Autant que je m’en souvienne, j’ai toujours crit pour dire que j’aimais.
Au point de ne plus trs bien savoir si j’cris pour mieux aimer, ou si j’aime pour mieux crire.
Devant un homme qui m’attire, je me maudis parfois de pouvoir tre encore une petite fille, comme si c’tait la premire fois, la vraie premire fois, envahie d’un mlange d’effroi et de hardiesse, bte mourir.
N’est-ce pas pourtant justement cause de ce miracle qu’on aime tre saisi par le sentiment amoureux, cause de cette fragilit où il nous prcipite, renvoyant toute exprience l’oubli et l’inutilit, nous exposent au monde dans notre misre et notre nudit, avec pour seule arme de survie notre dsir ?
Ce que je suis, c’est toutes les femmes, parce que nous sommes toutes des amoureuses.
Ariane donnant le fil Thse, puis, abandonne par lui, aussitt battant la campagne avec Dionysos,
Nausicaa jouant la balle et dcouvrant Ulysse nu sur la plage, Sappho tout entire ddie l’amour et la posie, Phdre contre les lois sociales prise de son gendre, Antigone pour son frre debout face la Loi,
Mlusine femme fe serpent, et aussi la femme de
Barbe Bleue glissant la cl dans la porte interdite,
le Petit Chaperon Rouge gambadant la rencontre du loup dans la fort, et Ondine dans les rivires qui pleure son chevalier errant, Emma saoule de Rodolphe…
Je suis toutes ces femmes sauf Pnlope.
Toutes ces femmes tour tour impatientes, insaisissables insoumises, joueuses tragiques ou joyeuses, jouisseuses, fragiles mais plus fortes que fragiles, aventureuses, libres…
« Il n’y a pas de modle, il faut inventer ses amours, inventer sa vie »
Extraits du livre d’Alina Reyes
« Quand tu aimes, il faut partir »
Gallimard folio
J’eusse volontiers crit ces mots, ils trouvent cho en moi…