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Voilà six mois qu’elle vient à ce rendez-vous avec elle-même.
Elle a décidé de ne plus faire semblant d’être gaie, semblant de choisir, semblant d’être cette femme idéale, mais de choisir d’être.
Lundi 16h30
Elle pousse la lourde porte cochère et monte chez son psy au 5ème. Elle ne prend pas l’ascenseur.
Elle s’affaisse dans le fauteuil de la salle d’attente le cœur battant.
La porte s’ouvre. En lui tendant la main il lui demande si elle a peur.
J’ai le trac…
Six mois sans rater une séance.
Et puis implicitement ce rendez-vous avec elle-même est devenu un rendez-vous avec lui, elle est troublée, ils tentent de travailler sur ce rendez-vous si important. Le temps passe les chemins se creusent, et puis elle ne veut pas penser à quelque chose, elle va voir sur internet, transfert, elle se rassure, lui en parle.
Ses mots à lui se font concrets, aucune ambiguïté, elle repart légère.
Et au prochain rendez-vous, voilà que ça recommence.
Le face à face est un bain de jouvence. Elle ne veut pas penser à quelque chose.
Normal !
Elle travaille c’est tout, c’est un boulot, un cheminement.
Et puis quand un jour elle a du retard, il l’attend, il l’appelle sur son portable.
Elle est heureuse, il l’a appelée.
Trois minutes de retard, ça lui plait qu’il s’inquiète.
Il lui demande pourquoi.
Elle le lui dit, il tient bon la ramène sur de nouveaux terrains à explorer.
Une semaine devient une éternité.
Elle ne vit que pour ça.
Elle doit partir deux semaines. Il fait déjà noir dehors, c’est le mois de décembre.
Elle est heureuse de partir. Il sait qu’il ne la verra pas la semaine prochaine.
Elle lui offre un livre.
Il lui dit que normalement un psy n’accepte pas de cadeau.
Alors elle lui dit: je le garde.
Il ne veut pas freiner son élan. Il prend le livre, elle est contente.
Fin de séance.
Elle sort le chèque glissé dans son carnet de rêves, il lui dit j’aurai l’impression que le père Noël est passé.
Elle se lève, d’un pas elle franchit la ligne de l’espace qui lui est habituellement nécessaire entre elle et le vide, un petit pas de vingt centimètres, elle y ressent un bien être profond.
Comment est-ce qu’on entre dans une maison inconnue qui pourtant nous est familière, maison chaude et protectrice, la douceur de l’air, le silence des pas sur le tapis, le crépitement du bois dans la cheminée.
Elle pose le chèque et reprend naturellement ses distances.
Elle se dirige vers la porte.
Il l'ouvre.
Comme à chaque fois il lui tend la main, les mains restent serrées, retardent le moment de se séparer, un petit moment de trop, sans qu’eux-mêmes n’y puissent rien, maladresse...
Puis elle file en dévalant l’escalier.
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Cela ressemble à une histoire vécue Élisanne.. non ? où comment le fameux "transfert" opère ...Comment un rendez vous avec soi-même devient un rendez vous avec la VIE...
C'est fort joliment écrit et raconté !
Bises et bonne fin de semaine.
Rédigé par : Christine | 14/05/2016 à 02:00
Ne pas oublier que ce blog s'appelle "Double je" entre rêve et réalité, entre ombre et lumière...
parfois une photo, des mots viennent bouleverser ton ordinaire et voilà que l'inspiration surgit, alors où se situe la vérité ?
j'ai pensé fort à toi mardi, tous mes souhaits de belle vie à venir
Bises et bon week-end
Rédigé par : double je | 14/05/2016 à 02:00
Un grand MERCI ! Tes douces pensées bienveillantes m'ont forcément aidée à franchir le Cap de ce je nomme "ma bonne Espérance"....Nous devons continuer à avancer et à croire à l'inaccessible ..★..
Je t'embrasse et pense à toi..
Christine.
Rédigé par : Christine | 14/05/2016 à 02:00
... Quand les mots osent exprimer le trouble au plus profond de soi, ce qui deviendra en cheminant plus léger.... des zones d'inconfort, parfois, .... ce que l'on croit, que l'on perçoit, entre aperçoit..... par la connaissance fondamentale, la réconciliation, ...une rencontre essentielle...
Elle attend la semaine prochaine.
Elle l'attend... Lui, le Vide, et Elle.........
Elle l'attend pour chercher l'enfant qu'elle a été et celui qu'elle ne veut plus être....
Merci Elisanne de dire si bien les choses, les sentiments, les ressentis.. du plus profond de toi...
Beau week-end de la Pentecôte.
Je t'en brasse fleurie en coeur'.
Den
Rédigé par : Den | 14/05/2016 à 02:00
Il y a parfois des zones d'interférence entre les êtres.
Troubles, denses, indéfinissables.
Lumineuses aussi.
Bon week-end Elisanne.
Valérie.
Rédigé par : Valérie | 15/05/2016 à 02:00
lu ce dimanche matin sur le site d'un psychanalyste :
La psychanalyse provoque une attitude qui consiste à refuser ce qui apparaît évident "pour tous", elle met en suspension les déclarations générales et laisse la place au sujet singulier qui articule ce qu'il a à dire.
Le mode de penser propre à la psychanalyse diffère de la rationalité courante non pas parce qu'elle se revendiquerait d'une "autre rationalité" mais au contraire parce qu'elle considère avec le plus grand sérieux - à l'instar de Freud - "l'inflexibilité" de la raison elle-même pour en tirer toutes les conséquences.
En témoigne l'antagonisme, mis à jour par Lacan, entre les notions d'individu et de sujet, si l'individu est, conformément à son étymologie, indivis, c'est à dire sans division, le sujet ne peut apparaître, lui, que constitutivement divisé.
Le sujet de l'inconscient, noté par Lacan $ (S barré) n'est pas donné a priori, il se reconstruit après-coup, par les effets de discours qui auront permis d'en repérer la trace.
Le sujet, "ça" parle de lui, et c'est par là qu'il s'appréhende, raison pour laquelle s'il y a un sujet de l'inconscient, il n'y a pas d'inconscient du sujet.
Il y a celui qui parle de l'amour en savant, et celui qui en parle en amant ; le premier peut faire preuve d'une grande éloquence, mais la vérité ne se fait jour qu'à travers la division qu'elle aura rendu discernable chez le second, dans les failles même de son éloquence, altérée jusque dans son intonation. (C.D.S)
lien vers un site où j'aime me promener http://www.valas.fr/
Rédigé par : double je | 15/05/2016 à 02:00
merci Den,
beau week-end à toi et ta famille.
Je t'embrasse
Rédigé par : double je | 15/05/2016 à 02:00
bon week-end Valérie !
entre soleil timide, pluie et fraîcheur
Rédigé par : double je | 15/05/2016 à 02:00
J'aime ce texte qui décrit bien le trouble qui s'empare de soi, sans rien ni comprendre, sans trop savoir quoi en faire, sans même oser en parler.
Puis s'entendre le nommer .
Se sentir légitimer.
Se sentir rassurée.
Se sentir humain.
Gagner en force et légèreté.
Tout comme vous, les mots me sont venus sans réfléchir.
Merci Elisanne.
Bonne fin de journée.
Rédigé par : ellinda | 15/05/2016 à 02:00
merci pour cette spontanéité
bonne journée
Rédigé par : double je | 16/05/2016 à 02:00