quelques mots,
A nnoncez-vous à notre écho,
N ¹oubliez pas votre ciré,
D oré le coq sur mon bleu, fierté,
É légamment mes plus nobles remerciements,
D éclamer ma tendresse à votre égard,
E lles si généreuses, talentueuses, viscéralement,
S avoureuses, charmeuses, pour mon regard,
C onnaissances de blogs ou d'ailleurs,
I ncroyable cette belle amitié remplie de chaleur,
R emarquable cette bande aux couleurs variées,
E n Alsace, Irlande, Canada, etc Vive la diversité,
S achez, Mesdames, je suis totalement Ciré !
Votre Chevalier OLIVIER "Ciré bleu au coq doré"
Avec nos félicitations pour avoir osé être le premier à faire ce" grand pas" vers la joyeuse "bande des cirés"
Le dessin s'exécute, bande
entier sous l'incroyable trait
la bande des désirs
quatre femmes regardant la pluie
sans que le soleil ne quitte leur coeur
quatre mousquetelles aux manteaux bruissants
aux couleurs luisantes de couchers, de levers
de nuages salvateurs
une bande dessinée
la bande des cirés
vêtements révélateurs
quatre jolies donzelles à l'habit plein de lueur
la surface glisse pour mieux faire l'intérieur
elles ont vécu, elles vivent
Elisanne la belle et sens qui pénètre son rêve
Michèle l'entière et sens qui fourmille d'évidence
Mariel la sage et sens qui agite son rire
Antoinette l'énième et sens qui certifie le rouge
à distance, elles se touchent
leur coeurs savent parler
leurs sens sont intacts
si hauts sous la nuque
leur préalable imperméable
permet toutes les humidités
elles sont une en plusieurs
noires et miroirs
abritées, exposées,
les filles de la bande des cirés...
Notre amie Antoinette, même retenue en Irlande ne nous a pas oubliées
elle a tenu sa promesse, en nous envoyant son droit d'entrée dans cette bande des cirés.
Hé , hé...
Notre amie Mariel s'est amusée à son tour et nous propose
sa version sur l'air du "Métèque"
Que n'ai-je eu la vie d'une star
En bottes cuir et ciré noir
Pour sillonner le monde entier ?
Que n'ai-je eu le corps de Vénus
Pour dicter mes voeux aux stratus
Faire la pluie et les marées ?
Que n'ai-je eu l'âme d'un Hugo
D'un Chénier, d'un Char, d'un Queneau
Pour aligner des mot sensés?
Que n'ai-je eu l'esprit en bataille
En double-je, qui seule m'aille
Pour des paroles insensées ?
Mais j'ai connu un' sacrée bande
De filles menant sarabande
A grand renfort de hé hé hé !
Et ce sera pour tous les jours
Des refrains gais, de beaux atours,
Pour des instants fous d'amitié...
(bis ou bises...)
à vous maintenant...
Hé hé...
Reçu au courrier ce poème de notre amie Michèle
qui s'est amusée à mettre en mots
"La bande des cirés"
Des amies très sexy
Intellos mais pas trop !
Elles sont bien rigolotes
Elles sont loin d'être sottes
La nature, la culture
Elles y plongent sans mesure
Éclectiques, énergiques,
Solidaires, fière allure !
Les messieurs, elles adorent
Doux, gentils, beaux et forts
Les invitent au péché
Sans jamais succomber
Élisanne les conduit
Chaque jour, sans bruit
Aux confins de leur âme
Et leur dit : soyez femmes !
Magnifiques divas
Adorables et sans loi
Quelle bande enjouée
Ces bottées en cirés !
Leur slogan c'est Hé hé !!
Nous avons même notre musique, "Si ré" ,
il s'agit d'un album enregistré en 1990
avec la voix de Kazuko Hohki
"Love in the rainy days" avec entre autre ce titre
"Le ciré de Madame Hu"
Le 19/10
Notre ami Olivier
Dans la bande est entré
Les amies sont ravies
Car il est très gentil
Une bande sans garçons
Après tout, c’est moins bon
Qui seront les prochains
Pour chanter ce refrain ?
L’automne est bien là, les rangements s’imposent, les placards sont en effervescence ,
les vêtements passent de l’un à l’autre.
Terminé les petites robes d’été à bretelles voilà qu’il faut ressortir les pulls.
J’aime cette saison qui permet de devenir autre tout en restant la même.
Hier, j’ai succombé au shopping dans les boutiques de ma ville et l’objet convoité dans
un rêve , je l’ai trouvé !
Oui, ce ciré noir , fantasmé, le voilà dans mon placard prêt à braver la pluie d’automne .
Cela peut sembler puéril mais j’ai éprouvé une joie immense en achetant ce manteau.
Parfois les objets deviennent plus que des objets,
ils sont une part de nous,
ils ont un pouvoir d’évoquer tant de choses souvent à notre insu.
Et puis le déclic se fait, il nous permet de retrouver des moments précieux de notre vie.
Ce manteau encore jamais porté a en lui toutes les richesses de moments heureux.
Un jour de grisaille, mais peut-être y avait-il du soleil au-dehors, mais elle ne l’a pas vu elle s’est mise à rêver de bottes.
Celles qui lui permettraient d’aller plus loin, à petits pas, parfois à pas de géant.
Comme dans les légendes de son enfance, dans sa naïveté elle aimait à imaginer un monde rempli de merveilles. Mais était-elle naïve ou aimait-elle tellement la vie ?
Celle-ci le lui rendait bien en lui faisant croiser sur son chemin, dans ses rêves les plus fous, un inconnu. Pourtant cet inconnu avait une telle présence qu’il lui semblait le reconnaître entre mille.
Elle se mit à rêver de pluie, elle qui aimait le soleil, pour pouvoir se promener
chaussée de bottes et vêtue d’un ciré noir.
Elle se souvenait de vieilles photographies jaunies par l’usure du temps où elle était habillée de la sorte. Elle aimait ces vêtements, ce qu’ils représentaient pour elle, cette avancée triomphante vers la vie de femme libre, il lui en faudra du temps pour croire à nouveau au printemps.
Aujourd’hui avec le recul elle se trouve plus jeune qu’à l’époque, plus libre dans sa tête, dans son corps, elle a l’âge qu’elle a, celui, où les rêves ont toujours cours.
Il pleut, la journée n’est pas grise, elle porte un ciré, des bottes, elle ne rêve plus,
elle vit.
Ils marchent en silence, elle accorde son pas au sien, il pleut de plus belle, au lieu d’accélérer le pas, ils ralentissent leur marche et se sourient pour la première fois.
La pluie ne change rien au désir.
Doucement, il la prend dans ses bras et dans une folle étreinte l’embrasse…
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