Le Lion de Mer
Saint-Raphal
Dans le souvenir souvent prcis jusqu’au dtail c’tait dmesur.
Vaste champ de course, cour immense, terrain d’escapade, de cachette, d’embuscade.
On n’a pas grandi l.
Jamais ne se prsenta l’occasion d’y revenir, de se mesurer peu peu au lieu.
Voil soudain qu’on y retourne adulte.
C’est un espace tout petit.
Restreint, rabougri, rtrci.
Tout est pourtant identique.
On n’a pas de perception immdiate de notre changement de taille.
On considre donc spontanment que les choses ont chang, rtrci.
Tout d’un coup ici on a l’air d’tre gant.
Le souvenir et la perception prsente ne s’ajustent pas.
Les deux sont vifs.
Les deux sont incompatibles.
On se sent en porte faux, comme si on tait de trop, entre notre mmoire qui a raison et notre prsent aussi.
Ce qui encombre, c’est l’ide d’une continuit
de nous-mme.
Pour moi, un lot qui s’appelle « Le Lion de mer » au large de Saint-Raphal, me semblait tre une « ILE », grande, mystrieuse et lointaine quand j’y allais pdalo avec mon pre, c’tait une vraie aventure,
c’tait Espranza…
Et vous ?